samedi, juin 13, 2009

Crise des vocations


L’Eglise catholique serait-elle responsable de la baisse des vocations religieuses et sacerdotales dans plusieurs régions du monde chrétien? Difficile de répondre par oui quand on sait que la vocation en tant que réponse personnelle d’un individu à l’appel divin, est un don ou mieux une grâce qui ne dépend pas de la volonté humaine.
Une dame française membre de l’équipe chargée des funérailles dans sa paroisse n’en est pas convaincue. Le manque de vocations dans la société occidentale, me disait-elle tout récemment, est dû, entre autres, au fait que l’Eglise exige un engagement définitif plutôt que temporaire dans la vie religieuse ou sacerdotale. Pour elle, il n’y a qu’une solution à la crise des vocations, ‘de mal en pis’: que l’Eglise change de stratégie, invitant les jeunes à s’engager au service du Seigneur même pour une courte période de cinq ou dix ans.
Actuellement, s’efforçait-elle de me convaincre d’un ton ferme, les jeunes ont peur de s’ouvrir à un engagement à vie par l’émission des vœux perpétuels ou par l’ordination sacerdotale. Il suffit de leur dire qu’il est possible de se donner aussi par entente à durée déterminée pour que beaucoup retrouvent le chemin de l’Eglise et répondent favorablement aux inspirations de la grâce. Qui sait si quelques-uns parmi eux ne se laisseront pas séduire définitivement par le Seigneur?
Peut-être une autre dame, sa voisine de table, avait-elle mal fait de lui suggérer la même stratégie pour le mariage! Il y a beaucoup de divorces ou ruptures du mariage, et nombreux sont des jeunes qui préfèrent ne pas s’y engager ou qui s’installent carrément dans la troisième voie, celle qui n’est ni célibat ni mariage. Certes, la diminution des vocations concerne également l’Afrique, dans l'aujourd'hui du monde. (ayaas)

23 commentaires:

Cornelius a dit…

D'accord, mais il faudra au moins six ou sept ans de préparation à la vie religieuse ou sacerdotale... pour un engagement de cinq ans!!! La question de fond est de savoir quelle vie religieuse pour quelle société. De toutes les façons, ce n'est pas la durée qui compte, c'est l'intensité avec laquelle on s'engage, aujourd'hui, jour après jour. Engageons-nous d'abord, et puis on verra pour combien de temps cela va durer. Ah oui!!!

Lola a dit…

Après un long temps de répit, Ayaas réveille les esprits. Merci pour ce sujet si intéressant et spécialement pour notre monde en turbulence. Oui, depuis plus de deux décennies, la vie religieuse et sacerdotale ou encore la vie consacrée souffre d’une crise sans précédent. Plus d’une personne se posent la question de savoir les vraies causes ou les racines de ladite crise. En lisant cette pertinente réflexion faite par cette dame française, je me fais beaucoup de questionnements si l’alternative proposée est réellement celle indiquée pour pallier à ce manque. Si la vocation, comme le dit Ayaas, est vraiment une réponse personnelle, réfléchie d’un individu à l’appel divin, je ne crois pas qu’il faille y répondre en créant ou avançant des alternatives ou encore en fixant une quelconque durée.
A mon avis, cette crise dans la vie consacrée est plutôt due au fait que beaucoup de ceux et celles qui tentent de répondre à cet appel, viennent en tâtonnant, n’ayant pas approfondi la portée d’un tel engagement voire de ses implications dans leur vie. Je ne suis pas convaincue qu’en fixant une période déterminée, on pourrait résoudre le problème. Qu’en sera-t-il alors si, après l’interruption, quelqu’un demandait de réintégrer alors qu’il (elle) est père ou mère de famille? L’Eglise ne porterait-elle pas une responsabilité dans ce cas? Il est vrai que la vie consacrée devra trouver une forme qui la convient dans ce millénaire, mais je trouve qu’il y a encore à faire dans ce sens.
L’Afrique n’en est pas épargnée car l’appel divin est adressé à tout un individu; il faudra plutôt purifier ses motivations avant de faire un choix responsable.

Elda a dit…

Jésus dit: «viens et suis-moi» et il ajoute: «si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive» (Mc 8, 34). Toute réflexion sur la vie religieuse ou sacerdotale doit se référer d’abord au Christ afin que notre propos soit juste et honnête. L’invitation de Jésus est formulée en termes très clairs, exprimant de manière explicite la dimension de la foi, de la souffrance, de la liberté… C’est pourquoi l’engagement sur cette voie implique une bonne dose de lucidité, de personnalité et de maturité. Si l’Eglise devrait faire des concessions en cette matière parce qu’il s’agit de la génération d’aujourd’hui, alors on pourrait lui demander d’ouvrir la porte sur beaucoup de grandes questions qui gênent le monde (mariage des homosexuelles, problème du clonage humain, des UVG, l’usage de contraceptifs et préservatifs…). Je ne dis pas que l’Eglise doit vivre comme un vase clos, indifférente aux grandes mutations du monde et de la société, mais elle est tenue, tout en gardant une certaine ouverture, à défendre et à sauvegarder sa vraie tradition.
Aujourd’hui, la grande tentation qui guette notre monde et notre société est celle de pouvoir céder au laisser-aller, rejetant le sens du sacrifice, d’endurance, de rigueur. Dire que la crise des vocations à la vie religieuse et au sacerdoce serait liée au fait qu’il faut durer dans cet engagement, me semblent être une réflexion limitée. Certes, cela pourrait être une des raisons, mais je pense que ce problème est une situation complexe qui nécessite une étude en profondeur (au niveau de l’Eglise et de la société) avant de pouvoir se prononcer de manière explicite.
Un petit fait concret, je vis dans une région du monde où la structure familiale est difficile: dans plusieurs cas, on trouve par exemple 7 enfants de la même mère, mais chacun a son père. Et dans cette partie du monde africain, les vocations à la vie religieuse et au sacerdoce sont très rares. Dans pareil cas, faudrait-il commencer par poser la question de vocations ou celle de pastorale familiale? Je suis convaincue qu’aucune génération n’est exclue de travailler à l’avènement du Royaume de Dieu. La Parabole du semeur et celle de l’ivraie doivent nous aider à comprendre que la solution à la crise des vocations n’est pas à chercher dans les permissions à accorder, dans les dérogations à obtenir et dans le consensus. L’Evangile est une exigence radicale: c’est tout ou rien; c’est à prendre ou à laisser! Nous qui avons choisi de vivre cet engagement, expérimentons au quotidien que c’est un chemin difficile, mais possible avec la grâce de Celui qui nous appelle à sa suite. Si l’Eglise commençait à négocier ce qui n’est pas négociable, elle perdrait sa crédibilité.

Billy a dit…

Salut à tous! Merci Ayaas pour ce nouveau thème. Pour ma part, j'estime que l'angle sous lequel Ayaas nous propose de réfléchir sur la crise de vocation est assez intéressant. Il touche un point qui caractérise notre société postmoderne: la culture de l'éphémère. Que la dame propose comme solution que l'Eglise introduise des engagements temporaires me montre qu'elle a bien compris que notre société a horreur de ce qui dure. Il n'y a qu'à regarder comment sont fabriqués les différents produits que nous utilisons et consommons (appareil électronique, tous les gadgets, voire les habits qui sont fabriqués par saison!...) pour se rendre compte que c'est le règne de l'usage unique. Cela se voit aussi dans les contrats de travail et même dans le mariage (civil) où il existe des contrats à durée limitée. Cette allergie à tout ce qui dure continue à s'étendre dans nos vies.
Et c'est tout à fait normal que l'engagement religieux et le sacerdoce qui s'inscrivent dans la durée soient attaqués par cette société. De là à demander à l'Eglise de s'ajuster à ce mode d'être, c'est de demander à l'Eglise de suivre le courant, d'entrer dans la danse, d'être "fashion". Or nous savons tous que l'une des choses qui fait la force (faiblesse?) de l'Eglise c'est de rester fidèle à une certaine tradition et changer ce qui est à changer à son propre rythme.
Pour ma part donc, ce n'est pas l'Eglise qui doit s'ajuster à une faiblesse de la société (du moins en cette matière) mais c'est la société qui doit se refonder toujours vers des idéaux élevés. La question que je me pose est de savoir: nous constatons tous que la vie religieuse doit se reformer pour répondre aux besoins de notre société. Mais dans quelle direction faut-il le faire? S'il faut le faire dans le genre de ce que la dame propose, là j'hésiterai sérieusement.

Gaby a dit…

Prêtre, j’ai envie d’intervenir dans ce débat qui me concerne, mais je suis très mal à l’aise à cause de son intitulé. Je travaille dans un contexte social défavorable mais je n’ose pas parler en termes de «crise des vocations». Tout simplement, parce qu’une vocation (du latin vocare) est avant tout un appel, comme l’ont souligné quelques intervenants. «Parler de crise des vocations signifierait que Dieu n’appelle plus, ce qui serait une ineptie», une idiotie, une sottise, une stupidité! Car la parole de Dieu ne cesse jamais d’être créatrice; elle est toujours agissante et le Seigneur à l’œuvre. En revanche, je constate qu’il y a bien une crise de la réponse à cet appel. La dame dont parle Ayaas n’inviterait-elle pas l’Eglise à une nouvelle ecclésiologie qui permettrait aux jeunes d’ «avoir les bons écouteurs»? Sans être médecin je sais que soigner, même très énergiquement, les effets d'une maladie n'en supprime pas généralement la cause. L’Eglise a beau durcir la discipline en son sein sans inciter les jeunes, surtout ceux de la société sécularisée, à redynamiser leur vocation baptismale. Comment les aider à écouter les interpellations du Seigneur? C’est à cette question que nous devrions plutôt répondre.

Germaine a dit…

Merci pour cet espace de réflexion. Dans un premier temps, je pense que chacun, chacune de nous (engagés au service du Seigneur par vocation) devrait commencer par se poser cette question d’une façon personnelle: quelle est la qualité de mon propre témoignage de vie? Ma vie de religieux, religieuse, prêtre attire-t-elle les jeunes d’aujourd’hui? La plupart d’entre nous ont été attirés par l’une ou l’autre situation ou par le témoignage d’un homme, d’une femme de l’église car Dieu met toujours des gens sur nos chemins pour nous guider vers lui. Rappelons-nous aussi que cet appel est un don de Dieu et que tout le monde ne le reçoit pas à la manière de Samuel. Les jeunes ont besoin du bon témoignage des aînés. Si aujourd’hui nous sommes en crise comme l’église, nous devons nous examiner profondément parce que c’est nous qui formons l’église.
Dans un deuxième temps, je pense que cette situation n’est pas un fait de hasard. Dieu sait ce qu’il fait et où il conduit son église. Nous vivons dans une société pleine d’antivaleurs où l’AVOIR dépasse l’ÊTRE. Comment inculquer aux jeunes aujourd’hui que l’homme ne vaut pas ce qu’il a mais ce qu’il est au moment où la société leur présente tout à fait le contraire? On dirait que les valeurs enseignées par nos parents ont complètement disparu. Donc, ce n’est pas seulement l’église qui est en crise, c’est toute une société voire le monde en général.
Certes, prendre le risque d’analyser et de comprendre cette situation selon notre petite mentalité d’homme ne nous donnera aucun résultat. Demandons à Dieu Lui-même, le Maître de la moisson, de se révéler au milieu de cette crise, et de nous faire capter son message, car la crise elle-même parle seule.

Lola a dit…

J’espère que ce sujet nous aidera à apporter une contribution à la sanctification de l’Eglise à laquelle nous appartenons tous. J’ose également croire que les concernés collaborent davantage à cet espace de réflexion. Les internautes précédents m’aident en quelque sorte à nourrir en moi, bien que partiellement, cette conviction que ce n’est pas l’Eglise qui chercherait à résoudre ce manque. Je dis partiellement car l’un ou l’autre souligne le rôle ou encore la culpabilité de l’Eglise dans tout cela.
Je dirais à Gaby de ne pas se sentir mal à l’aise par rapport à l’intitulé car dans ce sujet, il s’agit bel et bien de la vie religieuse et sacerdotale même si l’amie de la dame qui provoque ce débat proposait la même stratégie pour le mariage. Admettons tout de même que la vie consacrée dans l’aujourd’hui de notre monde est vraiment en crise. Dieu continue certainement à appeler des ouvriers pour sa moisson, mais faudra-t-il encore bien écouter en prenant en compte le prix et les implications d’un tel choix afin d’y répondre en toute conscience. J’aime l’expression utilisée par Elda: ‘l’Evangile est une exigence radicale – tout ou rien’. Avons-nous accepté de suivre Jésus? Assumons le choix et le ’oui’ prononcé librement. Bien sûr que l’Eglise peut nous aider dans le vécu de cet engagement, toutefois, je reste convaincue que chacun devra, à son niveau, fournir un petit effort au lieu de pointer les autres. Ne sommes-nous pas aussi cette Eglise que nous visons? Pour ma part, je commencerais par me poser des questions telles que celles posées par Germaine sur le témoignage de vie. Oui, admettons que les jeunes n’ont plus de modèles, quoique nous disions que la vocation est une réponse personnelle à l’appel de Dieu.

Richard a dit…

Supposons que je ne donne pas un bon témoignage de vie. Dans quelle mesure mon comportement conditionnerait-il la réponse d’un jeune garçon au Seigneur? Nous savons pourtant qu’il n’y a qu’un seul modèle: le Christ! Pensez-vous que Dieu refuserait d’appeler quelqu’un au sacerdoce à cause de son curé qui laisse à désirer? A mon humble avis, l’Eglise hiérarchique, organe de décisions a une lourde responsabilité en ce manque de vocations dont nous parlons. C’est facile de dire que l’Evangile est une exigence et que l’Eglise c’est chacun de nous, mais ce n’est pas chacun de nous qui définit les orientations de l’Eglise sur le recrutement des vocations. Il me plaît de noter que Jésus savait s’adapter aux situations concrètes de ses contemporains! Qui pouvait imaginer qu’il se fasse inviter chez Zachée ou qu’il se laisse toucher par une pécheresse? L’Eglise doit inventer une nouvelle approche de la jeunesse qui prenne en considération sa vitalité si elle ne veut plus compter que des baptisés en son sein.

Clémence a dit…

J’admire la dame qui a proposé d’appliquer la même stratégie au mariage. C’est une forte opposition à l’idée de sa voisine qui semble ignorer que la vie consacrée ou la prêtrise est, tout comme le mariage, un choix de vie qui exige un engagement solide. L’auteur de cet article pourrait me corriger si j’interprétais mal sa pensée. Le fait est là, beaucoup d’Instituts religieux tendent à l’extinction faute de personnel. Je l’avoue, la congrégation à laquelle j’appartiens est dans son processus d’affaiblissement total jusqu’à la disparition. Nous en parlons dans toutes nos réunions mais hélas! Il n’est à la portée de quiconque de résoudre ce problème. C’est la loi de la nature, je n’en suis pour rien et je ne crois pas que l’intégration temporaire de trois ou cinq filles améliorerait notre destin. Chaque jour je me dis c'en est fait de nous! Qu’allons-nous devenir? Et je ne demande qu’une chose au Seigneur: la grâce d’être réaliste, sans m’en prendre à quiconque serait coupable de la situation. Par ailleurs, je partage l’avis des voix qui disent que la diminution des vocations (je préfère diminution à crise) est un signe des temps! J’en suis consciente, la vitalité manifestée actuellement par l’engagement des laïcs dans plusieurs diocèses du monde entier est une preuve d’émergence d’une coresponsabilité baptismale. Je suis témoin de ce que j’affirme. Il reste néanmoins à définir la limite des responsabilités dans l’Eglise, prêtres ou laïcs, tous pour la même mission: le Règne de Dieu. Voilà qui est beau.

Lucien a dit…

Le constat mentionné par Billy retient mon attention. «Nous constatons tous que la vie religieuse doit se reformer pour répondre aux besoins de notre société», affirme-t-il dans son commentaire. Je me demande si ce n’est pas une façon voilée d’avouer l’inutilité du charisme religieux dans la société à laquelle il fait allusion! Si cela est vrai, il est normal qu’il y ait manque de vocations, car le charisme a perdu son attraction. A-t-elle encore sa raison d’être? Puisque les religieux ont le devoir d’être fidèles au charisme de leur fondation, reformer dans ce contexte pourrait-il échapper au risque de déviation? Il serait plutôt mieux de parler d’adaptation et c’est d’ailleurs ce qu’essaie de faire chaque congrégation en organisant des chapitres généraux. Il est cependant curieux de constater que les nouvelles formes de vie consacrée qui sont visibles dans l’Eglise attirent plus facilement des jeunes que les anciennes! Et pourquoi? Je pense qu’elles répondent mieux aux besoins de la société actuelle. Comme l’observe Clémence, il faut avoir le courage de regarder la vérité en face et accepter de s’éteindre. Je doute qu’une réforme de la vie religieuse résolve le vrai problème de Clémence.

Denyse a dit…

Question d'actualité que celle des vocations en crise dans notre Église! Notre Église serait-elle responsable? Impossible de répondre sans difficulté car tant de facteurs entrent en cause. Je pense ici en tout premier lieu à la façon dont Jésus Christ a été présenté au cours des siècles, de la manière de le suivre que nous a enseignée une pastorale jadis à base de culpabilité, des scandales à l'intérieur même de l'Église. D'un autre côté n'oublions pas la mentalité dite moderne où le "je-me-moi" est à l'honneur. Où se situent le ou les coupables? Forcément autant dans l'Église que parmi nous les simples laïcs. Ne sommes-nous pas tous humains, donc faillibles ? Je pense qu'il n'est nullement nécessaire de jeter la pierre à quelqu'un en particulier. Plutôt interroger les événements présents, faire nous-mêmes un authentique examen de conscience et surtout redécouvrir le Jésus des Évangiles dans toute sa dimension à la fois divine, humaine et toujours miséricordieuse.
Des engagements limités dans le temps pour les prêtres? Peut-être. Pas sûr! Peut-on s'engager temporairement à répondre à un véritable appel du Christ, à célébrer l'Eucharistie, à être témoin privilégié au service du Peuple de Dieu dont le prêtre fait lui aussi partie? (suite)

Denyse a dit…

(Suite) Des prêtres mariés? Peut-être encore. D'après moi, réalisable. J'ai vécu 51 ans de mariage. Un demi-siècle au cours duquel bien des choses ont dû être discutées entre mon mari et moi, remises en question, réajustées mais envisagées dans une optique d'amour mutuel qui nous a permis de traverser bien des moments difficiles. Dans l'éventualité de mariage pour les prêtres, le temps de "fiançailles" pour les futurs aspirants à la prêtrise aurait une importance capitale pour la solidité de la vocation conjointe. Une précision. J'e parle de "futurs aspirants", de "vocation conjointe", car un tel état de vie exigerait, toujours d'après moi, une vocation de la part des deux personnes, une préparation aux joies du ministère bien entendu mais aussi une assise solide pour faire face aux problèmes qui ne manqueraient pas de jalonner la route.
Voici une esquisse de réponse à une question grande comme le monde. Une question de Vie en fait.

Lola a dit…

Il est vrai que les jeunes qui postulent à la vie religieuse et sacerdotale sont parfois découragés voire scandalisés par les maux qui minent notre société, l’Eglise comprise. Mais je me demande si la crise de vocations en serait la conséquence. Les Pères Fondateurs n’ont-ils pas eux aussi buté à des obstacles dans leur cheminement ? Ils ont pourtant persévéré. Serait-il parce que leurs motivations ont été pures ou encore qu’ils fussent conséquents avec ce à quoi ils s’engageaient ? Que des questions qui nécessiteraient des réponses. Ce sujet me fait penser à un autre traité auparavant « pourquoi se perdent-ils ». Je crois bien que beaucoup de facteurs entrent en jeu dans cette crise de vocations que nous ne cessons de décrier depuis maintenant deux décennies. Je peux admettre que la formation reçue dans les séminaires ou dans les noviciats soit des atouts qui aideraient à nourrir sa vocation ou à la fructifier; je dirais également qu’une vraie purification de la motivation reste un élément important dans la recherche des éléments de réponse concernant cette épineuse question. On doit être conséquent avec ce à quoi on s’engage, que ce soit dans la vie consacrée tout comme dans le mariage. Pas toujours facile vu notre condition humaine. Toutefois l’expérience partagée de 51 ans de mariage dans les joies et les peines en est, à mon avis, un exemple de fidélité dans l’engagement pris ensemble et en toute conscience.

Patrick a dit…

J’ai l’impression que Richard minimise l’ampleur des dégâts causés par le contre témoignage des prêtres dans l’Eglise catholique. Beaucoup de chrétiens ont refusé d’aller à l’église à cause de la méconduite de leur curé ou d’autres agents pastoraux. Je dirais que dans certains milieux la foi s’éteint de plus en plus! Que faire alors du principe pédagogique qui veut que le maître soit un modèle pour son élève? Certes, c’est Dieu qui appelle librement qui Il veut, mais n’oublions pas que la réponse de l’appelé se réalise dans un milieu précis. Ce milieu est-il favorable ou hostile à la relation à Dieu? Si le problème de vocations ne dépendait que de Celui qui invite à sa suite, je ne vois pas pourquoi Benoît XVI insiste sur le témoignage de vie dans la lettre qu’il vient d’adresser aux prêtres au début de cette année sacerdotale. Tout en reconnaissant le scandale il met en évidence le don précieux qu’est le sacerdoce. «Ce qui, dans de tels cas peut être surtout profitable pour l'Église, ce n'est pas tant la pointilleuse révélation des faiblesses de ses ministres, mais plutôt une conscience renouvelée et joyeuse de la grandeur du don de Dieu, concrétisé dans les figures splendides de pasteurs généreux, de religieux brûlant d'amour pour Dieu et pour les âmes, de directeurs spirituels éclairés et patients».

Claude a dit…

Ces réflexions pourraient peut-être éclairer, compléter votre débat...!!! T. Radcliffe ose parler de "s'engager jusqu'à la mort" (Extrait de "Que votre joie soit parfaite", Cerf, P 107 à 117)… J’ai conscience que ceci est vraiment trop long, mais le sujet me parlait beaucoup…
"Dans notre société, l'acte de faire des vœux n'est guère crédible. Un mariage sur trois se termine par un divorce, les prêtres et religieux(ses) renoncent en masse à leurs engagements. Dès le tout début de l'Eglise, avant même qu'elle ne naisse, Pierre fait à Jésus, une promesse déraisonnable: "Je donnerai ma vie pour toi" et quelques heures plus tard, il l'a déjà rompue. Mais Dieu lui ouvre alors une voie au-delà de l'échec. Pierre se chauffe devant un feu de braises dans la cour du palais du grand prêtre et à trois reprises renie Jésus; devant un autre feu de braises, au bord de la mer. Pierre répare son échec et confesse qu'il aime Jésus. Jésus reprend la promesse irréfléchie de la dernière Cène et il y engage Pierre: "Paix mes brebis".
Je voudrais à présent, suggérer pourquoi, même dans une société qui a tendance à ne pas prendre les vœux au sérieux, ils sont essentiels à la dignité humaine et pourquoi nous devons oser nous lier ainsi.
La première raison pour laquelle nous devons prononcer des vœux c'est que Dieu en fait. L'histoire de notre salut est celle où Dieu fait alliance avec l'homme, révèle qui IL EST. Et en Jésus, toutes les promesses de Dieu sont accomplies. Un des premiers motifs de confiance pour faire des vœux, tient en ce que nous sommes les enfants de Dieu et cet acte participe de notre dignité. En cherchant à ébranler les vœux que nous prononçons, la société cherche à détruire notre dignité et révèle qu'elle ne croit pas que les engagements touchent si profondément notre identité. On peut avoir du mal de promettre l'avenir, nous pouvons tout promettre, sauf le temps, tout notre temps. Pourquoi est-ce si difficile de prendre ce genre d'engagement? En partie, parce que, à la différence de nos ancêtres, nous sentons en vieillissant, que nous ne sommes plus les mêmes. Comment puis-je engager quelqu'un qui n'est pas encore, qui n'existe pas encore, c'est à dire la personne que je serai? Le sens des vœux tient à la certitude que la même personne continue à exister. Celui que je suis ne se découvre pas à un moment précis, mais à travers toute l'histoire de sa vie (suite).

Claude a dit…

(Suite) Pour la génération actuelle, les promesses célèbrent la profondeur d'un engagement plutôt que son extension dans le temps. Le sens que nous avons de notre identité, sa signification, se reflète dans le moment présent, avec ses plaisirs et ses crises. Lorsque nos vies semblent manquer de sens, passent par une crise, la situation semble insurmontable, car le moment présent est le seul dont je dispose! Pour la génération actuelle, une telle crise est sans solution. Ce n'est que lorsque nous nous trouvons dans une histoire plus longue que nos vœux peuvent avoir une signification, que nous pouvons affronter nos échecs et nous trouver emportés plus loin: de la naissance à la mort, de la création jusqu'au Royaume. Nous rappelons cette histoire plus longue à travers l'actualisation de l'année liturgique, qui nous porte au-delà du jardin de Gethsémani et de Pâques, jusqu'à un autre feu de braise.
Le Dieu qui fait des promesses est le Dieu qui donne sa parole. Il s'agit simplement de ceci: est-ce que nos paroles ont de l'importance? Est-ce que nos paroles ont du poids? Les vœux façonnent nos existences, ils leur donnent une cohérence et font d'elles une ligne continue plutôt qu'une succession de moments. Ces vœux sont tous faits face à la mort du Christ... Aujourd'hui la société et nous-mêmes, voulons fuir le fait que nous allons mourir...!"
Lorsque l'Eglise confirme, reçoit nos vœux, elle entre dans le projet de Dieu sur l'Homme. En est-il ainsi de nos sociétés ..?

Rachel a dit…

Crise des vocations! Ayaas, penses-tu vraiment que c'est une crise ou c'est le changement du siècle??? Quels défis relèverais-tu pour le continent africain? L'Esprit de Dieu est toujours à l'œuvre et les jeunes nous interrogent sur l'authenticité de notre "oui" au Seigneur. Qui dit manque de fidélité, dit manque d'amour. Si cela est exact, que faire? Un grand vent souffle, les feuilles jaunes tomberont, il ne restera que les feuilles vertes attachées à l'arbre. Chacun ou chacune doit savoir se situer. On dit que les jeunes d’aujourd’hui sont trop influencés par les tendances négatives de la société notamment le relativisme. Il ne faut pas tout miser sur le net, mobile phone, computer; les aînés sont pires. Qu'en dis-tu?

Michel a dit…

On dit souvent qu’il y a beaucoup de vocations dans certains coins du monde, comme l’Afrique. C’est vraiment une grâce par rapport à ceux qui n’en ont pas. Mais quel est le degré de persévérance en Afrique? Ce serait important d’en être informé. Je préfère utiliser les ressources de notre congrégation pour un seul candidat solide que pour dix types douteux.

Andy a dit…

D’après les Orientations de la Congrégation pour l’éducation catholique (juin 2008), «ceux qui aujourd'hui demandent d'entrer dans un Séminaire (maison de formation) reflètent, de manière plus ou moins aiguë, le malaise d'une mentalité actuelle caractérisée par le consumérisme, l'instabilité dans les relations familiales et sociales, le relativisme moral, les visions erronées de la sexualité, la précarité des choix, un travail systématique de négation des valeurs, surtout de la part des mass media». Ce malaise profond est réellement ce qui empêche les jeunes de s’ouvrir à un engagement à vie. Mais que peut faire l’Eglise contre ce mal qui ronge nos sociétés? Il faut bien lutter contre le défaitisme.

Paulin a dit…

Ceci n’est qu’une humble suggestion. En cette année sacerdotale, les prêtres devraient s’engager davantage à soigner leur image auprès des jeunes surtout ceux ou le peu qu’ils rencontrent dans leurs paroisses. S’adressant aux jeunes le 5 février 2007, Benoît XVI leur disait: «Osez l'amour en suivant l'exemple des Saints... Apprenez à mieux les connaître, confiez vous à leur intercession, cherchez à vivre avec eux». Les prêtres ont-ils encore le temps d’animer les jeunes sur la vie des saints?

ayaas a dit…

Quels défis pour le continent africain? demande Rachel. Il y en a plusieurs. Le plus grand est celui-ci: la fidélité au Christ, l’unique nécessaire et la source de persévérance. En effet, seul l’amour peut justifier la vocation religieuse ou sacerdotale. L’amour, toujours l’amour et encore l’amour, telle est la grande attente du monde et de l’Eglise à laquelle les personnes consacrées doivent répondre efficacement. «Les jeunes ne se laissent pas tromper: venant à vous, ils veulent voir ce qu'ils ne voient pas ailleurs. Vous avez une responsabilité immense pour demain. L’amour passionné pour Jésus Christ attire puissamment les autres jeunes que, dans sa bonté, Il appelle à le suivre de près et pour toujours» (Vita Consecrata, 109) . Avons-nous suffisamment pris conscience de la gravité de cette interpellation de Jean-Paul II?

Gruber a dit…

Feu Mgr Lustiger, cardinal archevêque de Paris a dit: "Il n'y a pas de crise de vocations sacerdotales et religieuses mais une crise de la foi". En tant que baptisés nous sommes tous invités à être des appelants, des éveilleurs de vocations, cela n'est pas seulement réservé aux spécialistes que sont les prêtres, religieux et religieuses. Alors osons-nous dire à un jeune homme, à une jeune fille: "N'as-tu encore jamais réfléchi à une vie sacerdotale ou religieuse? Peut-être le Seigneur t'appelle?"

Gruber a dit…

Le dimanche des vocations, chaque année le 4e de Pâques, nous rappelle que, depuis des siècles, des hommes et des femmes ont choisi de vivre autrement. Ils ont répondu à un appel. Ils ont tenté d’acquérir cette sensibilité nouvelle à une voix qui s’adresse à eux personnellement. Leur liberté est là. Ce n’est pas la seule, il y a aussi la liberté de ceux qui les reçoivent, pour les accompagner. La responsabilité est donc partagée mais, de part et d’autre, elle est d’abord une écoute, une surprise, une joie inouïe qui est donnée. Personne n’est propriétaire de cette vocation-là. Personne ne peut avoir prise sur elle. Elle est libre. Elle est pauvre. Et c’est dans cette liberté et cette pauvreté que se vit la fidélité : la nôtre, la fidélité de l’entourage et heureusement la fidélité de Dieu!
Il est à remarquer que la culture des vocations est la responsabilité de tous les membres de l'Église et non seulement de ceux et celles qui exercent une responsabilité immédiate dans ce domaine. Beaucoup de baptisés ont l'habitude de compter sur les autres pour qu'il y ait des vocations et ne se sentent pas du tout responsables en ce domaine. Bien sûr que certaines personnes, par leur mandat, ont des responsabilités immédiates sur la croissance des vocations mais nous sommes appelés à changer nos comportements en cette matière. En tant que baptisés conscients de l’importance du sacerdoce ministériel pour la vie de l’Eglise, il nous appartient d’être des appelants et des éveilleurs de vocations. Appelés à être les Apôtres de ce début du XXIème siècle dont le monde si bouleversé a tant besoin soyons plus que jamais « Audacieux pour l’Evangile » particulièrement durant cette année sacerdotale inaugurée le jour de la fête du Sacré Cœur de Jésus le 19 juin 2009, par le Pape Benoît XVI.