mercredi, janvier 17, 2007

Une amitié vraie


(Article "Une amitié vraie" et photo - Contribution par Caro)


Merci pour l’opportunité de pouvoir contribuer à la construction de ce Blog en partageant ma petite réflexion sur un sujet considéré souvent comme tabou chez nous, en Afrique. A qui la faute? Je l’attribuerais à nos cultures traditionnelles qui, parfois, étouffent la liberté individuelle. Jeune fille africaine, chrétienne convaincue, je viens suggérer une discussion sur l’amitié vraie. Si tu le juges digne, mon partage se basera à la fois sur ce que j’entends dire des autres et sur ma propre expérience. Je m’arrêterai à l’amitié avec une personne de sexe opposé. Prétendre en parler sans expérience, c’est réduire sa force, sa vitalité et son charisme.

L’amitié est avant tout une grâce, comme dit Saint Paul: «Tout est grâce». Une vraie amitié vient de Dieu et elle naît de manière libre et spontanée. Je n’oblige pas l’autre à devenir mon ami. C’est beau de la vivre quand elle vient réellement de Dieu. Accompagnée toujours des signes, l’amitié se vit dans la paix, la confiance, la communion, la vérité et la liberté. Cette liberté n’exclut pas le respect de l’autre dans sa manière de penser et d’agir. Elle me permet de vouloir le bien de mon ami et celui de mon entourage.

Le plus beau à contempler dans une vraie amitié, c’est la communion profonde qui naît, qui se vit et qui croît. Dans une telle amitié, ma prière devient une source d’énergie et de partage avec l’autre, mes pensées vont vers lui et habitent en lui. Il y a une communication mystique qui se crée, l’autre devient plus présent dans ma vie. Dieu étant au centre et l’être humain ayant ses limites naturelles, une telle amitié s’accompagne du pardon. Elle n’engendre ni préoccupation, ni peur, ni doute mais plutôt la confiance.

Quand deux personnes s’aiment comme de vrais amis, elles se partagent librement les expériences de vie, même les plus intimes car elles n’ont plus rien à se cacher. Parfois, elles ont les mêmes inspirations et elles écoutent au même moment les appels de Dieu. C’est le cas de sainte Claire et saint François d’Assise, et de tant d’autres appelés à la sainteté.

La vraie amitié est profonde et source de liberté. Elle prend racine dans le cœur de l’un et de l’autre quand existe la vérité entre les deux êtres qui s’aiment. En effet, on ne cache jamais son ami et on n’a pas peur de parler de lui aux siens. Cette amitié qui mûrit avec le temps se vit mieux entre les personnes qui ont un même style de vie, même objectif, mêmes aspirations. C’est un déploiement d’amour entre des personnes aux visions complémentaires.

Bref, certaines personnes pensent que l’amitié entre homme-femme n’est pas possible car la tentation est grande de glisser dans l’amour charnel. En toute liberté d’esprit et d’âme j’affirme que l’amitié vraie est possible aujourd’hui, en dépit de ses contraintes qui poussent à désirer que l’ami fasse ce que je veux et que j’occupe la première place dans son cœur, avec le risque d’en être jalouse. Dans l’amitié vraie règne plutôt la liberté d’identification, d’expression et de choix. Le contraire serait un esclavage, une exploitation de l’autre, une chosification de l’être créé à l’image de Dieu. En disant cela, je n’oublie pas la nécessité du discernement quotidien et de la prudence audacieuse. = (Caro) =

22 commentaires:

Unknown a dit…

Salut à tous !
Je réagis au texte sur l’amitié parce que j’estime que c’est une valeur, une grande valeur. Et ma réaction se fera en deux parties : d’abord ce que le texte de Caro aura susciter en moi et ensuite je donnerai aussi un texte qui s’intitule : éloge de l’amitié.

1. Je suis d’accord avec ce que dit Caro sur l’amitié. Pour prolonger la réflexion, une question m’est venue à l’esprit : comment distinguer ce qu’elle appelle une vraie amitié d’un amour tout court ? Ou encore, comment faire la différence entre un ami et un amoureux ? J’ai eu l’impression que cela ne transparaissait pas clairement. Et pourtant il y a une différence. Et méconnaître cette différence peut emmener à confondre les plans sur lesquels on évolue et peut être dangereux, par exemple, pour la vie religieuse.
Deux phrases qui m’ont frappé : « c’est la communion profonde qui naît, qui se vit et qui croît » et « on ne cache jamais son ami et on n’a pas peur de parler de lui aux siens »
2. A présent mon texte sur l’éloge de l’amitié.
Un adage dit que "l'ami est celui qui entre quand tout le monde sort". C'est assez significatif pour dire que l'amitié est une relation qui, à mon avis, va parfois au-delà de la relation entre frère et sœur. Une des raisons est que les frères sont frères peu importe leur relation (haine, amour, sympathie,...) cela se situe au niveau du sang et nous ne pouvons rien changer.
Par contre, l'amitié c'est autre chose. A partir de rien quelque chose naît, pousse, grandit et peut demeurer éternelle. C'est merveilleux non ! Imaginez, deux personnes qui hier étaient inconnues l'une de l'autre, aujourd'hui se rencontrent puis sympathisent et leur relation grandit s'épanouit. Pour moi, c'est plus fort que la relation de sang. On peut être frère sans être ami sinon on se tolère simplement (si ce n'était le sang, on aurait rien en commun).
L'amitié, c'est un risque qui, vécu pleinement, épanouit et réalise la personne. Risque parce que je ne sais pas à l'avance si la sympathie que je ressens est partagée et donc je me livre, je m'ouvre à l'autre. Et finalement je me mets dans une situation d'insécurité, sans défense. Justement de cette insécurité si l'autre me reçoit jaillit une paix parce que j'aurai trouvé une terre ferme. Une des vertus de l'amitié est que cette relation si elle retourne à son point de départ, c’est-à-dire à soi fausse les données. Il faut la maintenir dans une tension vers l'autre, toujours tournée vers l’autre.
De ce point de vue, je pense que pour une vocation de mariage, si elle ne passe pas par l'amitié, il y a lieu qu'elle s'écroule, qu’elle n’aille pas loin. Parce que dans le mariage c'est déjà une relation de grande intensité et qui est exclusive. Et c’est de cette exclusivité qu’il s’agit dans la différence dont je parlais. Dans une amitié, il n’y a pas cette exclusivité parce que si une relation me grandit, m’épanouie, c’est avec joie que je la proposerai aux autres. Et en cela je rejoins Caro. L’amitié est intemporelle. Cela signifie que le temps n’a pas de prise sur elle. N’avez-vous jamais fait l’expérience d’un ami que vous avez quitté depuis plusieurs années et le jour où vous vous retrouvez, c’est comme si c’était hier que vous vous êtes quitté. Pour moi, c’est une dimension qui révèle le divin. C’est formidable ! Dans une relation amoureuse, par contre, c’est justement cette exclusivité qui vient s’ajouter à l’amitié. Il y a une forte dimension de présence physique. L’autre doit être présent, là devant moi. Un autre adage dit : l’amitié vit de silence, l’amour en meurt »
Et si je spécifie davantage, je dirai que dans la vie consacrée, une amitié est possible et même nécessaire. Et pour moi, lorsque l’exclusivité s’insère dans la relation, lorsque le besoin d’être ensemble commence à l’emporter, c’est un signe que la relation est en train de changer et devenir une relation amoureuse. Ce qui n’est pas compatible avec la vie religieuse. Billy

ayaas a dit…

Caro, ton article sur l'amitié suscite non seulement l'admiration mais aussi des questions intéressantes chez bon nombre de visiteurs de ayaas, ceux et celles qui ont pu me contacter. Je me contente de mentionner, entre autres, ces 3 questions qui méritent ton attention. Tu pourras répondre à l'une ou l'autre, si tu le désires, afin d'expliciter ta pensée.
1. Qu'entends-tu par "communication mystique"?
2. Quels éléments pourraient prouver que ton ami auquel tu fais allusion vit cette relation amicale au même niveau que toi? En d'autres termes, parlez-vous (lui et toi) un même langage pendant vos rencontres?
3. L'amitié dans la vie consacrée est-elle "nécessaire", comme l'affirme Billy dans la conclusion de son commentaire?
D'autres aimeraient connaître ton profil pour te contacter directement. A toi d'apprécier la pertinence de cette suggestion.

Anonyme a dit…

Mon désir est de participer à ce débat ouvert mais j'ai peur de revivre mes échecs en ce domaine. C'est beau le texte de Caro ainsi que les commentaires que je viens de découvrir. J'espère que les questions posées obtiendront une réponse afin d'aider à mieux comprendre ce sentiment d'affection.
J'ai souvent aspiré haut mais les résultats me déçoivent. Vraiment je ne sais pas si cela dépend des autres ou de moi-même. En attendant d'y voir clair, je n'ai plus confiance aux hommes, ils sont les mêmes partout. Je me méfie de leurs beaux discours. Mon grand regret c'est d'avoir souvent été naïve. J'ai l'impression que ce n'était pas même de l'amitié mais plutôt des relations motivées par un profit. Je ne m'en rendais pas compte.
Caro tu racontes tellement bien au point de faire rêver... Puis-je te demander si cela va de soi. Je crois que l'amitié est une bonne chose, une valeur, et je ne voudrais pas étouffer mes sentiments, mais que dois-je faire pour éviter d'autres échecs? Quel en serait le secret? Ces questions s'adressent aussi à toutes les personnes de bonne volonté qui me lisent car j'ai besoin d'aide. Merci d'avance.

Anonyme a dit…

Merci pour le courage d'avoir abordé ce thème. Le mot "amitié" recouvre certains enjeux de la réalité humaine. Il vaut la peine d'approfondir la réflexion pour aider à mieux saisir ces enjeux et surtout à comprendre, dans l'expérience chrétienne, la place qui revient à l'amitié. Jésus communique certainement un message important à l'humanité quand il prend pour ses amis ceux qui marchent à sa suite; et beaucoup de saints et saintes nous ont transmis leurs expériences d'amitié. Ce n'est donc pas un sujet à négliger, en dépit de certaines limites culturelles.

Anonyme a dit…

Je suis très heureuse de lire ce sujet car j'ai trouvé beaucoup de réponse sur les doutes que j'ai parfois dans mes relations amicales
maintenant,j'ai une autre vision de ce que l'on appelle une vrai amiitié

Anonyme a dit…

Tout en disant merci pour ces beaux commentaires, je voudrais tenter de répondre à certaines questions qui m’ont été posées.
L’expression «communication mystique» a un sens spirituel. C’est un langage du cœur et de l’âme, l’instant où je suis capable de percevoir ce que l’autre vit de beau au dedans de lui-même et de lui faire savoir ma pensée, vice versa. La présence de l’autre est tellement manifeste que la distance n’existe plus entre lui et moi. Il envahit tout mon être et vit en moi comme un autre moi-même. Il s’agit donc de ma manière de parler de la ‘conformité des sentiments, des pensées et de vivre en parfaite union’ avec un ami qui se trouve à des milliers de kilomètres.

Vivons-nous cette amitié au même niveau ou parlons-nous un même langage? Je me demande s’il y a un ‘thermomètre’ pour mesurer le degré d’amitiés. Je sais simplement que mon ami a d’autres ami(e)s puisqu’il m’en parle ouvertement. Il n’est pas évident que j’occupe la première place dans son cœur comme il l’est dans le mien. Ce dont je suis sûre, c’est qu’il m’aime et je l’aime profondément. Et puisque notre amitié vise haut, chacun se réjouit de trouver une place dans le cœur de Dieu, de se sentir aimé et d’aimer, à l’instar de Thérèse de Lisieux, François d’Assise, Claire, François de Sales, Jeanne de Chantal, etc.

Peut-être pourrai-je me tromper. Je suis convaincue que nous parlons le même langage, dans le sérieux comme dans la blague, malgré nos limites humaines. Nous avons le sens du spirituel et nous nous comportons en personnes responsables et équilibrées. Pour preuve, je citerais les éléments suivants: l’amour gratuit entre nous deux, la confiance totale et le respect mutuel, le dialogue ouvert et sincère, le spirituel nous unit et non pas le matériel, bref, nous visons un même objectif: «être pour le Christ seul, la fidélité à nos engagements».

Enfin, l’amitié est-elle nécessaire? Oui et non. Elle est nécessaire quand elle est réellement une grâce, une voie de perfection chrétienne, un appel à aimer plus Dieu dans l’autre. Mais je ne recherche pas l’amitié car elle n’est pas essentielle comme l’eau est nécessaire à la vie. Je n’ai absolument pas besoin de l’amitié pour être heureuse. Je peux m’épanouir en dehors de la relation amicale dont je parle. Avec le Christ je ne manque de rien. (Suite)

Anonyme a dit…

En lien avec le commentaire touchant de Michou, je dirais que les hommes sont les mêmes partout dans le monde mais chacun est unique. J’ai eu aussi des échecs et des déceptions dans la vie mais je ne me suis pas arrêtée à cela! Je n’ai pas cessé de recommencer, d’aimer et de fleurir l’amour dans le jardin de mon cœur. Cesser d’aimer serait contraire à ma vocation baptismale qui consiste à faire rayonner l’amour en moi-même et autour de moi, à faire jaillir le sourire là où le monde en a le plus besoin…
Pour y parvenir ou mieux pour réussir dans l’amitié vraie, la prière est indispensable. En effet, il convient de confier régulièrement son amitié au Seigneur et de prier pour son ami. Sans me laisser emporter par de belles paroles, je dis souvent à mon Jésus: «Ecoute ce qu’on m’a dit, ne me laisse pas faillir à mon engagement, soutiens-moi et purifie mon amitié». C’est dire que l’amitié ne va pas de soi, il y a tout un combat à mener. Sa réussite dépend à la fois de la grâce divine qui l’accompagne, de moi-même et de mon ami. Ce n’est donc pas une affaire d’effort personnel.
Par ailleurs, il serait aléatoire d’affirmer que tous les hommes sont mauvais à partir d’un ou deux échecs. Ne pourrait-on pas dire la même chose du monde féminin? N’hésite surtout pas à recommencer si le cœur t’en dit.

Anonyme a dit…

Quelle réflexion, si intéressante!
Cette dernière m'a aidé à réfléchir sur mes propres amitiés.Merci donc à Caro pour cette initiative; et merci aussi à tous ceux qui ont voulu faire un commentaire là-dessus.
Dans le commentaire de Billy, j'ai été touchée par l'adage qu'il a évoqué, à savoir: "l'ami est celui qui entre quand tout le monde sort".Cela fait voir combien une amitié vraie et sincère peut aller au delà des relations de sang et autres.
J'aimerai poser une question à Billy: Dans l'amitié entre religieux, lorsqu'on sent venir l'exclusivité et le besoin d'être ensemble, comment doivent réagir deux amis qui, depuis longtemps, vivent une amitié sincère? Continuer à s'aimer comme avant? Mais les tendances charnelles demeurent! Comment doivent-ils alors vivre leur amitié?

ayaas a dit…

S’agit-il d’une amitié privilégiée ou d’une amitié sainte? Telle est la question essentielle que je me pose, après avoir lu attentivement cet article et les commentaires de Caro. Tout porterait à croire que sans avoir besoin de se trouver toujours ensemble, Caro et son ami savent qu'ils sont très intimement unis. Leur amour est ‘connaissance, ouverture, transparence, regard réciproque, attention profonde, affection sans borne, présence si intérieure que chacun "vit" l'autre, dans ce qu'il est au plus profond de lui-même; un immense amour qui peut être parfaitement chaste même s'il est intensément ressenti dans le cœur’.
Pour Xavier Thévenot, une amitié privilégiée signifie «un lien affectif fondé sur la sympathie qui pousse à une communion profonde, tant dans le domaine des idées que dans celui des sentiments, et qui se traduit par une réciprocité réelle des confidences sur soi-même. Dans un tel lien, l’autre est objet d’attention privilégiée et source spécifique de joies et de préoccupations. De plus, les partenaires d’une telle amitié sentent que la force du désir sexuel n’est jamais totalement absente, même si elle est maîtrisée.» L’amitié privilégiée peut être positive mais elle est chargée d’ambiguïté. Elle peut être symptôme et occasion d’aliénation ou représenter une infidélité profonde. Elle peut aussi s’accompagner d’un processus libérateur de maturation des personnes.
Dans ce contexte s’impose l’opération dite vérité, le courage d’être vrai avec soi-même. Le discernement devrait se faire par rapport à la vertu de chasteté. Entendons par chasteté l’expression du respect que l’on a pour soi et pour les autres. En effet, ‘est chaste non pas celui (ou celle) qui ne sait pas aimer, mais celui (ou celle) dont l’amour est tout libéré du charnel, de l’attachement sensuel et de l’égoïsme. Est chaste celui (ou celle) qui aime l’autre comme une personne, et non comme une possession, objet de plaisir ou de domination’.
Et puisqu’il y a plusieurs formes d’amitié, le discernement devient plus évident en se référant à François de Sales que Caro prend pour inspirateur. Dans l’Introduction à la vie dévote, la pensée du saint homme sur l’amitié nous entraîne à son cœur affectif. Il a vécu ce qu’il a écrit car il est impossible de ne pas aimer. En effet, l’amour est la «passion de l’âme qui tient le premier rang», «le roi de tous les mouvements» intérieurs de l’homme ou de la femme.
Comme conditions, l’amitié exige la réciprocité et dépend de la bonne communication entre des personnes aimées. L’amitié vaine ou mondaine se fonde sur les plaisirs sensuels et les vertus frivoles, tandis que l’amitié vraie ou sainte consiste à aimer d’un grand amour charitable et à ne communiquer que des choses vertueuses. Elle doit tendre vers la perfection de l’âme dans le Seigneur, source de tout amour. Il ne s’agit donc pas de l’amour simple de charité qui doit être porté à tous les hommes, mais de l’amitié spirituelle par laquelle deux ou trois ou plusieurs âmes se communiquent leur dévotion, leurs affections spirituelles et se rendent un seul esprit entre elles.
Somme toute, l’amitié vraie est toujours digne, elle n’est pas jalouse, elle ignore la distance et elle a un fondement éternel. Ouf! L’idéal est esquissé. D’aucuns diraient que c’est plus facile d’en parler que de le vivre. Les expériences varient d’une personne à l’autre… Je ne pense pas avoir cédé à la tentation de répondre aux préoccupations de Michou et Maria.

Anonyme a dit…

Maîtresse de l’école Marie Immaculée, je suis d’accord avec toi Caro bien que je sois une femme mariée. Une amitié vraie profite à tous. En fait, une amie ou un ami est de prime abord un frère ou une sœur qu’on s’est choisi, vers qui notre cœur nous a orienté. Cela est attachant et marquant par les moments de qualité que l’on passe ensemble. On a le même langage d’amour fraternel. Très souvent on n’est pas différent dans les avis, leur différence représente même une autre richesse pour le couple d’amis.
Pour répondre à Michou, si je peux me permettre, je pourrais dire que la vraie amitié est rare et qu’il s’agit en réalité d’un don que Dieu accorde à deux âmes sœurs. Cela n’est pas facile à trouver mais le jour où l’on a la chance d’en trouver, on ne s’en passe pas. En plus, ça se remarque par le désir qu’a l’autre de me plaire et d’éviter de me blesser, par le bonheur et la joie que je trouve en sa présence. Tout ceci est divin. Je ne sais pas si c’est possible par nous-mêmes de trouver une amitié vraie, sans la main de Dieu. Il faut être patient car à chacun son don. Clarisse (cassouna@yahoo.fr)

Anonyme a dit…

Ces derniers temps je reviens fréquemment sur ce blog dans l’espoir de trouver quelques échos de mon cri d’appel. Merci Caro pour tes mots d’encouragement. Tu me suggères de recommencer, ce qui n’est pas chose facile au niveau où j’en suis. Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de dire si je prie ou non, si je crois en Dieu ou pas, si je partage les mêmes convictions que toi… Il me suffit de partager mes préoccupations en tant qu’être humain. Je me sens un peu frustrée quand on lie trop l’amitié au don qui viendrait de Dieu.
Me renvoyant à moi-même, le commentaire d’ayaas me confirme que ce n’était pas de bonnes amitiés que je vivais auparavant. Je l’ai avoué, ce n’était pas facile de m’en rendre compte. Et même si je m’ouvrais encore à une amitié aujourd’hui, je ne suis pas sûre de découvrir sa qualité dès le début de l’aventure.
Quant à Clarisse que je remercie également, elle fait certainement allusion à l’amitié dans le mariage. Là encore je me demande s’il faut parler d’amitié ou d’amour matrimonial. Je pense toutefois qu’un mariage solide est fruit d’une bonne amitié. Un mariage où les partenaires ignorent leurs vrais salaires, par exemple, n’a rien de commun avec l’amitié qui exige la transparence… Comme pour enfoncer les clous Clarisse me prie de patienter, les vraies amitiés sont rares, ce n’est pas donné à tous. Y aurait-il une catégorie des personnes que Dieu en question laisserait de côté? Ne pourrais-je pas me considérer dans ladite catégorie pour n’avoir pas eu la chance ou ce que tu appelles don? Merci d’avance pour le temps que tu prendras de clarifier cela.

Anonyme a dit…

Bonjour "ayaas"! Comme je suis un peu rare à l'Internet, ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai vu les autres commentaires; ils m'intéressent aussi. Mais il reste encore des questions auxquelles on n’a pas répondu. Je compte lire les concernés un de ces jours. A bientôt! Julie

Anonyme a dit…

Salut à tous ! Je n’ai pas pu réagir plus tôt à cause d’un problème de connexion. Je suis content que le sujet ait suscité tant de réaction et surtout ait contribué, tant soit peu, à aider. Je ne voudrais pas être long mais je vais commencer par répondre à la question qui m’a été posé et je ferai allusion aux autres réactions.
La question est venue de Maria. Elle voulait savoir comment réagir face à une amitié qui devient exclusive entre religieux. Tout d’abord je reprends ce que j’ai dit à la fin de ma première réaction : l’amitié dans la vie consacrée est possible et même nécessaire. Je dirai même que c’est vital. C’est un moment de croissance et d’épanouissement pour les deux religieux. Comme le dit Caro, la prière est nécessaire. Je me dis toujours que même en étant religieux, on ne supprime pas la possibilité de déviation, les moments de faiblesses. Si l’un traverse un moment de faiblesse et qu’il est tenté de particulariser la relation, il faut que l’autre soit fort pour l’aider à se ressaisir. Et donc, je dirai à Maria que les moments de faiblesses arriveront à un moment ou à un autre. Il faut seulement être attentif et ne pas se laisser surprendre. Je dois aussi dire que la situation qui m’effraie est que ce moment de faiblesse arrive au même moment aux deux religieux. C’est une situation que je ne souhaite à personne. Dans ce cas, il faut nécessairement recourir à une tierce personne.
Par rapport aux autres réactions, je voudrais dire que j’étais vraiment touché par ce qu’a dit Michou. Ce sont des cas qui arrivent malheureusement bien souvent. Certains ont parlé de l’amitié comme d’un but à atteindre, d’une réussite comme dans un concours. Je ne suis pas tout à fait d’accord. Il n’y a pas de critères ou une liste de conditions à remplir pour dire à la fin que celui-ci est mon ami, celui-là non. Il y a des personnes avec qui on voudrait vivre plus mais cela n’est pas possible ; quoique l’on fasse, on reste à une sympathie, une camaraderie. C’est dire que l’amitié ne se force pas, ne se cherche pas mais on l’accueille. Il n’a pas de recette magique ni de secret. Donc, Michou, ne te décourage pas et surtout tu n’es pas condamné ni damné.
Un autre élément que je voudrais souligner c’est le caractère désarmant c’est-à-dire que dans l’amitié le fait de s’ouvrir à l’autre, je me livre, je trouve en insécurité, sans défense face à l’autre. Et l’autre peut ou ne pas me recevoir. Et donc s’il ne me reçoit pas, la relation restera à un niveau bas et n’évoluera pas vers l’amitié ou peut disparaître.
Je crois que c’est Ayaas qui a parlé d’une certaine ambiguïté. Et en lisant ce que Caro a écrit sur la communication mystique, je me suis posé la question de savoir comment fait-elle la part des choses entre une amitié telle qu’elle le décrit et la relation dans le mariage ? Et par là aussi je voudrais poser une autre question à Clarisse : qu’est-ce qui dans le mariage s’ajoute à l’amitié pour créer cet autre type de relation présent dans le mariage ? Billy

Anonyme a dit…

On ne peut pas parler de l'amitié sans avoir au cœur celui que l'on aime. L'amitié est un échange mysterieux qui fait réjouir le cœur et fait grandir l'âme. Teresa

Anonyme a dit…

Je suis très heureuse de voir progresser ce débat grâce à vos commentaires enrichissants. Une fois de plus merci de tout cœur.
Je voudrais m’adresser encore à Michou. Je ne saurai pas te répondre sans tenir compte de ma foi car Dieu vit en moi et ma vie s’enracine en Lui. Avec lui, j’essaye de lire toutes les expériences de ma vie et mon histoire; en lui tout trouve sens.
Même sans référence à la foi, je te dirais la même chose: «recommence même si la douleur te brûle les yeux». Je comprends ta peine et je sais qu’on ne guérit pas ses blessures en un seul jour. Les commentaires de Billy, d’ayaas, de Clarisse et de moi-même peuvent t’aider à te reprendre en main et à refaire ton histoire. Nous avons toujours besoin d’une gomme pour effacer ce qui a raté afin d’écrire à nouveau. J’imagine que tu es une femme de grandes capacités d’aimer et de faire rayonner la vie. Ne renonce pas à l’effort d’apprendre encore à marcher malgré les chutes, comme le fait un enfant devant sa mère. Mère Teresa de Calcutta te dirait avec force: «la vie est un défi, fait-lui face; la vie est une tristesse, surmonte-la; la vie est un combat, accepte-le…»
Ma conviction est que l’amitié est un don qui n’est pas réservé à une catégorie des personnes. Elle naît et grandit (cf. Billy) jour après jour dans le cœur de l’un et de l’autre. Elle croît dans la mesure où je me donne. Elle s’intensifie selon l’importance et la confiance que j’y mets. Cela dépend de l’amour que je donne et de la manière dont je reçois la main que l’autre me tend.
Certes, tu as parfaitement raison de dire: «je ne suis pas sûre de découvrir sa qualité dès le début de l’aventure.» Ce n’est qu‘au fil de temps que l’on découvre la qualité d’une vraie amitié. Il convient donc d’espérer qu’un jour tu obtiendras la faveur de vivre une vraie amitié. Mon Dieu aime tout le monde, il se donne à tous et à chacun même à toi. Il suffit de lui ouvrir ton cœur, en réponse à son amour, afin qu’il te comble de ses grâces. Je le dis en tout respect de ta liberté. (Caro)

ayaas a dit…

Après avoir considéré la réaction de Billy, je voudrais continuer la réflexion sur la préoccupation concrète de Maria en abordant le sens de responsabilité personnelle dans l’amitié, si belle aventure humaine et spirituelle et cependant combien fragile. Teresa l’exalte en ces termes plus contemplatifs: l’amitié «fait réjouir le cœur et fait grandir l’âme».
Loin d’être contraire à la vertu de chasteté, l’amitié vraie permet l’épanouissement d’un amour du Seigneur qui aurait été impossible sans elle. Pourtant le fait d’être religieux ou religieuse n’enlève rien à la nature humaine. Le corps peut revendiquer son droit même en pleine contemplation qui réjouit l’âme. Chose évidente, ceux et celles qui s’engagent dans de profondes amitiés découvrent qu’ils sont toujours hommes et femmes.
Ainsi, ‘lorsque l’on sent venir l’exclusivité et le besoin d’être ensemble’, le mieux serait de commencer par repérer la cause de ce changement d’attitude en se soumettant à l’opération vérité. Il ne suffit pas de diminuer la fréquentation et de refouler les sentiments. Faut-il encore être responsable de sa vie et prendre conscience de son identité profonde. Puisqu’un ami ou une amie peut éveiller un désir de plaisir charnel, il faut en toute rencontre trouver la manière chaste de se comporter à l’égard de l’autre et de contrôler ses propres désirs et impulsions.
Illusion à part, «le terrain est glissant», constate Matungulu Otene. En effet, «même l’amitié la plus spirituelle met en jeu la totalité de l’être humain. Ainsi, ni l’amitié ni l’amour ne tendent à une relation désincarnée, qui finirait par faire abstraction de notre condition d’homme et de femme.» Par conséquent, il faut rester prudent, «car celui que nous appelons l'ange de lumière peut nous faire croire que la chair est devenue pour nous sans danger (...) Il faut toujours veiller pour permettre à nos amitiés de se développer dans une totale chasteté», dit Yves Raguin.
Dans ce contexte, exercer sa responsabilité implique un triple engagement. Chacun doit être vrai avec lui-même, ‘en nommant les choses par leur vrai nom’ (ex. amour, aventure) et en regardant la réalité en face, parfois avec l’aide d’une personne capable d’aider à faire la lumière. Puis exercer sa responsabilité quant aux gestes. ‘Un même geste peut être ressenti très différemment par les deux partenaires’. Enfin, vivre une certaine ascèse, car ‘aimer c’est toujours faire l’expérience de ruptures’. La rupture s’impose quand la fidélité à ses engagements en souffre, «tant l’amitié prend tournure d’amour conjugal», comme l’explique si bien Xavier Thévenot.
Certes, ‘l'amour rend service’. Les amis ont le devoir impérieux de s’aider à grandir harmonieusement dans la foi. Mais quand l’amitié empêche l’ouverture à Dieu et au monde, elle mérite d’être assainie. François de Sales dirait radicalement: «Il faut les ciseaux et le couteau» pour rompre avec l’amitié qui entraîne à l’infidélité. Malheureusement, considéré souvent comme blessure, cet arrêt qui exige le respect mutuel et le dialogue profond n’est pas facile à vivre. Chacun devrait avoir le réel courage d’assumer sa responsabilité en acceptant le sacrifice surtout quand on ne regarde plus dans la même direction, quand la relation interpersonnelle constitue une menace, un risque pour la consécration.

Anonyme a dit…

Bonjour à tous et merci pour vos questions qui me permettent de clarifier mes idées, dans la mesure du possible.
Je m’adresse tout d’abord à Michou que je trouve très gentille et très intelligente rien qu’en la lisant. C’est dommage que je ne puisse savoir dans quel cadre tu as été déçue. Tu sais? Tout dépend de l’angle sous lequel je vois la vie et du contexte dans lequel je me trouve. Si je vois tout en noir, la moindre petite faute de l’autre me blessera. Mais si je suis réaliste et que je sais que chacun est une entité fermée (N.B : tous nos cerveaux sont fermés à l’œil nu), alors je prends ma joie dans les petites choses.
Nous sommes tous à la recherche du bonheur et ce bonheur, je ne peux l’avoir tout seul. Michou, tu dois apprendre à te réjouir de petits moments d’attention que t’offrent ceux qui t’entourent. L’amitié est comme le dit Billy, spontanée; on ne la recherche pas; elle a des étapes qu’elle doit suivre comme toute action humaine.
Je pense, Michou, qu’il faut que tu définisses les limites de tes relations, toi-même d’abord, au fur et à mesure que celles-ci progressent. Peut-être il te faut être prudente et surtout patiente, car, je pense que ton futur meilleur ami n’est pas loin de toi. Si tu as mal, c’est une raison de rebondir et de mieux définir tes limites. Quant à moi, je t’encourage dans ta quête de l’amitié et t’exhorte à apprécier chaque amour et chaque chose à sa juste valeur, avec joie.
Pour répondre à tous, je veux préciser ici que l’amitié que j’ai vécue et que je vis n’est pas l’amour marital. Il faut que nous soyons clairs: un ami est un frère que mon cœur choisit, et je suis donc libre de mettre fin à mon amitié si elle ne correspond pas à mes aspirations.
A toi Billy, est-il indispensable d’avoir un ami ou une amie? Pourquoi as-tu pensé spécialement à l’amitié entre fille et garçon, alors qu’il en existe aussi de très vivante entre homme et homme, femme et femme? (Clarisse)

Unknown a dit…

Salut à tous!
Je suis entièrement d'accord avec Clarisse dans son dernier partage. Pour sa question, je dirai que pour moi, l'amitié est indispensable et même vitale pour l'homme. D'abord parce que l'homme est un être social c'est il vit toujours avec les autres. Comme tout le monde ne peut pas être son frère, et il ne peut non plus développer un amour exclusif avec tous, je trouve que l'amitié est le lieu où s'épanoui une large partie de ses potentialités. L'homme a besoin de vivre quelque chose de fort, d'intemporel sans être déterminée(cosanguinité) et sans être exclusif (amour). Et quand je parle d'amitié, je ne fais pas de différence entre garçon ou fille. J'ai seulement apporté une nuance par rapport à notre discussion et l'orientation qu'elle avait prise.
Mais Tu n'as pas répondu à ma question concernant l'ajout dans une relation maritale par rapport à l'amitié.
J'ai comme l'immpression que plusieurs ont trouvé réponse à leur questionnement, ce qui explique la baisse des nombres de partage. Si tel est le cas, il faut remercier Ayaas pour avoir pris cette initiative. Billy

Anonyme a dit…

Hello! J'ai suivi cette discussion intéressante depuis le début. J'ai eu aussi à lire d'autres textes du même thème sur le net. Quelques passages du texte d'Angélique que beaucoup connaissent peut-être, ont retenu mon attention et me font peur. Les voici:
"... Une vraie amitié
Commence tout d'abord par une relation
Ensuite viens une profonde amitié
Un amour parfait !
Pour avoir une vraie amitié, il faut s'investir aussi.
Cela prend du temps pour construire une vraie amitié !
Tout comme avec Dieu cela prend du temps et de l'énergie pour pouvoir avoir une profonde amitié !
A la grande différence qu'avec lui nous pouvons être surs que rien ne nous séparera de son amour et que sa fidélité sera toujours identique !"
J'ai l'impression que ce texte répond à certaines questions de cette discussion. Toutefois, il m'incite à demander si l'amour parfait existe sur cette terre. En outre, l'idée d'une amitié vraie qui se construit avec le temps ne met-elle pas en cause la conception d'une amitié comme don? Pourquoi le temps et l'énergie pour une profonde amitié? J'avoue que j'en ai peur malgré mon tempérament d'homme serein et paisible.

Anonyme a dit…

Il paraît que l'amour parfait n'existe pas sur cette terre. Peut-être Angélique veut-elle parler d'une relation libérée de l'égoïsme, ou d'un amour en purification. Je soutiens cependant son idée d'une amitié qui se construit avec le temps car je ne peux pas prétendre connaître l'autre en un seul jour et l'autre ne me fait pas totalement confiance d'un seul coup. Dans ce sens, je n'y verrais aucune contradiction avec l'amitié considérée comme un don. Je pense que c'est st Paul qui affirme que nous tenons la grâce de Dieu dans des vases d'argile. Il faut donc déployer quelque effort pour faire grandir ladite grâce en soi. Je dirais aussi que le mariage auquel j'aspire est un don mais cela ne va pas de soi. T'as raison Théo d'avoir peur. Dans mes amitiés, je ne vois aucun instant que je qualifierais d'amour parfait. C'est souvent intéressé, d'une manière ou d'une autre. Qui ne se réjouit pas de la consolation reçue d'un ami ou d'une amie?

Anonyme a dit…

Théo, je pense que la réponse de Beny pourra te satisfaire. L’amour parfait n’existe pas. Toutes nos amitiés doivent tendre vers la perfection. Le fait que nous soyons des êtres fragiles et imparfaits, des êtres qui ont constamment besoin d’offrir et de recevoir le pardon, signifie que nous ne sommes pas capables de vivre l’amour parfait dans nos relations amicales. Du moins le désir de créer l’amitié parfaite y est et demeure en nous.
«L'idée d'une amitié vraie qui se construit avec le temps ne met-elle pas en cause la conception d'une amitié comme don?» Je dirais que l’amitié reste un don; mais un don offert et récupéré cesse d’être un don. Par conséquent, je dois soigner ce que je reçois comme présent pour qu’il garde sa valeur. L’amitié comme don a effectivement besoin de temps pour croître. L’exemple le plus simple qui me vient à l’esprit est celui d’un enfant. Il est un don dans une famille mais il faut le nourrir et prendre soin de lui pour qu’il grandisse. Il en est de même avec nos relations amicales. (Caro)

loumita a dit…

Un salut fraternel à tous les participants de ce blog, je suis nouvelle et je suis tombée par hasard sur cette page mais je ne le regrette pas car les commentaires et les sujets m'interessent beaucoup, j'espère pouvoir participer en apportant aussi mon point de vue sur les sujets et en lisant aussi les vôtres, Joyeux Noël et heureuse année à tous, bye