mercredi, juin 26, 2013

Vie religieuse en perte de vitesse

(Justino - Article d'Ayaas) - ayaas.net


Quelle est ta perception de la vie religieuse dans l’aujourd’hui du monde africain? Telle est la question combien pertinente d’une visiteuse d’ayaas à un jeune père de famille. Voici quelques extraits de sa réflexion qui mérite non seulement notre attention mais aussi et surtout un débat susceptible d’éclairer les motivations vocationnelles. Qu’en pensez-vous?

Ma perception de la vie religieuse?  Je dirai que c'est une vie noble que de servir le Seigneur en toute disponibilité et de manière intégrale. C'est une vie consacrée qui a tant d'exigences auxquelles il faut obéir pour être un vrai témoin de Jésus à travers le ministère apostolique pour la gloire de Dieu et le salut du monde. Cependant, la vie religieuse actuellement vécue est en perte de vitesse pour plusieurs raisons dont notamment:
  1. la mauvaise conception de la vie religieuse par la jeunesse actuelle;
  2. la recherche du gain facile par cette même jeunesse;
  3. la pauvreté et la misère des familles incitent les enfants au couvent comme refuge;
  4. la méconduite de certains membres du clergé qui décourage les vocations ne prêchant plus par l'exemple, pour ne citer que ceux-là.
Du moins, j'ai beaucoup de respect et surtout d'estime pour bon nombre de Religieux et Religieuses car, ils incarnent les valeurs sûres et nobles de l'humanité quant à la vie tant morale que chrétienne. Ainsi, nous prions pour que le Seigneur les accompagne et soutienne leurs efforts dans le sens du bien et à lui demeurer fidèle par leurs engagements dans le contexte du monde actuel.

Que "ton Oui soit Oui" au Seigneur, à l'instar de la Vierge Marie! J'espère n'avoir pas la prétention de tout dire. Certes, cette petite réflexion pourra édifier ta vocation qui doit être arrosée chaque jour et qui mérite un entretien de manière permanente et constante. (Justino)

15 commentaires:

ayaas a dit…

Selon la mentalité courante, les parents qui font étudier leur enfant au prix de bien des sacrifices attendent de lui l'amélioration de leur condition de vie.[...]Ainsi,la pratique du vœu de pauvreté pose surtout problème face à ceux qui voudraient dépendre de nous. En effet, mis à part l'égoïsme personnel, la pauvreté religieuse devient difficile en Afrique à cause de nos familles (au sens africain). Leur situation matérielle nous conditionne. Ainsi paraît absurde d'émettre le vœu de pauvreté alors qu'on est naturellement pauvre. A quoi renonce-t-on afin de ne s'attacher qu'au Christ? Et qu'apporte-t-on à la congrégation? Voilà qui suscite parfois le doute sur la motivation des jeunes vocations du Tiers Monde. (Religieux africain de l'an 2000)

alice a dit…

J'ai une petite sœur qui est religieuse, la famille la respecte dans son choix de vie comme elle me respecte aussi dans mon choix de mariage. La famille connait les exigences de sa vocation et elle ne lui demande rien de matériel sinon la prière afin que le Seigneur nous protège. La sœur elle-même ne nous donne pas l'impression d'être malheureuse au couvent et de profiter des biens de sa communauté pour les donner à sa famille. Puisqu'elle a fait le voeu de pauvreté, nous savons qu'elle n'a rien et qu'elle dépend de sa communauté. Le jour où sa vocation ne marchera plus, elle ne s'en prendra qu'à elle-même et non pas à sa famille. Elle le sait, nous le lui disons souvent. Peut-être a-t-elle bien compris son choix de vie. Le contraire m'étonnerait car elle est heureuse, du moins jusqu'à maintenant. Par ailleurs, je reconnais que certaines religieuses vivent sous la pression familiale. Les attentes sont parfois très nombreuses qu'elles ne s'en sortent pas!

fifie a dit…

Je crois que la vocation est un don; qui dit don dit grâce divine; Dieu l'accorde à qui il veut indépendamment de nos dispositions individuelles, du rang social de nos familles. Que ma famille soit riche ou pauvre, Dieu peut librement appeler qui il veut pour en faire son instrument. Des failles, on en trouve partout, ailleurs comme chez nous en Afrique. Je dis simplement que la qualité de la vocation dépend de la profondeur de l'intimité à Dieu, de l'élan de fidélité à celui qui appelle et non pas de la situation sociale de la famille humaine! merci Seigneur parce que tu ne fais pas de différence entre les personnes...

Roger a dit…

1. Bonne petite réflexion, elle mérite effectivement mon attention. J'aimerais que l'auteur nous indique quelques éléments qui prouvent que la vie religieuse est en perte de vitesse dans le contexte de son pays ou de son milieu de vie. J'aurai voulu aussi que l'auteur dise en quelques mots comment la jeunesse d'aujourd'hui conçoit-elle la vie religieuse? La réponse à ces deux questions pourra m'aider à entrer dans le vif du sujet.

Etienne a dit…

Merci justino pour ton observation, je suppose que tu es chrétien convaincu et pratiquant, voilà pourquoi tu restes attentif à notre style de vie. J’en sais quelque chose et je dois avouer que ce n’est pas facile: il y a beaucoup de renoncements et de frustrations. Le vrai malaise c’est moi-même à cause de mes limites humaines et non pas ma famille ou quelqu’un d’autre. Il en est de même aussi dans la vie de mariage, tu ne me diras pas le contraire. Chacun chacune devrait être heureux dans son choix de vie, mais quand cela manque, on peut se demander si l’on est à sa place! Cette question je me la pose plusieurs fois par jour…

Blaise a dit…

Lorsque les gens me demandent pourquoi je suis devenu religieux, je réponds que je ne sais pas. Mauvaise réponse parce qu’elle surprend ! Mais moi, je sais ce que je dis, je ne peux pas prétendre connaître les motivations profondes de ma vocation puisqu’il s’agit de ma réponse individuelle à Celui qui appelle à son service. Or Dieu est mystère. Voilà pourquoi la vie religieuse aura toujours son sens malgré les limites de ceux et celles qui s’y engagent. C’est ma conviction.

judith a dit…

Ma plus grande joie de religieuse c’est de me sentir appelée et aimée de Dieu indépendamment des conditions de vie de mes parents. Dieu sait ce qu’il fait et je n’ai aucun souci. Le jour où je manquerai de persévérance, j’en serai responsable. Ce serait une erreur de penser que c’est la faute de ma famille comme je l’entends souvent parmi les personnes consacrées. Je suis la seule responsable de mes choix car je suis libre, dans le Christ.

paulin a dit…

la vie religieuse est secouée elle aussi par le phénomène de sécularisation. parfois, les religieux et les religieuses n'ont plus d'attraction à exercer sur les jeunes d'aujourd'hui qui ont d'autres priorités, il n'y a plus de vertus à inspirer tellement qu'ils (religieux) veulent imiter la société dans laquelle ils vivent! on dirait que certains parmi eux sont plus sécularisés que le monde... ce n'est qu'un constat. les jeunes ne voient plus tellement de modèles de vertus chrétiennes comme autrefois dans l'Eglise. dans ce contexte les jeunes ne peuvent avoir qu'une "mauvaise conception de la vie relgieuse", comme l'affirme l'auteur de cet article.

paulin a dit…

effectivement, je suis surpris d'apprendre que tu ne sais pas pourquoi tu es devenu religieux! ne me dis pas que tu as quitté la maison de ta parents sans raison! est-ce la folie??? le fait que Dieu soit mystère ne devrait pas t'empêcher de dire les raisons de ta foi, n'est-ce pas? peut-on aller aveuglement vers un engagement aussi exigeant que ta vocation religieuse???

Blaise a dit…

Chose évidente Dieu est MYSTERE. Je peux connaître et dire à haute voix les raisons de mon engagement, cela signifierait-il que je connais la volonté de Dieu sur moi? puis-je affirmer avec la plus grande certitude que je ne me suis pas trompé de voie? mes motivations sont-elles vraiment authentiques? ne me suis-je pas laissé emporter par l'enthousiasme religieux? voilà qui justifie mon "je ne sais pas". voilà qui motive aussi ma recherche constante de la vérité. Est-ce manquer de bon sens?

GRACE ADA a dit…

Je voudrais d'abord dire merci à Justino pour sa brillante réflexion par rapport à la vie religieuse et son estime pour cette vie. En tant que religieuse cela me fait cogiter. Disons-le la jeunesse actuelle a une conception erronée de la vie religieuse. Pour certains c'est du gaspillage, une vie privée de liberté, donc dure à vivre car cette jeunesse est très souvent influencée par la mondialisation ; d'où ce phénomène de sécularisation et donc allergique à un choix radical de vie. Par ailleurs Justino a oublié que si c'est à cause de la pauvreté que les jeunes se consacrent au Seigneur, nos couvents seraient plein à craquer, malheureusement c'est le contraire ; les couvents se vident plutôt. Je pense que le Seigneur fait de moi son instrument pour faire rayonner le visage de la vie religieuse face à mon entourage à chaque fois que je prends au sérieux mon choix de vie en exprimant la joie qu'une telle vie me procure. A ma famille, mon apport précieux c'est la prière, pas le matériel car je n'en ai pas et elle de sa part me soutient dans mon choix. Cependant les religieux (ses) doivent vraiment prêcher par le témoignage en vivant en conformité avec les exigences de cette vie car ils sont dans le monde et non du monde. Pour ce faire, ils doivent surtout compter sur le Seigneur, Source de toute grâce à travers une relation personnelle avec LUI afin de mener une vie digne. En tous cas la vie religieuse reste une vie prophétique et ne perdra jamais sa pertinence car c'est le Christ qui la refait et la fait vivre contre vents et marrés, c'est ma conviction profonde. Prions pour les religieux (ses) mais également pour le monde. Merci Justino.

GRACE ADA a dit…

salut ayaas. La pauvreté religieuse selon moi ne signifie pas seulement renoncement aux biens matériels mais également renoncement à une possession personnelle des biens pour les religieux (ses) réguliers bien sûr. Rien ne m'appartient personnellement au sens strict du terme mais tout appartient à la congrégation, je ne suis qu'une gérante et non propriétaire. Dans ce sens là aussi c'est un grand renoncement à mon avis. Et n’oublie pas ayaas qu'on est toujours riche de quelque chose même si cela ne relève pas du matériel. Dans ce sens là aussi l'Africain est une grande richesse pour sa congrégation.

anne a dit…

Et pourtant l'apôtre des nations, Saint Paul, nous dit: ne prenez pour modèle le monde présent. Son modèle à lui c'est le Christ! Qu'en penses-tu Paulin? ma vocation de femme consacrée dans l'église devrait-elle dépendre de Jésus qui appelle ou des aînées que je vois vivre, dans les hauts et les bas de leur existence? Merci.

ayaas a dit…

Merci ADA pour ton partage. Je n'en disconviens pas, mais la pauvreté religieuse est une notion relative. Ce qui est pauvreté pour toi ne l'est pas nécessairement pour moi ou quelqu’un d’autre. Ma question : à quoi renonce-t-on réellement ? Soyons réalistes. « Renoncement à la possession personnelle des biens » ! Et pourtant chacun, chacune à ses biens personnels tout en étant en communauté ! Tu ne me diras pas que la montre, les chaussures, le téléphone portable, pour ne citer que cela, appartiennent à la « communauté ». Il me semble que ce sont tes biens quand bien même offerts par ta communauté. Tu ne les partages pas souvent avec d’autres personnes… Certes, chacun, chacune est une richesse de par sa personne au service de la congrégation et de l’église, mais pour exercer plus efficacement ta mission, tu auras plus besoin de biens matériels que ta propre personne !!! à suivre…

ADA a dit…

Excellente idée ayaas. Mais tous les biens que tu as cités ne sont pas partageables pour question d'hygiène et de respect pour l'autre. Les vrais biens comme maison, voiture... ne m'appartiennent pas personnellement et si je fais le contraire c'est une défiance, une transgression tu le sais. Pour l'efficacité de ma mission j'aurais besoin du matériel, c'est vrai mais je voudrais juste dire que moi, en tant que religieuse, je dois faire attention. Les choses ne sont pas faites pour aimer mais pour utiliser et les personnes pour aimer. Je ne me soucis pas trop du matériel pour la mission mais plutôt de la manière d’aimer, de témoigner et de servir. Merci ayaas.