lundi, octobre 05, 2009

Afrique immense poumon spirituel


En quoi l’Afrique est-elle réellement un immense ’poumon’ spirituel dans l’aujourd’hui du monde? Telle est la question qui mérite ton avis. Bon nombre de gens se la posent depuis le grand retentissement de l’homélie prononcée par Benoît XVI en ce dimanche 4 octobre. Il a ouvert solennellement le synode des évêques pour l'Afrique en la basilique Saint-Pierre lors d'une célébration eucharistique animée par un chœur congolais, en différentes langues africaines’. Le Pape affirmait avec force:

«Lorsque l’on parle des trésors de l’Afrique, notre pensée va immédia-tement aux ressources dont est riche le continent et qui sont mal-heureusement devenues, et continuent parfois de l’être, une source d’exploitation, de conflit et de corruption. La Parole de Dieu nous fait au contraire nous tourner vers un autre patrimoine: le patrimoine spirituel et culturel dont l’humanité a besoin encore plus que des matières premières. “En effet - dirait Jésus - quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier en le payant de sa vie?” (Mc 8,36). De ce point de vue, l’Afrique représente un immense “poumon” spirituel, pour une humanité qui semble en crise de foi et d’espérance. Mais ce “poumon” peut aussi tomber malade. Et, à l’heure actuelle, au moins deux dangereuses pathologies sont en train de l’attaquer: avant tout, une maladie déjà diffusée dans le monde occidental, à savoir le matérialisme pratique, associé à la pensée relativiste et nihiliste. Sans parler de la genèse de tels maux de l’esprit, il est toutefois indiscutable que le soi-disant “premier” monde ait parfois exporté et continue d’exporter des déchets toxiques spirituels qui contaminent les populations des autres continents, parmi lesquels justement les populations africaines. C’est en ce sens que le colonialisme, accompli sur le plan politique, n’est jamais tout à fait terminé. Mais, justement dans cette perspective, il faut signaler un second “virus” qui pourrait également toucher l’Afrique, à savoir le fondamentalisme religieux, lié à des intérêts politiques et économiques. Des groupes qui s’inspirent aux différentes appartenances religieuses sont en train de se répandre sur le continent africain; ils le font au nom de Dieu, mais selon une logique opposée à la logique divine, c’est-à-dire en enseignant et en pratiquant non pas l’amour et le respect de la liberté, mais l’intolérance et la violence». Lire toute l'homélie (ayaas)

7 commentaires:

Lola a dit…

Merci Ayaas de nous plonger une fois de plus dans un débat purement africain au moment où tous les yeux sont fixés sur les pères synodaux. Oui, plus d’un attendent le résultat de cette assemblée d’Evêques venus d’Afrique. Je ne pourrais entièrement m’aligner aux côtés de beaucoup d’africains pessimistes qui ne voient rien de bon sortir de ce forum car désespérés ou encore déçus par la réalité. Oui, il y a de quoi à faire la sourde oreille ; toutefois, ma conviction est et reste que l’Eglise puisse répondre aux attentes du peuple. Nos pasteurs sont invités à repenser l’activité pastorale parce que de nos jours l’évangélisation a besoin d’un nouvel élan. Les signes de temps nous en indiquent la direction à prendre.
Puisqu’Ayaas demande de nous prononcer sur l’affirmation du Saint Père, je dirai que l’Afrique est bel et bien un ’immense poumon spirituel’ parce que l’évangélisation y a pris racine et depuis des décennies. Le peuple de Dieu qui est en Afrique n’a cessé d’être nourri du désir de réaliser le projet de Dieu : ‘que tous soient UN’ malgré le fléau dont il est frappé et dont parle le Pape dans son éloquente homélie. Comment peut-on parler de réconciliation, de justice et de paix alors que nous faisons face au déchirement même entre les chrétiens de différentes confessions religieuses ? N’avons-nous pas aussi choisi de faire de la politique au sein de l’Eglise ? Sommes-nous assez mûrs pour aborder un thème tel que celui de la réconciliation dans une Afrique déchirée par la haine ? Grande tâche pour l’Eglise en Afrique qui devra être le ‘modèle’ car tous semblent être dans la trappe de la mondialisation. Tous nos yeux tournés vers les pères synodaux !

Raph a dit…

Je ne pense pas que ce synode résoudra les vrais problèmes qui rongent actuellement l’Afrique. Les évêques se penchent probablement sur la situation de notre continent et à la fin de leurs discussions, un livre sera publié par le pape. Ce livre ne contiendra presque pas ce que les évêques ont dit. Il portera bien sûr sur la doctrine de l’Eglise catholique. Voilà pourquoi je n’y crois pas beaucoup et je n’attends pas grand chose. Néanmoins, j’apprécie le courage de ce pape qui appelle le chat par son nom. Il a parlé de l'Afrique comme d'un "immense poumon spirituel pour une humanité en pleine crise de foi et d'espérance. Et il a appelé à la résistance en Afrique; la résistance aux nouvelles formes de colonialisme occidental. Nos églises n’en sont pas épargnées.
L’Afrique a souvent été considérée comme une poubelle de l’Europe et elle l’est effectivement non seulement pour des véhicules d’occasion ou de vieux frigidaires mais aussi pour des déchets toxiques!!! Cela se réalise avec la complicité de nos chefs d’Etats. Les évêques qui reçoivent souvent des cadeaux de leurs autorités civiles sont-ils en mesure de dénoncer le mal de ces dernières? A quoi servira donc leur discours sur la justice? Je suis de ceux qui pensent qu’il y a plus d’injustice dans nos églises que dans nos sociétés.
Aux yeux du monde l’Afrique demeure un immense poumon spirituel parce que ses peuples croient profondément en Dieu bien avant le colonialisme missionnaire et la découverte de Jésus de l’Evangile. Ce Dieu de nos consciences naturelles nous a transmis la vie et nous a appris à respecter la vie. Malheureusement, nos dirigeants assoiffés de pouvoir se laissent souvent prendre au piège des armes occidentales pour se maintenir au pouvoir au prix du sang de leurs peuples. Certes, Benoît XVI a très bien parlé, mais nos pasteurs les évêques pourront-ils se convertir? Beaucoup d’entre eux sont cause de division parmi le peuple de Dieu!

Michel a dit…

Merci pour l’invitation à la réflexion. Etant très loin de la cité du Vatican, les échos du synode que je lis attentivement me parviennent grâce au Net. Je situe cette sortie musclée du pape (des mots lourds de sens) dans le cadre des perspectives d’avenir pour l’Eglise catholique. Oui, l’Afrique est un continent d’autant plus important pour Benoît XVI que le nombre de catholiques pratiquants ne cesse de diminuer dans les pays occidentaux. Il semble que ce point de vue est partagé par les évêques africains participant à ce deuxième Synode africain. «Que les chrétiens d’Europe et d’Amérique prennent l’Afrique au sérieux et que l’Occident cesse d’exploiter notre continent sans vergogne», a ainsi plaidé Monseigneur Philip Naameh du Ghana, interrogé par un journaliste de La Croix. Il reste à connaître les propositions concrètes qui seront formulées à l’issue de cette assemblée synodale. Dois-je m’en prendre aux évêques «corrompus»? Le mal existe à tous les niveaux de nos sociétés. Par conséquent, l’engagement dans un processus de réconciliation devrait inviter tous les fils et toutes les filles de notre continent à une constante volonté de conversion personnelle. Je me sens donc concerné, comme tant d’autres Africains.

Josée a dit…

L’événement synode continue à inspirer. On peut tout dire, en bien comme en mal, l’Afrique aura eu le mérite d’être au cœur du monde chrétien pendant cette assemblée. La ferveur spirituelle de ce continent était vivement ressentie ce samedi soir 10 octobre, lors de la prière du chapelet présidée par le pape Benoît XVI avec les jeunes d'Afrique. «Étaient présents à cette rencontre les Pères synodaux et les étudiants des Universités romaines, en liaison par satellite avec les jeunes universitaires de 9 capitales africaines: Le Caire (Égypte), Nairobi (Kenya), Khartoum (Soudan), Antananarive (Madagascar), Johannesburg (Afrique du Sud), Onitsha (Nigeria), Kinshasa (République démocratique du Congo), Maputo (Mozambique), Ouagadougou (Burkina Faso)». D’aucuns diraient que c’était une mise en scène médiatique. Mais ce n’était pas loin de la réalité. C’est quand même un poumon spirituel, n’est-ce pas?

Armand a dit…

Cet extrait d’un article de Jerôme Anciberro intitulé « Rome tournée vers l’Afrique » pourrait apporter quelque lumière à ce débat. « 55 millions de catholiques vivaient en Afrique en 1978. Ils seraient actuellement plus de 160 millions. Le baromètre des vocations religieuses et sacerdotales y est au beau fixe. Ex-terre de mission par excellence, le continent noir exporte désormais ses prêtres, en Europe comme en Amérique du Nord, où ils viennent relayer un clergé vieillissant. Dans son homélie du 4 octobre pour l’ouverture du second synode pour l’Afrique, Benoît XVI a présenté le continent comme « un immense “poumon” spirituel pour une humanité qui semble en crise de foi et d’espérance. » Tout en précisant que ce poumon pouvait aussi tomber malade sous les attaques du « relativisme » et du « fondamentalisme religieux » ( i-e la concurrence de certaines Églises évangéliques ). Quoi qu’il en soit, une chose est sûre : l’Afrique est désormais un enjeu majeur pour l’Église. » Lire tout l’article sur www.temoignagechretien.fr/.

Nadine a dit…

Je pense que les évêques africains au synode ont eu le courage de toucher du doigt le mal qui ronge l’Afrique en ses multiples formes. Le mal est dans la société et dans l’Eglise elle-même, comme l’exprime si bien Stéphanie dans un de ses articles.
«Au fil de leurs interventions et, tout en reconnaissant à l'Eglise catholique une croissance et un dynamisme réels, les évêques africains, se sont montrés particulièrement sévères envers leur propre institution ; ils ont critiqué des pratiques qui, selon eux, mettent en péril la crédibilité de l'Eglise sur place. "Il faut avoir le courage de dénoncer ce qui est mal au sein de l'Eglise", a lancé Polycarp Pengo, l'archevêque tanzanien de Dar es-Salaam. Il a ainsi fustigé "l'autoritarisme, le tribalisme et l'ethnocentrisme" de certains responsables d'Eglise, engagés aux côtés de partis politiques, tandis qu'un de ses confrères déplorait "l'implication des prêtres dans la corruption". Inquiet des pratiques culturelles "occultes" de certains membres du clergé, un évêque nigérian a aussi estimé que "les libations, le culte des ancêtres, les sacrifices offerts aux idoles et aux dieux ne sont pas compatibles avec le message de l'Evangile".» (Stéphanie Le Bars, « Les évêques africains dressent un réquisitoire contre les dirigeants politiques et dénoncent les faiblesses de l'Eglise, cf. www.lemonde.fr/afrique/).

Anonyme a dit…

beaucoup appris