mardi, février 13, 2007

Croyance ancestrale

(Article par Lydia - Photo Malenge)
Une jeune femme de mon peuple se rendait un jour à son village d’origine pour faire connaissance avec certains membres de sa famille qu’elle n’avait jamais vus ni connus. Née à Brazzaville, elle n’avait jamais été au village. Elle demanda au chauffeur de la faire descendre au village appelé Miyamba. Ce fut un long voyage en autobus. Vers minuit, dans l’obscurité du village, elle eut peur parce qu’elle ne trouva personne pour lui indiquer la direction à suivre. Pensant à sa famille, elle eut tout à coup l’intuition d’invoquer l'aide d'un de ses grands-parents décédés quand elle était enfant.

Soudain elle entendit un bruit. C’était les pas de quelqu’un qui venait vers elle. Sa peur augmenta de plus en plus. Arrivé proche d’elle, l’homme lui demanda: que fais-tu là à cette heure de la nuit? Elle répondit: je voudrais me rendre chez mon oncle Jean. Il répliqua: Jean de la famille Sambou? Oui, répondit la femme. L’homme lui dit: allons-y, c’est là où je vais. Arrivés à la maison de l’oncle Jean, l’homme dit à la femme: c’est ici, va frapper à la porte. Pendant qu’elle frappait, l’inconnue disparut! Son oncle s’étonna de voir sa nièce seule à pareilles heures, elle qui n’avait jamais mis les pieds au village. Puis il lui demanda: qui t’a indiqué ma maison? Elle répondit: j’ai invoqué le grand-père Malonga, et il est venu m’accompagner. Elle ajouta: oncle, maintenant je crois que nos ancêtres ne sont pas morts. Ils sont vivants parmi nous et ils veillent sur nous.

Par ce récit, je voudrais tenter de réfléchir sur «l’Africain face à la croyance ancestrale». D’une manière générale, l’Africaine ou l’Africain ne nie pas la croyance aux ancêtres. Personnellement, j’y crois parce que mes parents m’ont transmis cette culture et cette tradition dès le bas âge. En me racontant des histoires fascinantes concernant mes grands-parents, ils m’ont appris que les ancêtres sont bons, ils ont bien vécu sur la terre, ils sont parmi nous et ils protègent notre famille. Dès lors, je les invoque quand je me trouve devant une difficulté quelconque. Et dans la plupart des cas, la situation s’améliore.

Il ne s’agit pas d’une fiction mais plutôt d’une croyance enracinée au-dedans de moi-même. J’entends par ancêtre, l’homme défunt ou la femme défunte qui, par sa vie, son travail, ses conseils, a édifié de façon inoubliable sa famille. Monseigneur Watio le dit mieux: «Les ancêtres vivent dans le grand et beau village, dans la joie, la paix et le bonheur». Ce village, poursuit-il, «est fermé à ceux qui n’ont pas participé au développement du village terrestre par un égoïsme manifeste, par des actes néfastes à la vie en société». Ainsi, le témoignage de vie de nos ancêtres m’interpelle. Il m’invite à bien vivre sur cette terre pour qu’un jour je sois à mon tour une bonne ancêtre. Ce n’est pas n’importe qui peut être ancêtre, mais celui ou celle qui a une vie exemplaire, qui pose des bons actes pour le bien de tous.

Le défi pour nous aujourd’hui, c’est de bien vivre dans ce monde qui passe. Cela ne s’oppose nullement à la doctrine chrétienne. En effet, les ancêtres avaient un cœur aimant. Ils ont aimé la terre qu’ils avaient reçue de Dieu Créateur; ils ont aimé les traditions, les us et coutumes, la culture africaine; ils ont aimé leurs familles jusqu’à les protéger contre les forces du mal. Ma conviction est que la croyance aux ancêtres aide les Africains à être en communion vitale avec ceux et celles qui se trouvent près de Dieu.

Toutefois, je me pose plusieurs questions. Est-il raisonnable de croire à l’existence des ancêtres? Ont-ils réellement un pouvoir sur nous? Y’a-t-il des Africains qui n’y croient pas? Et pourquoi? Merci d’avance pour vos réactions qui aideront à élucider cette croyance africaine. =(Lydia)=

50 commentaires:

Anonyme a dit…

La Saint Valentin serait la belle occasion de poster mon commentaire sur l'amitié mais hélas! Un petit tour sur ayaas me fait découvrir ce nouvel article soumis par Lydia. Je m'empresse de dire à Lydia que son partage me fait penser aux multiples histoires que raconte souvent la Radio Arica N°1 et que j'écoute avec une certaine frayeur. La vraie question n'est pas de croire ou pas à l'existence des ancêtres mais de savoir s'ils peuvent intervenir efficacement dans ma vie pour changer ma situation actuelle. S'ils en avaient réellement le pouvoir, ils libéreraient l'Afrique de la pauvreté matérielle. Pourquoi ne songent-ils pas à améliorer la condition de vie terrestre de leurs familles en inspirant des voies du progrès socioéconomique? J'aurais voulu que tu donnes un exemple concret de leur intervention dans ta propre vie. Ma crainte est de s'arrêter sans cesse aux consolations d'ordre psychologique.

ayaas a dit…

Lydia, j'espère que tu auras le temps d'expliciter ta pensée en répondant aux questions qui méritent ton attention. Voici en résumé la réaction d'un visiteur qui vient de me contacter et qui espère voir l'approfondissement de ce thème à ce moment où, en Afrique, certaines sectes religieuses diabolisent la croyance ancestrale.
--/ J'admire ta façon de présenter ce sujet, en dépit de ton manque d'expérience personnelle. Tu en parles avec conviction en te fiant à ce qui t'a été inculqué par tes parents. La croyance ancestrale ne serait-elle pas incompatible avec la religion chrétienne qui enseigne la résurrection des morts au dernier jour? Que dire de ces ancêtres qui auraient la puissance de se manifester physiquement malgré l'anéantissement de leur corps? Je me souviens d'une veuve qui, il y a quelques jours, me demandait ce qu'elle peut faire pour empêcher son défunt mari de revenir souvent lui rendre visite pendant la nuit! Ne devrait-elle pas s'en réjouir?/--

Anonyme a dit…

Sabou, je te remercie d’avoir voulu nous partager ta pensée. Cela m’aidera à approfondir de plus en plus cette réflexion. Dans ton intervention, tu veux savoir pourquoi les ancêtres ne libèrent-ils pas l’Afrique de la pauvreté matérielle; pourquoi n’améliorent-ils pas la condition de vie terrestre en inspirant des voies du progrès socioéconomiques. Et tu crains que l’on s’arrête aux consolations d’ordre psychologiques.
La première chose à retenir est que la croyance ancestrale n’est pas une croyance magique. Les ancêtres ne vont pas magiquement transformer nos situations de misère, de détresse que connaît notre Afrique. Ils ont pour rôle de nous inspirer des bonnes initiatives, des valeurs constructives pour que nous construisions notre Afrique. C’est à nous de chercher des voies et moyens pour mieux bâtir notre Afrique.
Deuxièmement, les ancêtres sont des repères. Ils nous ont montré comment vivre en société: c’est en l’aimant, en la construisant et non en la détruisant. Mais en travaillant pour le bien de tous et de chacun. Cependant, comment traitons-nous notre société africaine? Nous l’aimons vraiment? Sommes-nous fidèles aux enseignements de nos ancêtres? Qui est responsable de ce désastre, les ancêtres ou l’homme d’aujourd’hui? Sans doute, les ancêtres nous veulent du bien, mais il faudra que l’homme s’engage, qu’il collabore avec son intelligence et tout son être pour rendre réel ce bien, pour promouvoir l’épanouissement de tous. Si nous voulons voir leur manifestation, nous devrions nous soumettre et nous conformer à leurs bons exemples de vie car, la vie ne peut se renouveler qu’au prix d’un échange de services entre les vivants et les morts. Ce n’est donc pas une consolation d’ordre psychologique, mais une réalité qui nous invite à une révision de vie et à un engagement vrai au service de notre Afrique, pour le bien de nos frères et sœurs.
En te lisant, je me suis souvenue d’un ami qui me posait un jour la question lorsque la guerre avait éclaté dans son pays; il disait: «Lydia, pourquoi Dieu n’a-t-il empêché cette guerre? Pourquoi l’a-t-il permis? Où est alors sa miséricorde?» Je lui disais ce n’est pas Dieu qui fait la guerre, ce sont les hommes qui violent la loi de l’amour. Dieu a mis deux chemins devant nous: celui de la mort et celui de la vie. Il nous demande de choisir la vie. Si par contre l’homme choisit la mort, Dieu ne fera que respecter la liberté de l’homme. L’homme est un être libre. Cela va de même pour les ancêtres. Ces derniers ont bien vécu. Nous, à notre tour, si nous ne choisissons pas de bien vivre, nous détruirons au lieu de construire. Les ancêtres n’y sont pour rien. Nous n’avons qu’à assumer les conséquences de notre propre destruction.

Anonyme a dit…

Bonjour! Ceci est mon petit partage sur "la croyance ancestrale". Personnellement, je crois aux ancêtres, mais je n'ai jamais eu l'expérience de leur présence, car ils ne me permettent pas de la vivre.
Lydia affirme que nos ancêtres sont avec nous, ils nous protègent,... je suis d'accord avec cette affirmation suite à certaines expériences que j'ai entendues. Mais tant que mes ancêtres ne me permettront pas de faire une expérience de leur présence, ils ne le seront pas pour moi.
Ma cousine et moi, avons un ancêtre maternel commun: c'est le grand-père M'BATI'AFUA (Chez nous, c'est la branche maternelle qui fait la famille). En cas d'un problème, ma cousine a l'habitude d'invoquer cet ancêtre. Plus d'une fois, elle a obtenu une réponse à son problème. A mon tour, les rares des fois que je l'invoque, quelle que soit la situation, je n'ai JAMAIS obtenu une réponse à mon problème ou même une simple manifestation. Cet ancêtre n'a-t-il pas la même responsabilité sur nous tous, membres de sa famille? Ou en tant que famille, n'avons-nous pas le même droit à cette présence, ma cousine et moi? Si réellement cet ancêtre exerce son pouvoir d'ancêtre sur toute la famille, comment ne peut-il être bienveillant qu'avec les uns et non avec les autres?
Vu la place qu'il occupe, il doit execer son pouvoir de protection et de bienveillance sur toute la famille. Tel n'est pas le cas. Dois-je considérer grand-père M'BATI'AFUA comme mon ancêtre? (Dalhis)

Anonyme a dit…

Dalhis, pourrais-tu nous dire pourquoi tu crois aux ancêtres alors que tu n’as pas l’expérience de leur présence. Tout simplement parce que ta cousine en est convaincue? N’y aurait-il pas une petite contradiction dans ton commentaire? D’une part tu crois aux ancêtres, et d’autre part tu te demandes pourquoi ton ancêtre se manifeste-t-il seulement à ta cousine et non pas à toi-même! Je serai ravi d'obtenir quelque lumière sur le fondement de ta croyance aux ancêtres. Merci.

Anonyme a dit…

Bonsoir! Je m'en vais tout de suite réagir à ce qu'a dit Fely. Je crois qu'elle ne m'a pas bien compris.Il n'y a aucune contradiction sur ce que j'ai dit. Je crois aux ancêtres parce que j'ai entendu quelques personnes raconter certaines expériences face aux quelles je ne peux opposer aucun doute.C'est donc dans ce sens que j'ai parlé de ma croyance aux ancêtres.
Quant à mon grand-père qui n'a jamais manifesté sa bienveillance à mon égard, dois-je le considérer comme ancêtre?
Ma cousine affirme que ce grand-père est vraiment ancêtre pour elle; mais moi, je ne peux pas l'affirmer. Je dois d'abord voir un signe de sa présence.Voilà ma préoccupation. Dalhis.

Anonyme a dit…

Merci Ayaas pour ton commentaire. Je te propose quelques éléments de réponses à tes questions. Dans la première question, tu voulais savoir s’il y’aurait incompatibilité entre la religion chrétienne et la tradition ancestrale. Je dirai non. Les deux ne sont pas incompatibles. L’idée de la communion des saints, de l’Eglise invisible qui est aussi bien forte dans la foi catholique permet de justifier et d’authentifier cette croyance. Pour l’homme bantu, les aïeux qui ont défendu la famille, le clan, la tribu de manière positive ne sont pas anéantis comme tu le penses dans ta deuxième question. Ils sont autour de nous.
En effet, du point de vue conceptuel, on ne peut pas mettre la Résurrection chrétienne et la croyance ancestrale de la vie après la mort au même pied d’égalité. Car, dans le christianisme c’est tous les morts qui retrouvent ou qui retrouveront la vie au dernier jour, mais dans la tradition ancestrale ce sont les bons ancêtres qui vont dans les villages des ancêtres après la mort. Il est vrai que de part et d’autre il y a l’idée de vie après la mort, mais pas dans les mêmes conditions. De ce point de vue on peut parler de la compatibilité dans la croyance.
Il n’est pas rare de trouver dans la croyance ancestrale des éléments qui cadrent bien avec la religion chrétienne, entre autre, la place de l’ancêtre dans le culte chrétien. Ce dernier n’est pas Dieu, mais un intermédiaire entre les hommes, sa communauté et Dieu. Ainsi, dans la religion chrétienne l’ancêtre serait une expression parfaite de ceux que l’Eglise nomme « les saint de nos familles » (cf. La litanie des saints).
Pour la deuxième question, je constate qu’en général, dans la culture africaine l’on admet une manifestation et même des interventions des ancêtres dans le monde des vivants. Mais il faut affirmer une nette distinction de cette manifestation avec la Résurrection chrétienne. La manifestation ancestrale pourrait dans les meilleurs de cas être une lointaine préfiguration.
Pour terminer avec l’expérience de la veuve, je dirai qu’une visite nocturne et préalablement dans les rêves, pourrait revêtir plusieurs sens selon l’état psychologique de la personne qui subit l’action. Du coup il devient complexe de dire oui ou non si la veuve devrait s’en réjouir.
Elle pourra s’en réjouir si la présence de son mari défunt lui apporte la joie, la paix, la sérénité… Mais si c’est la tristesse, la peur, l’angoisse, qu’elle apporte il sera difficile pour elle de se réjouir. Aussi, qu’est ce qui prouve que c’est son mari défunt qui vient la rendre visite ? Là dessus, l’anthropologie africaine soutient qu’un vivant peut prendre le visage d’un mort pour faire le mal ou pour faire peur. Dans ce cas, on parle du mauvais ancêtre.
Pour empêcher cette visite, soit elle devra éviter d’y croire, soit de faire un effort d’être courageuse pour vaincre la peur et s’il elle croyante, qu’elle se confie à Dieu par le chemin de la prière.

Anonyme a dit…

Merci Dalhis pour ta prompte clarification. J’aimerais toutefois voir un peu plus clair. Si je comprends bien, pour toi l’ancêtre est celui qui doit nécessairement manifester sa présence dans ta vie. Tant qu’il ne se manifeste pas d’une manière ou d’une autre, il ne mérite pas d’être considéré comme ancêtre. Mais quand même tu crois aux ancêtres en te basant sur l’expérience des autres, ce que tu as entendu raconter. Cela signifierait que ton expérience personnelle n’est pas nécessaire pour y croire! En d’autres termes, le témoignage de ta cousine t’aide à croire à votre ancêtre commun; mais tant qu’il ne se manifeste pas chez toi, il n’est pas ancêtre. Si je réussis à me faire comprendre, tu sauras pourquoi j’ai parlé d’une certaine contradiction.

Anonyme a dit…

Lydia prétend que les corps des ancêtres n’ont pas été anéantis par la mort, «ils sont autour de nous». Veut-elle insinuer que le corps n’a pas été détruit par la mort ou que les ancêtres sont déjà ressuscités avec un autre corps? Cela me paraît absurde, incompréhensible. Les ancêtres sont-ils assimilés aux esprits? Mais les esprits sont sans corps, il paraît… Pourrais-t-on m’aider à comprendre mieux ce qui demeure obscure.

Anonyme a dit…

Dalhis,
J’aimerai dire un mot à propos de ton inquiétude. Je suis contente de ton expérience ancestrale.Tu dis que ta cousine est convaincue car chaque fois qu'elle invoque votre ancêtre commun, elle bénéficie de ses grâces. Par contre tu crois que ton expérience envers ton ancêtre n'est pas positive, et tu te demandes s'il faut le considérer comme ton ancêtre. Je pense que oui. S'il est ton ancêtre, il le sera pour toujours. Ce que je peux te dire c'est ceci: dans la vie nous n'avons pas tous les mêmes chances car, chacun de nous à ses besoins, ses projets, ses convictions... Si votre ancêtre réagit de telle manière avec ta cousine, il est fort probable qu'avec toi il réagit d'une autre manière sans te rendre compte. Essaye d'être plus attentif aux petits détails de ta vie, aux événements, aux petites choses de chaque jour. Ainsi tu découvriras peut-être une autre façon par laquelle ton ancêtre se manifeste à toi. S'il est ton ancêtre je suis sûre qu'il te veut du bien, qu'il te bénit, qu'il te protège même si ses actions semblent être cachées, inaperçues ou peu manifestes pour toi.

Anonyme a dit…

Salut Lydia,
Je suis content que tu t'interesses à ce sujet que beaucoup de personnes considèrent comme une sorte de manifestation d'un esprit arriéré. J'estime que tout Africain a le devoir de se pesncher sur certains aspects de sa culture et de ses croyances ancestrales pour mieux comprendre son environnement (social, cuturel, politique, religieux...), pour mieux se comprendre soi-même. J'aprécie donc ta démarche à sa juste valeur. J'ai cependant quelques difficultés à épouser intégralement ta reflection dans son fond. J'ai l'impression que ta reflection n'a guère dépasser le stade de l'épiphénomène. Tu t'es appuyée sur cette histoire de la jeune femme pour dire à ton tour "Personnellement, j’y crois parce que mes parents m’ont transmis cette culture et cette tradition dès le bas âge". As-tu réellement l'expérience, comme cette femme, de l'existence des ancêtres? Maitrises-tu tous les contours de ce témoignage. Es-tu sure de sa véracité? dire que les gens y croient est une chose.Donner des raisons valables de cette croyance en est une autre. Je ne dirais pas comme certains sociologues et psychologues qu'il ne s'agit que des états d'âme. Je sais que le monde invisible reste un mystère profond pour l'homme ordinaire mais crois qu'il faudrait pousser la reflection un peu plus loin. Les croyances ancestrales ont prévalu dans les sociétés traditionnelles afraicaines mais est-il encore nécessaire aujourd'hui d'entretenir cette croyance avec la même intensité ? N'y a -t-il pas un risque pour nous Africains de nous y enfermer et de justifier toutes nos misères par les ancêtres? On est malade parce que les ancêtres sont fachés, on a fait un accident parce que je n'ai pas sacrifié à mon grand-père...
Je pourrais te donner d'autres éléments prochainement.

Anonyme a dit…

Pas une femme africaine mais je vis en Afrique depuis plusieurs années. Ce sujet abordé par Lydia m’intéresse beaucoup. Je suis chaque jour confrontée à ce problème d’ancêtres dans mon action pastorale sur le terrain missionnaire. Bien sûr moi je ne crois pas à cela. La croyance ancestrale est un grand frein pour le développement. Voilà pourquoi je suis contente du commentaire précédent anonyme. Lydia semble suggérer la soumission aux ancêtres pour que la société africaine s’améliore. Que pense Lydia de ces villageois qui ne travaillent que 2 jours par semaine parce que leurs ancêtres veulent cela? Les autres jours sont pour le vin de palme, la danse, la fête… Comment libérer le peuple de cette peur injustifiée? D’un côté la foi en Dieu, de l’autre la croyance ancestrale. Il n’est pas facile de trouver l’harmonie dans la vie concrète de beaucoup d’Africains. Je pourrais me tromper parce que je suis étrangère mais j’aimerais que Lydia et les autres personnes me disent en quoi je suis fautive. Quelle est réellement la valeur de la croyance ancestrale? C’est la question que je me pose depuis bientôt 25 ans en milieu rural africain.

Anonyme a dit…

Honorine,
Je suis Lydia et j’aimerai dire un mot à propos de ton inquiétude. Avant tout, Merci pour ta participation. Pour moi, ce qui est au centre de ma réflexion, ce n’est nullement la destruction ou la non destruction du corps des ancêtres. La croyance n’est pas une démonstration mathématique, mais une adhésion aux lois, et aux pratiques culturelles d’un peuple. Si j’ai parlé de l’anéantissement, c’est pour faire comprendre à Ayaas que par la mort les ancêtres ne sont pas anéantis; ils vivent. L’Eglise catholique l’enseigne aussi. Avec la mort la vie n’est pas anéantie, elle n’est pas détruite mais transformée, renouvelée. De mon côté, je ne vois aucune absurdité. Si les ancêtres appariassent avec leur corps, cela est une faveur ou une grâce reçue de la part du Créateur. C’est un mystère. Que veux-tu ? Un mystère reste un mystère. Mets-toi à l’idée que nous sommes dans l’ordre de la croyance. En répondant à Ayaas j’ai bien précisé qu’il ne faut pas mettre au même pied d’égalité la Résurrection Chrétienne du dernier jour; une Résurrection qui concerne tous les êtres humains, donc y compris les ancêtres. L’apparition d’un ancêtre relève de l’ordre de la croyance africaine.
Quant à la comparaison des ancêtres aux esprits, ça c’est un autre thème que nous pourrons développer dans les jours à venir si Ayaas nous donne l’opportunité de le faire. En tout cas, la thématique sur la croyance aux esprits constitue une réflexion à part.

Anonyme a dit…

Bonsoir, Juliana !
Grand merci pour ta réaction qui me permet d’approfondir de plus en plus ma croyance ancestrale. Tes questions sont bien pertinentes. Tu veux savoir la valeur réelle de la croyance ancestrale aussi ce que je pense de ces villageois qui ne travaillent que deux jours par semaines parce que leurs ancêtres veulent cela. Comment les libérer de cette peur injustifiée.
A ma connaissance, la valeur réelle de la croyance ancestrale c’est l’amour: l’amour à la tradition, l’amour pour promouvoir le bien de l’autre, l’amour dans le travail...
L’amour est l’un des critères pour être ancêtre. Celui qui n’aime pas sa terre, sa tradition, ses semblables, sa famille n’est pas considéré comme ancêtre. Et l’amour englobe tout. Moi j’ai entendu de mes parents que mes arrières grands-parents avaient un grand amour pour le travail. Ils travaillaient durement la terre pour que les gens de la famille ne meurent pas de faim. Ils avaient des vastes champs. Ceci non seulement pour le bien de notre famille mais aussi pour les habitants du village, car le partage était considéré comme une grande valeur. Ils paraît que mes ancêtres partaient toujours fatigués au lit à cause de beaucoup travailler, me disaient mes parents. Ces paysans qui ne travaillent que deux jours par semaine ne justifient-ils pas leur « fénéantisme » en se cachant derrière les ancêtres? Nos ancêtres étaient des travailleurs. Je propose donc que ces villageois se mettent au travail pour imiter ces traces ancestrales. Ils seront libérés lorsqu’ils seront à mesure de se dire eux-mêmes les vérités, c’est-à-dire de reconnaître qu’ils ne veulent pas travailler. Car la vérité libère. Et les aider à comprendre que le travail est source de développement, du bonheur et de l’épanouissement de l’homme. Je suis sûre et certaine que les ancêtres ne sont pas contre le travail. Quand l’homme veut justifier ses limites, il cherche tous les moyens possibles.

Anonyme a dit…

Je remercie avant tout ayaas qui nous offre l’opportunité de nous cultiver et de nous informer à travers son site internet. Merci aussi à Lydia pour son sujet si intéressant et provocateur. J’étais très curieuse de lire ton article dès le premier jour de sa mise en ligne sur ce blog. Comment as-tu eu cette inspiration de nous parler de nos ancêtres?
J’ai aimé tes commentaires surtout quand tu dis que nos ancêtres sont nos protecteurs. J’admire ta conviction sur la présence des ancêtres bien que tu n’aies pas encore une forte expérience personnelle avec eux. J’apprécie ton initiative et ta manière de nous renvoyer vers nos coutumes et nos croyances ancestrales.
Je voudrai répondre à la question de ayaas qui dit «la croyance ancestrale ne serait-elle pas incompatible avec la religion chrétienne..... » Ma réponse est oui et non.
- Je dirai non parce que la croyance ancestrale n’est pas quelque chose à éloigner de notre culture africaine et de notre foi chrétienne. Il ne s’agit pas de considérer les ancêtres comme des personnes lointaines qui ont un pouvoir maléfique. S’ils sont ancêtres, c’est parce qu’ils ont bien vécu sur terre et ceux qui les ont vus en témoignent. Ils ont été des modèles par leur croyance en un seul Dieu appelé « Nzambi a Mpungu» dans ma culture. Les ancêtres ont le pouvoir de bénir.
Les ancêtres peuvent être comparés aux «Saints» qui ont été des amis de Dieu par leur foi et modèles de vie. Je les appellerais des «saints» dans le sens qu’ils sont reconnus par les leurs comme « amis de Dieu». La liturgie zaïroise reconnaît pleinement leur rôle et leur place dans la vie chrétienne en les invoquant lors d’un grand événement: «...Et vous, nos ancêtres, vous dont nous prolongeons la vie, vous qui avez favorisé la communion et l’entente parmi les hommes, vous dont l’exemple de vie a marqué nos sociétés, ...soyez donc avec nous au moment de célébrer cet événement, soyez avec tous les nôtres qui le célèbrent en ce moment.»
Au niveau de la foi chrétienne, nous pouvons considérer les ancêtres comme les médiateurs, protecteurs et intercesseurs auprès de Dieu. Donc les croyances ancêtres ne sont pas incompatibles avec la foi. Les ancêtres sont invoqués parce qu’ils sont comptés parmi les amis de Dieu et qu’ils occupent une place très importante dans la vie des leurs.
- Et je dirai oui parce qu’il y a des croyances ancestrales qui ne s’accordent pas avec l’évangile. Ce sont celles qui n’aident pas à l’épanouissement de la personne notamment la sorcellerie qui peut nuire aux vies humaines et conduire aux divisions des familles. Certaines autres croyances ancestrales ne sont pas à imiter: celles qui ne favorisent pas le bien-être des individus et qui ne contribuent qu’à l’exploitation des êtres humains.

Anonyme a dit…

A toi qui veux savoir si Lydia a une expérience personnelle des ancêtres, je dis simplement que la tradition chrétienne nous parle de la résurrection des morts et nous y croyons sans aucune expérience. Il en est de même avec les croyances africaines tant qu'elles ne nuisent pas à la vie humaine. Je pense que l'essentiel dans le conte de Lydia est la leçon à en tirer. Au lieu de s’atteler aux choses superficielles, on devrait plutôt les décortiquer et les interpréter selon l’expérience personnelle de chacun et chacune. Aussi puis-je affirmer qu’il n'y a pas ici question de démonstration mathématique comme je le vois dans le texte de Lydia. Ce qui importe c'est de croire à ce phénomène culturel. En plus cette croyance est libre comme les vérités dogmatiques. Ce qui est valeur reste valeur. Malheureusement, la mondialisation influence beaucoup nos cultures et les jeunes n'accordent plus tellement d'importance à nos valeurs culturelles.

Anonyme a dit…

Bravo Juliana pour ton intéressant commentaire! Tu viens de me rejoindre dans ce que je crois profondément. Flatterie à part, tu es plus africaine que moi l’Africain parce que tu es sur le terrain où se mêlent des sensibilités africaines. De fait, je ne connais pas grand-chose de ma propre culture malgré mes études. Je réfléchis plus en occidental qu’en africain. Il serait faux de dire que tout est mauvais dans les croyances ancestrales. Mais j’en suis convaincu, ces croyances sont un vrai signe de sous développement. Avec raison en 1986 quelqu’un a publié un fameux livre au titre angoissant: «L’Afrique malade d’elle-même».
En outre, je suis content de voir Carola évoquer la place des ancêtres dans la liturgie zaïroise. Effectivement, la messe au rite zaïrois, en RDC, a apporté et continue à offrir à l’église locale un dynamisme particulier ou mieux du tonus aux célébrations liturgiques qui se veulent être une participation active de tous les fidèles dans la louange de l’Eternel. Cependant, son rituel prend Jésus pour un ancêtre ainsi que les saints. Au même moment de célébration tous les autres ancêtres sont associés. Mon malaise, c’est de ne pas comprendre s’il s’agit de tous les ancêtres (toute tendance confondue) ou seulement des ancêtres chrétiens. Le Dieu unique des ancêtres de Carola, le «Nzambi a Mpungu» serait-il le même que le Père dont parle Jésus? Pour moi Jésus est Dieu et non pas un ancêtre car les ancêtres sont morts, tandis que Jésus est vivant à jamais. Il est le même hier, aujourd’hui et demain. Telle est ma foi unique.

Anonyme a dit…

Ayaas, simplement te dire que je lis avec intérêt tout ce que tu partages sur ton site. J'aimerais te visiter à la manière des ancêtres... Note que j'ai déjà expérimenté une certaine présence bienfaisante d'êtres chers et qui ne sont plus sur cette terre... comment? Je ne sais trop comment exprimer cette présence bonne et apaisante… Si j'avais suffisamment de loisir je serais intéressée de partager l'une ou l'autre "petite idée" comme tu y invites tes familiers et les autres.

Anonyme a dit…

Bonsoir! Je ne sais pas si mon commentaire peut être une partie de réponse pour Andy. A mon avis, les ancêtres que nous associons à nos célébrations liturgiques en RDC dans le rite Zaïrois, sont de ceux-là, comme disait Lydia, qui ont bien vécu sur terre. Dans l'Eglise, ce n'est pas n'importe quel défunt est proclamé "Saint". Dans ma langue maternelle, cette partie où sont invoqués les ancêtres se dit: "beno ba n'kua ntima mia singama; beno lu monanga Nzambi". Ceci se traduit par: "vous les hommes au cœur droit; vous qui voyez Dieu". Cela signifie que les ancêtres que nous invoquons vivent auprès de Dieu; nous les invoquons comme nous pouvons invoquer un saint. Ils sont donc chrétiens (ou croyants).
Le Dieu de nos ancêtres, "Nzambi'a Mpungu" dont parle Carola, n'est point différent du Dieu de Jésus. Jadis, nos ancêtres connaissaient l'existence d'un être suprême, qu'ils nommaient: "Nzambi'A Mpungu", "Akongo", "Mvidi-Mukulu", "Njakomba" et que sais-je encore, chacun selon sa langue. Cet être suprême était Auteur de la vie. Ils lui étaient très attachés et Lui rendaient un culte. La révélation de Jésus, Fils de cet être suprême est venue avec l'évangélisation que leur ont apportée les occidentaux. Ce Dieu de Jésus est Auteur de la vie, Père de tous les hommes: c'est le Dieu que Jésus nomme: Père. Et nos ancêtres ont appris à l'appeler: Père, Seigneur, etc., chacun selon son expérience.
Andy, n'oublie surtout pas que Jésus était vrai Dieu et vrai Homme. Nous l'appelons "ancêtre", parce ce qu'il était de ceux-là qui ont passé leur vie en faisant du bien comme l'ont fait quelques-uns de nos ancêtres. Par conséquent, Il est l'Ancêtre par excellence.

ayaas a dit…

Merci internautes. Tout le monde se défend bien jusqu’à présent. Lydia devient de plus en plus philosophe et théologienne en puisant à la source du savoir africain. Ah! si elle pouvait accepter de mettre en ligne le contenu de son chat avec le modérateur du blog.
J’avoue que cette discussion que je suis avec attention et curiosité m’apprend beaucoup. Elle me rapproche un peu plus du contexte culturel dans lequel j’ai vu le jour un certain 18 juillet. Malheureusement, je confesse mon ignorance, comme Andy, je ne m’y connais pas. «Je réfléchis plus en occidental qu’en africain”. Parfois, les missionnaires enracinés m’aident à mieux comprendre certaines réalités africaines. Aussi dois-je admirer la réaction de Juliana. En la lisant, j’ai pensé à un ancien brave missionnaire, Oles a mba, initiateur de la pastorale de conscientisation dans un des diocèses de la rdc. L’objectif était d’ouvrir le peuple à l’amélioration de leur condition de vie en se libérant de certaines croyances traditionnelles, celles qui empêchent le progrès notamment le «kindoki» ou la sorcellerie. La croyance ancestrale devait s’harmoniser avec l’esprit évangélique afin de promouvoir les communautés de charité (Kimvuka ya lutondo). Et la charité consistait, entre autres, à libérer l’homme de la peur de ses propres ancêtres et à l’ouvrir au développement.
Si chaque intervenant de cette discussion évitait l’anonymat en se donnant un pseudo, je m’adresserais plus directement à l’Anonyme qui aimerait me «visiter à la manière des ancêtres». Je pense que cette personne en sait quelque chose. Elle dit avoir «déjà expérimenté une certaine présence bienfaisante… bonne et apaisante». J’aurais voulu qu’elle nous livre son expérience. Quant à moi, je n’ai aucune expérience de la rencontre avec mes ancêtres. Je ne sais pas s’ils sont capables de se manifester physiquement. Pourtant j’ai été frappé par le témoignage confidentiel d’une femme de chez moi. Voici en bref son histoire qui se passe dans un village.
Devenue orpheline de mère à 5 ans, elle est maltraitée par sa marâtre qui n’est autre que la petite sœur de sa mère. Celle-ci la fait travailler comme une adulte et la punit sévèrement quand les choses ne marchent pas. Face au fardeau insupportable, elle se dirige un matin vers une rivière tout en pleurant. A quelques mètres du village elle rencontre une dame qu’elle reconnaît. C’est sa maman. La dame lui dit: cesse de pleurer, je sais que tu souffres. Puis elle lui tend la main en disant: viens mon enfant, je t’amène chez moi pour que tu ne souffres plus. La fillette s’avance en hésitant, puis la dame lui dit: non, reste pour le bien de ton petit frère. N’aie pas peur en rentrant à la maison, tu tomberas gravement malade mais tu n’en mourras pas. Tu seras une bonne mère de famille, tu auras 9 enfants dont l’une sera religieuse. Rentrée à la maison en courant, l’enfant devient malade et raconte qu’elle a vu sa défunte maman. Aujourd’hui elle est mère de 9 enfants dont l’une est membre d’une famille religieuse!
Dans ma timidité, je n’ose demander à personne de croire cette histoire. Je me contente simplement de la raconter dans le contexte de cette discussion intellectuelle sur la croyance ancestrale. Loin de prétendre contester le fait, je fais confiance à la personne qui m’a confié une expérience personnelle qui fait partie de sa vie. Néanmoins je me pose la question de savoir pourquoi l’enfant devient-elle gravement malade?
Peut-être aimerais-tu savoir si je crois aux ancêtres. Je ne crois qu’en un seul Dieu, celui de mes ancêtres, c’est-à-dire ceux et celles qui m’ont précédé dans la mort et qui attendent la résurrection promise à tous. Mais j’accueille favorablement leur présence dans ma vie, une présence mystérieuse qui donne parfois envie de ce monde qu’on ne peut découvrir qu’en fermant les yeux de la chair. Quelqu’un m’a prodigué le sage conseil de voyager toujours avec la photo de ma défunte sœur aînée, afin qu’elle me protège. Je ne le fais pas. Je garde plutôt la photo sur mon bureau de travail. Là seulement, je la regarde et elle me regarde. Puis je l’emporte dans mon cœur.

P. Wilhelm Steckling a dit…

La conversation sur les ancètres est une chose que je trouve bien intéressante - quel éco, 20 commentaires! Je ne suis pas Africain mais dans mon contexte je confie beaucoup dans la protection et l'aide des saints, y compris des membres de ma famille. Comme l'un des commentaires disait: "dans la religion chrétienne l’ancêtre serait une expression parfaite de ceux que l’Eglise nomme « les saint de nos familles »".
Wilhelm

Anonyme a dit…

Ayaas, j’attendais ta réaction depuis le début de cette discussion car je voulais savoir ta position sur ce sujet. Merci. Tu viens de nous ouvrir ton cœur pour partager non seulement ta croyance mais aussi ta richesse et ton regard profond sur les ancêtres, en disant: « ... j’accueille favorablement leur présence dans ma vie, une présence mystérieuse qui donne parfois envie de ce monde qu’on ne peut découvrir qu’en fermant les yeux de la chair.» Merci aussi pour le partage de ta confidence si profond qui nous stimule à faire un pas de plus sur la croyance à nos ancêtres. Peu de monde seulement en font l’expérience. J'écoute et accueille avec un esprit ouvert toutes ces histoires qui, comme dit Sabou, ressemblent à celles de la radio Africa n°1, mais du moins cela pousse à réfléchir et à se dire que la vie continue après la mort et que nos morts qui ont mis leur foi en Christ ne sont jamais morts. Ils sont vivants et marchent près de nous.

Anonyme a dit…

Merci Wilhelm Pour ta participation brève mais profonde. La croyance ancestrale est une réalité mondiale. Car tu dis que tu n'es pas afraicain mais tu crois. Oui,j'affirmais avec conviction que dans la religion chrétienne l'ancêtre serait une expression parfaite de ceux que l'Eglise nomme "les saints de nos familles" puisque La croyance ancestrale trouve son sens au sein même de l'Eglise.

Floria a dit…

Merci Lydia d'avoir abordé le thème de "la croyance ancestrale" dans ton article. Il est important dans ces temps où l'africain est emporté dans le fléau de la mondialisation et sombre dans l'oubli de sa propre culture, de faire surgir des tels thèmes pour que chacun sache où sont ses origines. Moi, de ma part, je crois, aussi aux ancêtres et à leur protection. Je crois qu'ils nous veulent du bien et attendent de nous le même comportement.Il y a de cela quatre mois,j'ai perdu mon père.J'en ai vraiment souffert puisque c'était d'une manière inopinée.Mais en regardant tout le bien qu'il a pu réaliser dans sa vie terrestre, je le considère comme mon ancêtre le plus proche. Maintenant quand j'ai quelques difficultés je lui parle et après je sens une grande paix au fond de moi. Même la douleur de sa disparition qui semblait m'engloutir revêt une autre dimension. Je souffre mais la paix habite mon coeur et j'ai le courage de continuer ma vie.

Anonyme a dit…

Oh, Ayaas, un commentaire à propos de ton message. Je suis contente de te lire encore dans le blog, car ça fait un bon moment que je ne te voyais plus bouger, croyant que tu as effectué un «bref voyage au pays des ancêtres» pour engager un débat existentiel avec eux. Et te voilà revenu. Merci et bienvenu!
Merci pour tes éloges. Tu me situes au rang des philosophes et des théologiennes. Je pense que je ne mérite pas ces deux titres. Je ne suis qu’une africaine enracinée dans la tradition et les coutumes de son peuple, convaincue de la réalité ancestrale et fière d’être africaine. C’est en raison de cette conviction que je vous partage avec liberté mes petites réflexions.
Sans te le cacher, je suis ravie du contenu de ton message. En te lisant, tu me donnes l’impression que tu es un véritable africain malgré ce que tu oses croire, c’est-à-dire le manque d’expérience ancestrale, l’ignorance, penser à la manière occidentale, la timidité et j’en passe. Tu viens de faire une confession de foi. Tu dis: «je crois en un seul Dieu mais qui est en fait le Dieu de nos ancêtres». Ce Dieu, c’est celui que notre chère Carola nommait ‘Nzambi–a Mpungu’ dans son intervention. C’est celui que mes ancêtres nommaient ‘Nzambi’ en lari (ma langue maternelle), ‘Zamba’ en ewondo, ‘Nzambé’ en lingala, ‘Mungu’ en shuahili, ‘Tuhan Allah’ en indonésien, ‘Theote’ en mexicain…. Tu vois Ayaas comment tu rejoins la croyance de nos ancêtres.
Je suis d’accord qu’avec le mixage de cultures tu réfléchis en occidental. Une chose est vraie, si tu es convaincu et fier de ton identité africaine, malgré le mixage, tu resteras africain dans ton cœur et cette conviction, personne ne te l’ôtera. Tu affirmes que tu n’as aucune rencontre avec tes ancêtres. Pour moi l’important ce n’est pas de les rencontrer physiquement, mais de les sentir présents en moi et autour de moi. Ce «sentir» trouve son sens dans la croyance.
Quelque part il y a comme une petite confusion parce qu’après, tu confirmes que tu accueilles favorablement leur présence dans la foi et en plus, une présence mystérieuse. Penses-tu que tu es vraiment ignorant? Ou bien veux-tu nous parler de ton humilité?
Merci pour la belle histoire, elle renforce ma conviction. J’épouse également la pastorale initiée par Oles pour libérer les africains de certaines croyances qui nuisent à la vie. C’est vrai, tout n’est pas positif dans nos croyances. Il faut donc équilibrer et savoir faire la part de choses. Pour ce faire, il ne faudra pas nous arrêter à critiquer nos croyances, mais à se mettre au travail pour transmettre à notre peuple les valeurs constructives.
Quant à l’expérience de ta sœur aînée, le fait de garder sa photo sur ton bureau et croire qu’elle te regarde, n’est-ce pas là un signe manifeste de ta croyance? La photo n’est qu’un symbole, un symbole qui te rappelle ta sœur. L’essentiel de la photo, c’est le message que tu peux capter à travers elle.
Alors j’aimerai que tu nous explique ce que tu entends par présence mystérieuse. Aussi, que dis-tu de la constatation de ta confusion? Merci de te lire bientôt.

ayaas a dit…

Je me réjouis de constater que ce thème intéresse non seulement des Africains mais aussi des personnes d’autres continents. Merci de leur contribution significative. Merci également à Carola pour ses mots combien sympa, son interprétation de mon commentaire. Je ne sais pas si c’est cela que je voulais réellement exprimer. Peut-être ma position sera-t-elle plus claire en essayant de répondre aux inquiétudes de Lydia que je ne cesse d’admirer pour son enthousiasme et le courage d’aborder ce sujet délicat. Elle ne m’a pas laissé le temps de faire ouf.
Confusion? A dire vrai, je n’ose pas prendre le risque de parler de choses que je ne comprends pas bien moi-même. Tu as peut-être raison de relever une certaine confusion dans mon partage. Mais je pense que la vraie confusion réside dans la terminologie de cette discussion. Il me semble que beaucoup de termes différents sont utilisés comme pour signifier une même réalité alors qu’ils ne sont ni forcément synonymes ni situés dans un même contexte. Peut-on dire que croire signifie croyance ou accueillir ou accepter? En outre, la foi serait-elle liée à un être suprême ou aux ancêtres qui ne sont que des créatures? J’aurais de la peine à répondre à quiconque me demanderait si je crois en la bienheureuse Anuarite Clémentine ou à l’ancêtre Jean. Il serait bon de préciser en quelle matière nous situons-nous? Religieuse, philosophique ou politique?
Ignorance? Mon ignorance avouée est par rapport à la compétence en ce domaine précis qu’est la croyance ancestrale. Soyons réalistes, certaines personnes pourraient en parler avec plus de compétence que toi-même ou quelqu’un d’autre. Il s’agit donc d’honnêteté intellectuelle plutôt que d’humilité. Et je l’affirme humblement…
Laisse-moi te le dire, Lydia, parfois tu me fais dire ce que je n’ai pas dit. Accueillir favorablement leur présence ‘dans ma vie’ ne signifie pas accueillir favorablement leur présence «dans la foi», comme tu l’affirmes. S’agissant de la photo de mon aînée, je n’ai pas dit non plus que je crois qu’elle me regarde mais plutôt: « je la regarde et elle me regarde.» Qui? Ma sœur bien sûr et non pas la photo. Ce n’est pas quelque chose à espérer mais un envahissement, une prise de conscience ou mieux une expérience spirituelle personnelle.
Présence mystérieuse? Je ne nie pas le fait d’avoir un ou plusieurs ancêtres mais je n’affirme pas leur existence parce que je ne les «vois» pas. Me pousser à croire, c’est vouloir que je tienne ‘pour certaine l'existence de quelqu'un ou de quelque chose; avoir foi en sa véracité, son efficacité’. En me basant sur ma petite expérience personnelle, j’affirme plutôt une présence mystérieuse, c’est-à-dire une présence ‘dont j’ignore l'identité ou qui s'entoure de mystère’. Je ne peux que la «sentir» comme tu le dis si bien. Il me semble que cela relève du mystère. Or, un mystère expliqué cesse d’être mystère!
Certes, l’amour légitime envers nos traditions culturelles ne devrait pas nous plonger dans une sorte de fanatisme ou nous éloigner de l’esprit critique surtout face au phénomène de manifestations ancestrales. Le discernement exige que l’on tienne compte de l’équilibre psycho-spirituel de la personne qui en fait l’expérience. Aussi surprenant que cela paraisse, c'est pourtant vrai. Je ne doute pas de la vie après la mort, moi qui, un jour, achetai un sac de sel pour une tante qui prétendait que sa défunte cousine s’était endettée faute de sel pour sa cuisine! Quant à dire quel genre de vie au pays de l’oubli, je ne peux que donner ma langue au chat.

Anonyme a dit…

Chère Lydia,
Je suis heureux de te lire sur ce blog et surtout pour l'effort que tu n'as cessé de fournir jusque là en répodant de manière assez pertinente aux questions qui te sont posées. Je crois, moi aussi aux ancêtres et à leur capacité d'influencer la vie des vivants chez nous en Afrique. Notons tout d'abord que le rang d'ancêtre est le résultat d'un mérite descerné à un personnage qui a vécu de façon modèle dans la société. nul ne s'arroge ce tître, ce sont les vivants qui le lui attribuent après sa mort au cours d'une cérémonie officielle pour louer sa sagesse, sa vertu et bien sûr son exemple de vie qui est à cette occasion proposée à l'imitation des vivants. Dire ceci devrait nous amener à comprendre que nos ancêtres n'existent pas physiquement parmi les vivants, sinon spirituellement.C'est d'ailleurs cela qui justifie le culte qui leur est rendu à l'occasion de certaines situations existentielles des vivants. Ils sont invoqué à ce titre comme des personnes qui nous ont précédées dans l'au-delà. Le culte rendu aux ancêtres est un honneur qui leur est dû et non un acte d'adoration qui serait incompatible avec la foi chrétienne.Le culte des ancêtres chez nous en Afrique est comparable avec le culte des martyrs dans les sociétés chrétiennes primitives et le culte des saints dans l'Eglise Catholique aujourd'hui. Nous devons cependant faire attention à ne pas confondre le rôle des ancêtres avec certaines pratiques divinatoires ou maléfiques que certains attribueraient ou auraient voulu attribuer aux ancêtres. Un ancêtre, pour avoir vécu de façon modèle, ne saurait être assimilié à un jetteur de sort, un revenant qui dérange les vivants ou leur inflige les malheurs. ceci est incompatible avec la conception ancestrale africaine. Et d'ailleurs, dans l'Afrique traditionnelle, un sorcier, un désordonné, un meurtrier,... ne sont pas admissible dans le rang des ancêtres et par conséquent, une manifestation de ce genre ne saurait être attribué aux ancêtres.

Anonyme a dit…

Floria, je compatis à ta souffrance et te prie d'accepter mon indélicatesse. Ton beau témoignage me touche profondément et me pousse à te poser quelques questions de curiosité puisque tu crois aux ancêtres. La paix intérieure est une grâce, un don de Dieu. La grande paix que tu ressens au fond de toi-même, après cet événement douloureux, vient-elle du fait de parler à ton papa défunt ou d’une autre source? J’aimerais surtout savoir si par le verbe «parler» tu veux dire prier ou simplement dialoguer? Y aurait-il une différence entre la prière adressée à Dieu et celle à celui que tu considères désormais comme ton «ancêtre le plus proche»? Merci d’avance pour ta réaction.

Anonyme a dit…

Le commentaire de Tambala introduit un nouveau concept dans cette discussion. Si je ne me trompe pas, Lydia n’en parle pas jusqu’à présent. Il s’agit du «culte» rendu aux ancêtres. Il affirme que le titre d’ancêtre est attribué par les vivants «au cours d'une cérémonie officielle…» Cela me paraissant nouveau et l’Afrique étant vaste, j’aimerais savoir quel genre de cérémonie et dans quelle culture ou ethnie se pratique-t-elle? En outre, emboîtant le pas à Lydia, il dit croire aux ancêtres et à leur capacité d'influencer la vie des vivants. Pourrait-il répondre aussi à la question de Sabou (premier commentaire) qui demeure sans réponse satisfaisante. Pourquoi les ancêtres «ne songent-ils pas à améliorer la condition de vie terrestre de leurs familles?» Je suis un Africain vivant dans un contexte où le développement dépend de l’effort du travail manuel, de la technologie et non pas d’une quelconque croyance ancestrale.

Anonyme a dit…

De tout cœur, je dis grand merci à Floria et à Tambala pour leur contribution qui suscite tant de questions. Ma joie est grande parce que toutes ces questions et réactions me poussent à creuser davantage cette réalité ancestrale, afin de mieux comprendre son sens, son importance, son influence dans notre société africaine. J’espère que Floria et Tambala donneront des réponses à ces interrogations. Je vais tout de même tenter de donner quelques éléments de réponse.
John, tu dis vrai en affirmant que la paix intérieure est une grâce, un don de Dieu. Et tu veux savoir si la paix que Floria ressent après avoir parlé avec son père défunt vient-elle de ce dernier ou d’une autre source. A mon avis, je vois que peu importe la provenance, elle peut provenir d’une autre source ou de son père défunt d’après sa conviction personnelle. Si elle provient d’une autre source, son père défunt joue un rôle de médiateur. Les ancêtres sont des médiateurs entre Dieu et les hommes. Un enfant atteint d’une maladie incurable avait été guéri suite à une neuvaine adressée à une sainte (Sainte Rita). Ici aussi on peut se poser la même question: D’où lui est venue la guérison? De Dieu ou de la sainte? Peu importe la provenance. C’est difficile de le démontrer. Ce qui importe ce sont les effets qui sont palpables. Dans les deux cas, on est dans l’ordre du «mystère», ce qui est mystère reste mystère. Le mystère dépasse notre entendement humain. Il n’est pas démontrable.
A Onana je dirai que la question de Sabou avait été répondue. Je ne donne plus trop de détails. Si tu as d’autres réponses à suggérer ça serait intéressant de ta part. Si je me rappelle bien, je disais que la croyance ancestrale ce n’est pas de la magie. Les ancêtres ont été des travailleurs, ils nous ont donné ce témoignage du travail. Que les hommes se mettent au travail pour améliorer leur situation de vie.
Quant au culte des ancêtres, c’est vrai que je n’avais pas touché cet aspect parce que, lorsque l’on développe un thème, il y a toujours «des non dits». Je pense que le culte des ancêtres se célèbre un peu partout en Afrique. Je te donne deux exemples: au Cameroun et en Guinée Equatoriale on célèbre le culte du crâne. On conserve dans une boîte cylindrique le crâne d’un ancêtre. Ce crâne s’appelle «byer». On rend culte à ce crâne quand on a besoin d’être fécond. Au Cameroun, les funérailles sont aussi considérées comme un culte ancestral, car elles constituent une cérémonie officielle de l’entrée du défunt dans les groupes des aïeux. J’espère que Tambala à qui tu as posé cette question te donnera plus de détails.

Anonyme a dit…

Je m’adresse personnellement à Lydia. Je viens de lire ton article et tes différents commentaires. Beaucoup des questions te sont posées et tu te défends bien. Je suis impressionnée tout d’abord par le choix du sujet. Ensuite, par ton bagage intellectuel ancestral. J’aimerai savoir Lydia, es-tu partisane des religions traditionnelles africaines ? Es-tu ancêtre par hasard ? Je veux bien être en contact avec toi, que faire pour te contacter ? Tu es Lydia et ton prénom me fait penser à une jeune fille. Comment tu t’es embarquée dans cet univers ancestral avec tant d’arguments alors que tu es fille de notre époque ? J’avoue que je suis incapable de dire quoi que ce soit sur mes ancêtres. Par contre, ton thème m’invite à être désormais attentive à leur agir. Permets-moi de te dire Lydia qu’en te lisant, tu me donnes l’impression d’une personne optimiste, courageuse, intelligente, ambitieuse, audacieuse, convaincante. Chaque fois, tu parles avec conviction. Je partage l’avis de Ayaas qui te nomme philosophe et théologienne et pourquoi pas anthropologue ? Il a bien raison.
A Ayaas : je m’allie derrière Carola et Lydia pour te dire que j’ai lu tes derniers commentaires et j’ai eu comme elles la même impression de contradiction dans tes dires. Carola et Lydia n’ont fait qu’affirmer tes propres paroles. Ta position sur la croyance je la trouve floue et ambiguë. Je souhaite que tu t’exprimes explicitement ou autrement.

ayaas a dit…

Manuela, je m’empresse de te dire merci de ta contribution sur ce blogspot. J’espère que Lydia te permettra de la contacter facilement pour en savoir plus. Quant à ta préoccupation, j’aurais voulu que l’auteur de l’article réagisse d’abord à mon dernier commentaire avant de te répondre. Je pensais avoir été plus explicite dans mon dernier commentaire!
Impression de contradiction dans mes dires? Ta réaction confirme davantage ce à quoi je suis en train de penser: l’existence d’une confusion au niveau terminologique. Tant que les termes essentiels de cette discussion ne seront pas clarifiés ou définis, la confusion demeurera dans la tête de beaucoup.
Je pense que la difficulté vient du fait que je n’arrive pas à dire explicitement que JE CROIS AUX ANCETRES. Permets-moi de rappeler ce que j’ai déjà dit.
«Peut-être aimerais-tu savoir si je crois aux ancêtres. Je ne crois qu’en un seul Dieu, celui de mes ancêtres… Je ne nie pas le fait d’avoir un ou plusieurs ancêtres mais je n’affirme pas leur existence parce que je ne les «vois» pas. Me pousser à croire, c’est vouloir que je tienne ‘pour certaine l'existence de quelqu'un ou de quelque chose; avoir foi en sa véracité, son efficacité’. En me basant sur ma petite expérience personnelle, j’affirme plutôt une présence mystérieuse, c’est-à-dire une présence ‘dont j’ignore l'identité ou qui s'entoure de mystère’».
S’il te plaît, n’hésite pas à me revenir si ce nouveau commentaire ne change rien en toi. Je préférerais alors répondre à une question plus directe. Vive l’ancêtre commun!

Anonyme a dit…

Bonsoir, Caro!
Je sais qu’une de tes questions était restée sans réponse. Il y a tellement de réactions que parfois on oublie de réagir à quelques-unes. Je te donne donc quelques éléments de réponse suite à ta question. Tu voulais savoir comment ai-je eu l’intuition de parler des ancêtres? Je pense que c’est pour la première fois que j’ai eu cette soif ou ce désir de parler des ancêtres. Je sais que c’est une réalité qui existe mais sans y accorder trop d’importance. Pour revenir à ta question, l’intuition m’est venue d’un événement que j’ai vécu il y a deux mois. Tu sais que l’Eglise du Congo Kinshasa venait de perdre un de ses pasteurs: le cardinal Frédéric Etsou. Lors de la messe de son inhumation et plus précisément au moment des adieux, les gens de son village avaient déposé au dessus du cercueil trois objets significatifs de leur tradition. Il y avait: une canne, les dents d’un lièvre et une cloche. Ils s’adressaient au défunt en disant: reçois cette canne. Quand tu marcheras, dès que tes ancêtres entendront le bruit de cette canne, ils viendront vite t’ouvrir la porte. Même chose avec la cloche. Ils disaient: dès que tu arriveras au pays des ancêtres, sonne cette cloche et ils viendront t’accueillir car tu as bien vécu sur terre. Prends ces dents, dès que tu arriveras, tes ancêtres te reconnaîtront par l’éclat de ces dents car tu es le leur. Voilà l’événement qui a attiré mon attention et m’a donné le goût de m’arrêter un peu pour réfléchir sur cette réalité ancestrale. J’espère que j’ai répondu à tes questions. Merci pour ta patience et pardon pour le retard avec lequel je te réponds.

Anonyme a dit…

Merci Onana pour la lecture attentive que tu as fait de mon apport sur le thème qu'aborde Lydia depuis plusieurs semaines. Je suis moi-même Africain aussi bien dans mon sang que dans ma culture.En dépit de ma formation dans l'école occidentale, j'ai bénéficié d'un bon encadrement culturel africain. Concernant la question de l'accession au titre d'ancêtre, ce que j'ai appris depuis ma famille est qu'on ne devient pas ancêtre n'importe comment. On le devient par un acte de proclamation officielle par les vivants après la mort du futur ancêtre. La durée entre le décès et cette proclamation varie d'une culture à une autre et est d'au moins un an. Cette pratique se retrouve dans plusieurs sociétés. Au Cameroun p.ex. les Bamiléké de l'Ouest pratiquent ce rite lors de ce qu'ils appellent "Funérailles"; c'est-à-dire le jour qu'il vont recueillir le crâne de l'ancêtre pour le placer dans le sanctuaire où il est désormais supposé résider et que ceux de sa famille qui auraient besoin de l'invoquer peuvent y venir. Dans ma culture d'origine, chez le peuple Kaniok(RDC), il y a une cérémonie qu'on appelle Kuzuuk hassa a lufw( qu'on peut traduire par retrait de deuil). Au cours de cette cérémonie, le défunt qui était tenu pour un homme admirable et vénérable reçoit le statut d'ancêtre. On peut alors lui construire un petit sanctuaire (Kafikil)au coin de la parcelle où on lui offre le vin de palme ou les premices de la récolte. En cas de problèmes dans la famille on peut l'ivoquer lors des rites de réconciliation,etc. Lorsque quelqu'un accède au trône coutumier, le premier ancêtre qu'il invoque est son propre père s'il répond aux critères dont j'avais parlé plus haut à la suite de Lydia.Sinon, il invoquera un autre ancêtre de la famille. Quant au développement de l'Afrique, je tiens à affirmer que nos ancêtres ne sont pas responsables de notre sous-développement. Si jamais ils l'étaient, ils le seraient moins que nous. Notre sous-développement me semble plutôt la conséquence d'un rendez-vous manqué, celui de l'intégration entre africanité et occidentalité. Tant qu'on aura pas travaillé à ce défi, nous vivrons une modernité mal assumée, dans laquelle nous sommes perdus et sans identité propre ayant pour conséquence le sous-développement multiforme. Bref,pour bien entrer dans la modernité, il faut que nous retrouvions d'abord nos repères auxquels nous joindrons les valeurs modernes et par une forme de gestation, baliser le chemin de développement.La culture de la vertu, du travail bien fait, de la responsabilité et de la solidarité n'est pas occidentale, elle est universelle; donc aussi africaine. Adoptons-la et tout ira au mieux.
Pour finir, je voudrais demander à Lydia de nous dire de quelle manière nous pouvons concilier la croyance aux ancêtres et rester des bons chrétiens ? Comment purifier les tendances syncrétistes de nos frères qui croient aux ancêtres et en Dieu sans une bonne ligne de démarcation ?

Anonyme a dit…

Manuela j’avais lu avec beaucoup d’attention ta réaction. Tu es amusante! Tu ne trouves pas que tu fais trop d’éloges pour moi seule? Je pense que le but de notre débat ce n’est pas d’énumérer les qualités ou les défauts des uns des autres, mais plutôt, de donner notre point de vue en lien avec la croyance ancestrale.
Bien, ce dit je te suggère quelques réponses à tes questions ou inquiétudes. Tu veux savoir si je suis partisane des religions traditionnelles africaines, non. Je suis issue d’une famille chrétienne et j’ai été baptisée trois mois après ma naissance dans l’Eglise catholique. Tu dis si par hasard suis-je ancêtre, Non. Je ne le suis pas. Pour être ancêtre il y a plusieurs critères qu’il faut tenir en compte comme : vivre longtemps, célébration des funérailles, être féconde… Si je parviens à parler d’ancêtres, c’est parce que je crois en leur présence et je suis marquée par les valeurs culturelles de mon peuple. Aussi je m’enrichis en lisant les expériences des autres personnes. Voilà mon secret. Mais en tout cas, tu m’amuses!

A toi, Ayaas! Merci pour ta contribution. Je vois que tu es attentif au déroulement du débat et tu n’hésites pas de donner ton opinion, c’est bien. Seulement je ne partage pas tout à fait certaines de tes affirmations. Tu dis, tu n’oses pas prendre le risque de parler des choses que tu ne comprends pas. C’est peut-être de la prudence. Mais parfois c’est bien d’oser. «Qui ne risque rien n’a rien».
Oh, quelle affaire avec la confusion! Je pense que les différents termes utilisés cadrent bien avec leur contexte. Quand on les fait sortir de leur contexte à ce moment le contenu revêt une autre signification ou il devient incompréhensif. Ne cherchons pas à compliquer les choses simples. Entre croire et croyance la différence n’est pas grande: croire d’après Larousse, c’est tenir quelque chose pour vrai, l’admettre comme réel, certain… et croyance c’est le fait de croire à la vérité ou à l’existence de quelque chose. Tu penses qu’il n y a pas de lien entre les deux termes? Accepter c’est à mon avis admettre, consentir à prendre, on peut dire: accepter la croyance ancestrale, la culture africaine…Utiliser dans ce sens ce mot n’a pas la même perspective que croire ou accueillir? Oui, la foi est liée à un Etre Suprême que nos ancêtres ont d’ailleurs vénéré car ils ne prononçaient en vain le nom de «Nzambi», mais cela ne signifie pas qu’on ne doit pas avoir foi aux ancêtres car, cet Etre Suprême, pour faire connaître sa volonté, a parfois besoin des intermédiaires, des médiateurs, nous dit l’Ancien Testament. Et l’un des rôles attribués à nos ancêtres est celui de médiateur. L’Eglise Catholique n’utilise-t-elle pas l’expression «nos ancêtres dans la foi»? Moi je situerai cette croyance au niveau de la religiosité et non de la politique.
Encore une fois merci de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer.

Anonyme a dit…

Merci Lydia pour ta réponse. Une petite rectification. Je m'appelle carola et non caro. J’ai compris que la vie d’un homme reste toujours un mystère. J’avais suivi à la télé cette belle cérémonie de l’inhumation du feu cardinal Ethou mais je n’imaginais pas que cela pouvait être une source d’inspiration pour toi. Je suis émerveillée de constater l’ampleur de ton sujet. Tes ancêtres seront heureux de te voir défendre leur cause sur terre. Je te conseillerai de ne pas confondre la présence agissante de Dieu à celle des ancêtres même si ceux-ci ont reçu ce pouvoir de la part de Dieu. Comment fais-tu pour savoir que cette faveur ou cette grâce te vient de Dieu et telle autre des ancêtres?

Anonyme a dit…

A toi, Carola, merci pour ta réaction. Pas grand chose à te dire, tout simplement, je ne vois pas à quel niveau trouves-tu de confusion. Il faut être claire et précise pour faire avancer le débat si non, on revient sur les mêmes choses. Je pense que les commentaires des uns et des autres aident pour ne pas revenir sur les « déjà dits » car, ta dernière question est semblable à celle qu'on avait posé à Floria. Je disais que peu importe la provenance, ce qui compte ce sont les effets que l'on peut bien détecter. Humblement, c’est difficile à distinguer car c'est de l'ordre du mystère. Mais il est vrai que, si je formule une intention en faveur des mes ancêtres, et qu’ils m'exaucent, je n'aurai pas de doute de le dire tout haut que j'ai obtenu ceci ou cela grâce à leurs intercessions; cela est de même avec Dieu. Là c’est la croyance qui joue. Donc, cela dépend à qui je m'adresse.
Je pense l'une des choses que j'ai comprise dans mes recherches ancestrales, c'est de ne jamais fusionner Dieu et les ancêtres. Dieu reste Dieu et les ancêtres restent les ancêtres, chacun à sa place. Les ancêtres ne sont que des créatures de Dieu. Eux-mêmes, je l'ai déjà dit, avaient un grand respect envers le Créateur, Ils ne se considéraient pas Dieu, pourquoi vais-je encore semer de confusion ? Non, je rends à Dieu ce qui est à Dieu et aux ancêtres ce qui est aux ancêtres. Je souhaite que cela soit aussi clair dans la pensée de ceux qui y croient.

Anonyme a dit…

Je suis contente Lydia et Ayaas pour votre réaction. Je n’étais pas sûre que vous alliez réagir à mon commentaire. J’avais simplement tenté la chance. Merci à vous. Je vois que la réalité sur les ancêtres doit être méditée en profondeur pour connaître ce que c’est. Lydia, j’ai pris en considération tes remarques bien pertinentes et tu as raison. Mais écoute, j’ai l’habitude de lire la vie des saints et aucun d’entre eux n’a accepté de leur vivant, leurs mérites que l’on voit de par leurs actes, leurs manières de pensée, leur témoignage de vie... Ce n’est pas pour te flatter je respecte ta critique.
Ayaas, quand je lis le commentaire de Lydia, de Juliana, de Wilhelm pour ne citer qu’eux ceux là, je comprends leur position sur la croyance des ancêtres. Ils y croient. Mais par contre j’ai du mal à te situer, raison pour laquelle je te demandais d’être explicite. Merci. Moi je crois. J’ai fait le partage de ce thème avec ceux de ma maison, et mes parents n’ont aucun doute. Ils m’ont dit : c’est vous les jeunes qui ignorez des telles choses. Merci Lydia de susciter en nous le désir de connaître quelque chose sur les ancêtres.

Anonyme a dit…

Cher Tambala,
merci pour votre contribution et je m'en vais vous répondre suite à vos préoccupations. je crois et affirme que l'homme reste un être créé et que Dieu reste Dieu.
Ainsi,les ancêtres de leur vivant ont connus Dieu en qui ils ont cru et mis leur confiance.Ils l'ont nommé selon la tribu ou la culture d'une manière ou d'une autre.Cette dépendance continue même dans l'au-délà;et je peux comparer ceci avec une relation familiale normale(où le papa a la suprematie), quand un enfant demande à sa mère une chose, elle à son tour, demande au papa , et enfin , après s'être servi, maman comble la demande mais au fond , c'est papa qui le lui donne par le biais de maman.
c'est ainsi que je comprends ,l' intervention des ancêtres ou des saints sans que cela enlève rien à Dieu et vice- versa.
Dieu le Père n'a pas voulu sauver l'humanité seul, dès la création il a été "Nous".Et Jésus a voulu associer les apôtres pour continuer son oeuvre;et aujourd'hui avec tous ceux qui croient et mettent leur espérance en Lui.
merci

Anonyme a dit…

Bon Tambala, je pense qu’il est temps de te suggérer quelques réponses. Je dis merci à Margot qui l’a déjà fait. La première de choses je mettrai l’accent sur la formation. Aider notre peuple à être bien formé pour savoir faire une distinction nette. La formation permet de favoriser un équilibre au niveau religieux, psychique, humain, culturel, intellectuel… Il bon d’apprendre à mettre chaque chose à sa place. Une des voies pour concilier la croyance aux ancêtres et rester des bons chrétiens est celle de mettre en lumière certaines de nos valeurs qui peuvent nous aider à mieux intégrer ou à mieux inculturer le christianisme. Je recommande à cet effet l’urgence d’une saine connaissances de nos valeurs ancestrales pour savoir intégrer le mystère chrétien de telle sorte que la conciliation entre les deux soit visible et crédible par une inculturation authentique c’est- dire qui prône la vie et non l’aliénation. Raison pour laquelle l’aspect de la formation me semble capitale. La purification des tendances syncrétistes de nos frères qui croient aux ancêtres et en Dieu passe avant tout par une prise de conscience de la nature du milieu selon qu’on est dans la tradition ou dans le christianisme. C’est à ce niveau qu’il faut situer la ligne de démarcation car, entre la croyance aux ancêtres et l’adhésion à la foi chrétienne, le milieu n’est pas homogène mais hétérogène, autrement dit, toutes ces tendances syncrétistes ne peuvent pas trouver un terrain favorable dans la foi chrétienne. Mais je te demande jusqu’où le syncrétisme est possible ? Penses-tu vraiment que l’on peut être à la fois bons chrétiens le jour et féticheurs la nuit ? En ce cas, le qualificatif « bon » ne tient pas débout car, quand on est bon chrétien, on l’est en tout et pour tout. Ceci se vérifie par les actes comme nos ancêtres qui nous ont laissé un bon témoignage de vie.

Anonyme a dit…

La croyance aux ancêtres dans le qauotidien aujourd'hui. Je crois pour ma part qu'il est important de croire aux ancêtres et surtout aux ancêtres à coeur ouvert ou à bon coeur. En effet, pour devenir ancêtre, il faut avoir bien vécu sur la terre, en homme ou femme responsable, digne d'être pris pour modèle par les jeunes. A ce titre je pense que cette croyance peut être salvique pour notre société en dégradation de moeurs. Si les Africains d'aujourd'hui choisissent d'incarner dans leurs vies les valeurs ancestrales telles le partage, la solidarité, l'accueil, l'oubli de soi, l'hospitalité, etc., l'Afrique a bien des chances de sortir de son sous développement et de la misère. Si les ancêtres vivaient encore il y araient pas de barrières dounières entres les différents états d'afrique. Imaginons l'obstacle combien important de ces barrières dans l'essor économique.
La croyance ancestrale ne peut être que pour le bien jamais pour le mal. Pour les chrétiens d'Afrique les ancêtres sont pour eux, ce que les saints et les martyrs sont pour l'Eglise catholique romaine. On ne les adore pas, on les vénère. Bref, si tu marche suivant les pas des ancêtres, tu auras protection, santé, prospérité, succès scolaire, etc. Car tu aura bien vécu. Vis bien, selon ton ancêtre et tu verras. telle est ma contribution à ce débat combien interressant

Anonyme a dit…

A toi Jean Kalenga,
Je viens de lire ton commentaire et je te dis merci pour ta participation. Je suis contente d'entendre dire que ce débat est intéressant. Tu es vraiment optimiste en disant que si nous incarnons les valeurs ancestrales, notre Afrique ira de l'avant. Cela devait être à mon avis, le souhait de tous les africains, mais hélas, nous ne savons pas parfois profité de l'héritage que nos ancêtres nous ont légué. Oui, tu dis vrai, la réalité ancestrale n'est pas une réalité étrangère à la tradition ecclésiale. Le cardinal Emile Biayenda assassiné à Brazzaville en 1978 est pour moi un ancêtre vrai. Il a bien vécu sur cette terre et n'a pas hésité de livrer son corps pour le bien de ce peuple. Je l'invoque quand j'ai besoin de son intercession.
Encore une fois, merci pour ta contribution.
Mais,quel conseil pourras-tu donner aux jeunes d'aujourd'hui qui à cause de la modernité ne connaissent pas leur culture traditionnelle, entre autre, celle des ancêtres? Et que conseillerais-tu aux parents qui ne transmettent plus à leurs enfants ces valeurs ancestrales que tu as citées dans ton commentaire?

Anonyme a dit…

Merci Lydia pour cette provocation par les questions qui nous aident à aller plus loin dans le débat. La première : que dire aux jeunes qui tendent à oublier ou qui ne connaissent pas leur tradition et les valeurs ancestrales subséquentes. Ma réponse est simple,les jeunes d'aujourd'hui doivent apprendre à se situer et à ne pas se perdre dans le flux de la mondialisation qui signifie simplement la commercialisation de tout, le bonjour, le sourire, le corps, et tout répondant aux lois du marché, l'offre et la demande. Comment reapprendre la gratuité, le partage, le respect de l'autre, le dialogue sous un ton plus ou moins naturel. C'est la que je me dis que nous Africains, nous apporterons à ce monde ces valeurs qui se perdre et qui deviennent des valeurs retrograde. Les jeunes diront :" ce le respect, le dialogue que l'on mange". Ce que je conseille aux jeunes c'est de se mettre à l'école de la tradition même sans vivre nécessairement au village. S'instruire auprès des parents pendant les vacances, lors de leurs visites en ville. Interroger souvent les parents sur le sujet des jeunes: comment faisiez-vous dans le temps pour demander la main d'une fille en mariage par exemple constitue une piste pour s'approprier ces valeurs. Il faut un peu de volonté de la part des jeunes. ils doivent savoir le poids du passé dans le présent et l'impact du présent pour l'avenir. Connaitre ses racines, savoir d'où l'on vient voilà tout. tel est le sens la question aussi importante de la Bible: 'maître où demeure-tu'
La deuxième question, c'est à propos des parents qui ne sont plus de modèles auprès des jeunes. C'est une réalité aujourd'hui qui bat son plein. Mais ceux-ci ne seront jamais proposés pour ancêtres et donc ils ne peuvent en un certain sens servir de modèle. Mais l'on peut servir de modèle de façon opposée. par exemple lorsque l'on sait que tel parent est mort vite à cause de telle inconduite, et on se prépare pour ne pas l'imiter. Il est aussi vrai que plus ces cas abondent, plus le mal s'irige en bien. Je crois fermément que les parents doivent redevenir responsables, cela demande une bonne formation dès la base, dès la famille. Les insuffisances dans ce domaines sont à dénoncer parce qu'elles nous conduisent à l'anti-culture de la mort et nous éloigne de la culture de la vie. Bien plus les exemples ne manque pas toujours. Dans le désert, il y a toujours lieu de trouver des oasis, c'est-à-dire des gens qui vivent encore bien ces valeurs. Même s'ils ne plus nombreux. Même les saints dans l'Eglise catholique de Rome ne sont plus nombreux de nos jours. Le petit nombre, crois le Lydia peut, par contagion, déterminer notre société africaine. Un peu de volonté et de patience...surtout un travail de long haleine.

Anonyme a dit…

Merci Jean Kalenga pour ta réponse si rapide à mes questions. Ta dernière phrase me plait beaucoup:" un peu de patience et de volonté... et surtout un travail de long haleine". C'est vrai les fruits de la volonté et de la patience c'est la réussite et le succès. Merci pour ton message si édifiant. Je te fais grâce des questions mais cela n'empêche pas que tu creuses encore davantage ton expérience ancestrale pour nous la partager.

J'aimerai dire un mot à Ayaas qui a disparu dans la nature. Es-tu en train d'effectuer un voyage ancestral? J'espère que quand tu reviendras tu nous apporteras des bonnes nouvelles de la part de nos aïeux. Comment peux tu interprèter la dernière phrase de Jean Kalenga qui nous invite à la volonté, à la patience et au travail? Merci d'avance pour ton interprétation!

ayaas a dit…

Salut Lydia. Je découvre ton dernier commentaire dans un cyber à Maroua, nord-Cameroun. Suis en route pour le Tchad. Comme tu pourrais l'imaginer, un esprit nouveau m'anime pendant ce long voyage: la curiosité de vérifier la croyance ancestrale auprès des gens. Très intéressant tout ce que j'apprends depuis Yaoundé, Garoua, Mokolo, Maroua, etc. Si j'avais accès facile au net, je te ferais certaines autres suggestions pour aller plus loin dans la recherche et la réflexion. Franchement j'apprends beaucoup de convictions. Mais cela varie d'une culture à l'autre. J'aurais voulu te rencontrer en personne pour en parler de vive voix.
La patience est une vertu humaine importante mais elle frise parfois l'attentisme. L'Afrique pourra décoller, attendons, patientons, c'est beau comme discours; et le temps passe. Depuis des siècles les cases sont les mêmes, l’outil d’agriculture est le même, aucun élan vers le mieux et les ancêtres se multiplient… Il me semble que la bonne volonté ne suffit pas, il faut agir, poser des actions prophétiques capable de mettre l’Homme debout. Quand je vois tout cela, le sentiment de révolte m’envahit. A dire vrai, depuis cette discussion que tu as initiée, j'essaie de vérifier si mes ancêtres participent au développement de mon environnement. Peut-être suis encore sourd ou aveugle. Je ne vois rien. Alors laissons les ancêtres en paix, travaillons de nos mains pour améliorer nos conditions de vie humaine. La curiosité pourrait me conduire loin. Hier un vieux Mr m'a invité à passer la nuit dans sa case afin de découvrir la beauté des ancêtres pendant la nuit! Je n'ai pas osé. Mais j’aimerais bien avoir l’expérience de ces ancêtres dont tu parles tant afin d’en parler avec conviction comme toi, même si tu n’as aucune expérience en cette matière. Si je n’ai pas osé aller chez Mr, c’est parce que la nuit évoque beaucoup. Pourquoi les ancêtres ne peuvent-ils pas se manifester pendant la journée? Voilà tout pour l’instant. Une fois de plus bravo pour ton sujet de discussion et grand merci de ton attention.

Anonyme a dit…

Merci Ayaas pour ton souci de laisser les ancêtres en paix et de poursuivre notre quête du développement. Les ancêtres sont, à mon avis comme un couteau à double tranchant. D'une part retourner à leur pratique peut constituer un véritable frein au développement. Cas de refus de la haute technologie qu'ils n'ont pas connu. Tel n'était pas mon souci. D'autre pas recourir à eux peut nous aider à parvenir à un développement humanisant si nous aurons intégrer certaines valeurs qui ne sont pas dégradées comme le partage, la gratuité, l'hospitalité, etc. Ceci nous éviterait le capitalisme sauvage tel que l'on le connait aujourd'hui a avec des mots tels: "il n'y a rien pour rient", Aussi tout ne répondrait pas aux principes du marché de l'offre et de la demande; même le corps humain deviendrait une marchandise que l'on peut acheter ou vendre. Je peux ajouter la liste d'un développement déshumanisant tel que nous le connaissons aujourd'hui: As-tu appris que dans la société traditionnelle, on construisait les maisons pour vieillards et personnes du troisième âge, ou as-tu appris qu'il y avait des enfants de la rue, m^me les orphelins. C'est tout ce que l'on peut apporter au grand rendez-vous de la mondialisation.

Par ailleur, il faut reconnaitre que nous devons revoir notre attachement au travail. Pas trop de paresse pour ne produire que ce que l'on peut manger, ainsi que l'on fait les ancêtres avec raison, parce qu'ils n'ont pas connu de tracteurs et d'autres techniques modernes d'agriculture. Nous devons plutôt nous engager à lutter contre l'importation des armes, pour importer des tracteurs, moderniser notre agriculture, gérer rationnellement notre temps, nos petites ressources financières, humaines, etc selon les exigences actuelles de la globalisation mais en y intégrant les valedurs susmentionnées. Ceci nous permettrait de protéger ceux qui ne savent pas marcher au même rythme que les autres. Mes réflexions restent en cours et merci pour ton apport qui m'a permis d'approfondir ce que je venais de dire à Lydia et donc la patience et la volonté dont j'ai parlé, il ne sagit nullement d'une passivité mais utiliser rationnellement notre temps, notre espace et notre intelligence pour construire notre humanité dans un esprit d'ascèse et de sacrifice et cela demande du temps. Nous n'a&llons pas devenir la France ou la Belgique demain. Dans l'entre temps travaillons dans un esprit d'émulation personnellement et avec les autres. Pas trop perdre de temps et rien ne sert de courir mais il faut partir et encore bien partir... merci et j'attend ton apport Ayass, Lydia, Tambala, Manuella, sabou, et les autres

Anonyme a dit…

Merci Jean Kalenga!
Je croyais mettre fin à ce débat qui dure pour l'éternité. Mais comme tu me lance la balle, je réagi un tout petit peu. Je pense que le problème du travail était abordé au début du débat. C'était la préoccupation du premier intervenant. Si j'ai bonne mémoire je disais que les ancêtres ont été des grands travailleurs. Il ne peuvent pas donc être contre le travail ou contre le progrès humain. Je suis donc surprise de voir Ayaas revenir sur les mêmes choses. Penses-tu Ayaas que les ancêtres nous empêchent de travailler. Je suis bien d'accord qu'il faut travailler pour que l'Afrique se développe. Il ne s'agit pas seulement de faire la constatation que les outils u travails sont archaïques, après ce que tu as constaté qu'as-tu fais? As-tu rénové quelque chose pour aller de l'avant? La seule constatation à mon avis ne suffit pas, il faut alors proposer des pistes, des créativités pour un véritable développement. Dire laissez les ancêtres en paix; tu peux aussi le dire à Dieu, laissez Dieu en paix! Parce que ce n'est pas lui qui descendra developper le continent! Non, Ayaas, sois réaliste! Je ne suis pas contre le travail, bien au contraire!
Jean Kalenga, merci pour ton optimiste de partir et de bien partir. Si tout le monde avait cette conscience, je crois que des légers progrès allaient déjà se faire voir, mais bon, commençons à poser des actes concrets pour un lendemain meilleur!
Merci encore pour ta réaction.

ayaas a dit…

Hi, Lydia! Ce n’est pas encore fini. Sous un soleil de plomb au Tchad (43 à l’ombre), quelqu’un m’a prié de te transmettre ceci: «Ne pas tarir sur la croyance ancestrale, et surtout ne pas oublier les enfants ancêtres». Eh oui, encore eux, les ancêtres! Qui peut l’être?
J’ai appris que les ancêtres sont «des membres de la famille, dont l’esprit continue de s’associer aux affaires des vivants… La force des familles s’explique ainsi à partir de la présence des ancêtres grâce aux rêves et aux totems». Dans certaines cultures, les ancêtres sont fixés, gardés dans la famille par certaines pratiques. Ces peuples introduisent la dépouille mortelle dans un arbre creux ou plantent un arbre sur la tombe. «Cet arbre reçoit le nom du défunt, et on dépose à son pied les offrandes destinées à un esprit». Le sacrifice rituel est l’un des moyens de s’adresser aux esprits. On leur offre à manger ou on mange sur le lieu de leur sépulture pour partager le repas avec eux. «On leur fait de libations en versant leur part de boisson sur le sol…»
Le plus curieux, c’est d’apprendre aussi que certains enfants peuvent être considérés comme des ancêtres! La présence de ceux qui viennent au monde de manière miraculeuse ou avec un signe particulier montre qu’ils jouissent d’une vie antérieure à leur venue au monde. «L’enfant est en effet un ancêtre réincarné, ou le don d’un ancêtre». Quel sens donner à cette notion d’enfants ancêtres? Pas facile à saisir.

Anonyme a dit…

Avec attention je suis cette discussion depuis le début et j’admire la contribution de chacun et chacune. J’apprécie particulièrement non seulement le courage et l’optimisme mais aussi la passion avec laquelle Lydia aborde et oriente le débat. A mon humble avis, les idées et les questions qui reviennent souvent font la beauté de ce genre de discussion. Elles montrent ce qui mérite d’être creusé davantage. Les réentendre permet aux participants que nous sommes de progresser dans nos idées, nos opinions ou notre façon de concevoir ce monde africain.
Certes, ce thème culturel combien intéressant mérite d’être approfondi davantage en prenant en considération de nouveaux éléments qui s’y ajoutent notamment l’étonnante notion d’enfants ancêtres dont parle Ayaas. Est-ce seulement une réalité tchadienne? Loin de se lasser, puisque le débat n’est pas encore clos, Lydia pourrait dire si oui ou non cette notion apporte quelque chose à sa conception d’ancêtres exprimée jusqu’à présent.

Anonyme a dit…

Enfin la suggestion de Sabou me rassure car je me demandais si je pouvais intervenir dans ce débat qui donne l’impression de toucher à sa fin. Chrétienne, je lis très attentivement et discrètement vos réflexions sur ce thème. Ayant eu la chance de visiter le Madagascar où existe le rite de retournement des morts, je ne doute pas de la vie après la mort, et je n’ai aucun problème avec la résurrection des morts annoncée par Jésus Christ. Dans ce sens, les ancêtres sont une réalité et je pense qu’ils ont de l’impact sur notre vie présente. Une chose pourtant m’étonne. Réagissant au commentaire d’Ayaas, Lydia semble mettre un lien entre les ancêtres et Dieu! N’y aurait-il pas une différence entre «laissons les ancêtres en paix» et «laissons Dieu en paix»? Ne se cache-t-il pas un serpent dans ce genre de comparaison?