vendredi, juin 11, 2010

Ouvrir pleinement la porte du sacerdoce royal


Dans la conclusion de sa réflexion «Rien n'est perdu de notre Espérance», inspirée de la méditation missionnaire du Père W. Steckling sur «Les vocations dans le monde occidental», madame Denyse Mostert écrit: «Nous avons tous à dire Jésus Christ en Église. Et si notre Église ouvrait pleinement la porte du « Sacerdoce royal » à tous les baptisé(e)s, n’y aurait-il pas là un grand pas vers le Royaume, une belle invitation à vivre vraiment ‘ensemble pour la Mission’?»

L’article à peine publié sur ayaas, un visiteur réagit dans le sillage de la clôture de l’année sacerdotale à Rome. «De par leur baptême tous les fidèles participent au sacerdoce royal du Christ. Que veut dire l’auteur par cette phrase: ‘Et si notre Église ouvrait pleinement la porte du «Sacerdoce royal» à tous les baptisé(e)s…’?»

Madame Denyse ne traînera pas à réagir en précisant: «Tout baptisé participe au sacerdoce royal du Christ", dis-tu si justement. Je trouverais toutefois cohérent que, tout homme ou femme indistinctement, qui ressent le désir de répondre à un appel évangélique total, soit invité par notre Église à vivre un discernement profond qui le conduirait ÉVENTUELLEMENT à une fonction réservée jusqu'ici aux seuls représentants masculins.»

Dans le contexte de la crise relative des vocations dans le monde, ne nous trouvons-nous pas ici au cœur du sempiternel reproche à l’Eglise catholique concernant l’ordination sacerdotale des femmes ou des personnes mariées? C’est peut-être une solution, surtout dans le monde occidental. (ayaas)

19 commentaires:

Laurent a dit…

Le prétexte de crise des vocations en occident ne doit pas dévaloriser la dignité de la vocation sacerdotale. Supposons qu’il y ait moins de candidats pour le mariage; demanderait-on à n’importe qui de s’engager dans le mariage? Non, parce que c’est une autre vocation.

Denyse a dit…

À Laurent: Qui parle de "dévaloriser" la dignité de la vocation sacerdotale? Alors que ceux et/ou celles qui se sentent appelés à un don total "auraient à vivre en Église un long et solide discernement"?

Bony a dit…

Je voudrais intervenir dans ce débat mais un élément important fait défaut. J’y perçois une note ecclésiologique différente de mon coin de l’Afrique où le problème ne se pose pas encore en ces termes-là. Ayaas pourrais-tu nous aider à situer Denyse? J’aimerais savoir dans quelle partie du monde vit-elle? Question de contexte.

Denyse a dit…

D'origine belge, je vis au Québec depuis 47 ans. J'y suis arrivée à un moment où la pratique religieuse était à son apogée. Nous sommes maintenant témoins d'une grande désaffection. Voici pour le contexte.
Personnellement, je garde une heureuse mémoire de l'enseignement ecclésial reçu dans ma jeunesse en Belgique. Je vis depuis nombre d'années un engagement de Laïque associée aux Oblats de Marie Immaculée; avec bonheur et dans certaines situations qui nous appellent tous aujourd'hui à reproduire dans nos vies l'audace et le charisme de saint Eugène.

Bony a dit…

Merci à Denyse, je comprends mieux. Je lis de temps en temps ses méditations sur ayaas, il s’agit certainement d’une femme de foi solide. Je pense que ce qu’elle propose est ce qu’on dit tout haut au Canada où, de manière générale, les laïcs se dévouent parfois plus que les prêtres au service de leurs paroisses.
Je suis curé d’une petite paroisse de ville, mes paroissiens aiment me voir présents à chaque activité! Quand je m’absente à cause de la fatigue, ils me rappellent à l’ordre en disant: c’est ta vocation, tu as été ordonné pour ce service, nous n’allons pas le faire à ta place. J’accepte leur reproche de bon cœur parce que chacun se sent à sa place malgré le nombre insuffisant de prêtres dans cette paroisse. Personne cependant ne pense à l’ordination des mariés ou des femmes. Je me demande s’ils seront heureux le jour où cela sera faisable. Et pourtant ils acceptent bien les laïcs qui exercent des ministères institués. Je suis convaincu qu’ils pourront réfléchir autrement quand il y aura une crise des vocations. Question de s’adapter aux nouvelles situations.
Et s’il n’y a pas de candidats disponibles le jour où l’Eglise ouvrira pleinement la porte du sacerdoce ministériel à tous les baptisés comme le suggère Denyse. Quelle serait alors la solution?

Denyse a dit…

À Bony: J’ignore si, au Canada, les laïcs se dévouent «parfois plus que les prêtres»… Ce que je puis affirmer c’est que parmi ceux-là qui sont fermement engagés en Église, beaucoup le sont en réponse à l’invitation de Jésus Christ: «Vous serez mes témoins […] jusqu’aux extrémités de la terre».
Que faire devant un manque hypothétique de «candidats disponibles»? Peut-être deux attitudes possibles? La première, une foi inébranlable en Jésus «toujours avec nous» doublée d’une cohérence entre paroles et vie; la seconde pourrait répondre à l’adage bien connu «aide-toi et le ciel t’aidera» ou encore s’inspirer de la parabole des «vierges sages et des vierges folles» et, pour les dirigeants de notre Église, d’agir en prévision de…

Lola a dit…

Merci Ayaas du sujet lancé, sujet qui va réveiller les esprits et pourquoi ne pas être l’objet d’un vrai débat. Oui, lorsque je lisais ta dernière mise à jour intitulée ‘Dieu demande tout, donnez-lui tout’, je me réjouissais de cette bonne initiative de lancer cet appel à tous et non seulement aux personnes consacrées même si ton propos met l’accent sur les jeunes qui aspirent à la vie consacrée. Et bien, comme l’a bien souligné Denyse: ‘Nous avons tous à dire Jésus Christ’. Je soutiens l’affirmation et aussi d’ailleurs celle du visiteur d’Ayaas qui stipule: ‘Tout baptisé participe au sacerdoce royal du Christ’. Le plus important demeure la prise de conscience qui animerait tout baptisé à vivre cette réalité. Si chacun prenait au sérieux les engagements pris, prononcés non seulement devant Dieu, mais aussi devant le public, cette proposition faite à l’Eglise ‘d’ouvrir pleinement la porte au sacerdoce’ n’aurait de sens. Les personnes consacrées, celles qui ont reçu, en plus de l’engagement reçu de notre baptême, un appel spécial, devraient être conséquentes à elles-mêmes, c’est-à-dire proclamer Jésus par une cohérence entre paroles et vie. Le manque de vocations dans le monde occidental ou ailleurs est lié à beaucoup d’aspects à prendre en compte. La peur d’un engagement définitif n’est que secondaire, à mon avis; les jeunes ont besoin de témoignage de vie de ceux qui sont supposés les attirer dans cette vie.
Loin d’aller à l’encontre de ceux qui encouragent l’ordination sacerdotale des femmes ou des personnes mariées et loin de minimiser ce qu’apporteraient ces personnes, je me réserverai toutefois de dire que cela soit une solution. La succession de témoignages en cette clôture de l’année sacerdotale aiderait-elle les ministres de Dieu de revoir le vécu d’un tel engagement et à vivre les dimensions mystique et prophétique de leur vocation? Une vraie métanoia serait nécessaire afin de parvenir à une authenticité conduisant à changer des attitudes pour risquer des sentiers nouveaux, selon l’expression de Denyse. Il s’agit d’un problème d’actualité qui ne concerne pas seulement le monde occidental.

Lisa a dit…

La vie de l’Eglise m’intéresse beaucoup parce que je fais partie des femmes catéchistes de notre paroisse. Lors des cérémonies de clôture de l’année sacerdotale, j’ai été très touchée par le témoignage de la famille allemande pendant la veillée de prière. Grâce à la télévision j’ai pu suivre le message de notre pape ainsi que son homélie de la messe de clôture. Je retiens à ma manière cette idée que je tâcherai de répandre autour de moi, auprès des jeunes de notre paroisse: la vocation sacerdotale n’est pas un métier mais un témoignage de l’amour de Dieu par toute la vie. Je pense que le souhait d’ouvrir pleinement la porte du sacerdoce royal à tous les baptisés qui le désirent est une façon de vouloir en faire un métier. Le pape a insisté lors de la veillée que la solution dépend de Dieu qui appelle et non pas de nos stratégies humaines. Personnellement je suis fière de servir l’église à ma manière en étant catéchiste, je n’aspirerai pas à autre chose même quand les vocations sacerdotales viendront à diminuer dans notre pays ou notre diocèse. Notre devoir est de prier sans cesse afin que Dieu nous donne de bons pasteurs.

ayaas a dit…

Merci de vos interventions combien précieuses. Ce petit article publié sur ayaas est un commentaire libre sur la veillée de prière et le message du Souverain Pontife auquel certains font allusion. Il pourrait apporter un peu d’éclairage à la discussion.

Doris a dit…

Parfois le comportement de nos prêtres laisse à désirer, ils ne sont pas dignes de leur sacerdoce. Quand arrive le scandale, au lieu de démissionner ils persévèrent dans des bêtises. Le jour où j’ai dit à mes parents que je voulais aller au séminaire pour devenir prêtre, ils m’ont dit ouvertement que la mauvaise conduite de leur curé ne permettait pas d’encourager des vocations sacerdotales. Voilà pourquoi je me suis vu ailleurs tout en regrettant de n’avoir pas pu répondre à mon premier désir. Prêtres du Seigneur, êtes-vous conscients de votre responsabilité? Les limites humaines existent partout mais essayez de vivre saintement votre mission pour qu’il y ait des vocations.

Placide a dit…

Doris se réfère très probablement à son expérience personnelle ou à celle de sa famille mais il ne convient pas de généraliser les choses à partir d’un ou deux cas. Si tous les prêtres étaient mauvais les églises seraient complètement vides parce que les fidèles ne sont pas naïfs. Je sais que Dieu appelle aussi à travers ses instruments que sont entre autres les prêtres. Je sais aussi que je suis devenu prêtre parce que j’avais rencontré un bon prêtre qui a fait naître en moi le désir de devenir ce que je suis. Je me demande pourquoi Doris n’est pas allé au séminaire contre l’avis de ses parents si c’était vraiment un appel de Dieu !!! Je connais beaucoup de prêtres, religieux et religieuses qui ne sont plus acceptés dans leurs familles à cause de leur oui au Seigneur. C’est l’accomplissement de l’Evangile, n’est-ce pas? Nous n’avons qu’un seul modèle: le Christ…

Mélanie a dit…

D’accord avec Lola qui affirme: «les jeunes ont besoin de témoignage de vie de ceux qui sont supposés les attirer dans cette vie.» D’accord aussi avec l’invitation à la conversion. Cependant je ne vois pas clairement sa position. Faut-il ou non ordonner tous les baptisés qui veulent servir le Seigneur afin de pallier le manque de vocations?

Mariette a dit…

Sœur cadette de Doris je réponds au commentaire de Placide par cette question: fallait-il que Doris désobéisse au commandement de Dieu qui dit «Honore ton père et ta mère»? Quant à son désir d’aller au séminaire, lui seul pourra dire s’il venait de lui-même ou de Dieu.

Doris a dit…

Puisque je n’ai pas entendu la voix de Dieu m’appeler personnellement, je ne peux pas prétendre que mon désir venait de Dieu; mais Dieu ne pourrait-il pas se servir de la voix de ma conscience pour rejoindre mes aspirations les plus profondes? Sans mettre en cause sa vocation, je suis convaincu que Placide ne nous dira pas avec certitude que son désir venait de Dieu!

Lola a dit…

Merci Mélanie de ta préoccupation sur ma position concernant l'épineuse question d’ordonner tous les baptisés. Eh bien, je crois avoir été ouvertement réservée à ce propos. Ce qui compte, à mon avis, est l’engagement que chacun pourrait prendre par rapport à ce qu’il a promis à Dieu (‘donner tout’). Si cette prise de conscience de la part des ministres de Dieu manquait, même si on ordonnait tous les baptisés, en l’occurrence les femmes et les personnes mariées, nous ne cesserons de faire face à ce que j’appellerais la démission à l’engagement pris. Les prêtres devraient vivre la double dimension mystique et prophétique qui constitue le fondement de leur vocation. Lors de son homélie, le Pontife Benoît VXI ne les a-t-il pas exhortés à la prière afin d’éviter la fadeur dans leur engagement ? Nous continuerons à les porter dans nos prières afin qu’ils demeurent des témoins authentiques du Christ. J’ose aussi croire que ce grand événement de la clôture de l’année sacerdotale fera bien tâche d’huile dans notre société d'aujourd'hui. Ne nous attardons pas non plus à généraliser, il y a de bons et fidèles prêtres qui sont conséquents de leur vocation.

Max a dit…

Dieu sait ce qu'il fait de son Eglise, il continuera d'appeler si cela est nécessaire. Donc n'imaginons pas si vite des solutions à sa place. La crise peut être un temps de purification indispensable.

Dady a dit…

Chaque chose a son temps. Ayons le courage d'accepter avec réalisme le moment présent sans nous préoccuper de demain.

Denyse a dit…

Max écrit: "La crise peut être un temps de purification indispensable. Je crois aussi que cette crise est un signe des temps que nous envoie le Seigneur pour nous purifier. Mais également pour nous sortir de notre léthargie et, avec Lui, avancer en eau profonde.

Denyse a dit…

Dady écrit : "Ayons le courage d'accepter avec réalisme le moment présent sans nous préoccuper de demain." En effet, Dady, la première condition est d'être réaliste, et ce n'est pas facile. La liturgie du dimanche 06 juin nous parle de la multiplication des pains. Luc nous raconte l'inquiétude des Douze pour la foule qui a faim... La réponse de Jésus : "Donnez-leur vous-mêmes à manger"... Cette réponse m'a toujours interpellée et maintenant plus que jamais. Il nous faut continuer, agir, réagir, EN ÉGLISE, ENSEMBLE POUR LA MISSION.