jeudi, janvier 03, 2008

Foi et sorcellerie africaine

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Sur le chemin de ma marche quotidienne, un jeune désemparé m’a posé cette double question peu avant la fête du nouvel an: «As-tu la foi? En qui crois-tu?» Surpris, je lui ai demandé de me partager son inquiétude. Il m’a dit: «Plus les églises se multiplient dans mon quartier plus Satan est à l’œuvre; tout le monde prie et lit la Bible mais les familles ne cessent de se diviser à cause de la sorcellerie, thème préféré des églises de réveil». Chose curieuse, en effet, la sorcellerie que l'on croyait éradiquée revient au galop un peu partout en Afrique subsaharienne avec des conséquences tragiques. Voici quelques cas.

«Trois enfants d’une même famille congolaise habitant en Autriche ont été taxés de sorcellerie par un pasteur de passage dans ce pays. Après ce verdict, les trois enfants ont été ramenés en France par leur père puis renvoyés en Rdcongo pour être internés dans une secte où ils ont subi toutes sortes de maltraitance» (voir
Modeste). Je n’ose pas raconter des choses horribles que j’ai lues dans un journal ivoirien en juillet 07. Il paraît que le succès de certains pasteurs s’obtient au prix de tant de sacrifices humains! Nous avons la même réalité au Libéria du footballer légendaire George Weah.

«Sur les marchés de certaines bourgades du Libéria, comme de tous les pays de cette région, on trouve à côté des plantes médicinales, des pattes de chats, des morceaux de cornes, des serpents séchés, des tarentules, des mygales et des scorpions, de la poudre d'os, des fœtus, des sexes séchés et des viscères humains, vendus pour confectionner des gris-gris. […]On les tue pour faire "juju", c'est-à-dire préparer une cérémonie de magie noire, de sorcellerie ou de vaudou. Ces meurtres sont perpétrés pour fournir aux féticheurs les "parties précieuses", utilisées au cours de ces cérémonies secrètes: principalement paupières, oreilles, lèvres, seins, cœur et organes génitaux» (
en savoir plus).

Que penser de ces pratiques abominables? La foi chrétienne aurait-elle encore à dire quand on sait combien beaucoup de chrétiens africains sont impliqués, d’autres ont très peur de la sorcellerie parce qu’ils y croient fermement? La foi chrétienne «ne s'exprime pas seulement par le fait d'aller de temps en temps le dimanche à l'église. Il s'agit d'une ferme assurance, car Dieu ne ment pas. Elle s'exprime par une vie transformée et pure, agréable au Seigneur tous les jours de la semaine, toutes les semaines de l'année, toute la vie...» (ayaas)

19 commentaires:

Anonyme a dit…

Qu’est-ce que vous entendez par sorcellerie? L’exemple des pratiques au Libéria fait-il penser à la magie noire ou à la sorcellerie? Tous les habitatns de mon village ont peur de mon oncle parce qu’il se dit grand sorcier. Mais il n’a pas de maison en durable même si les gens disent que chaque matin il ramasse de l’argent dans son WC. Qu'en fait-il? Je n'ai jamais vu quelque chose de valeur chez lui...

Anonyme a dit…

Nos pays africains ne se développent pas à cause des croyances pareilles. On ne pourra jamais décoller sans changement de mentalité. Or beaucoup de nos dirigeants fondent leur pouvoir sur la sorcellerie. Ils passent plus de temps à consulter des sorciers qu’à s’asseoir dans leur bureau de service. Même des intellectuels. Que peut la foi? Rien, car les croyances sont plus enracinées que la foi qui reste superficielle. Il suffit qu’un enfant soit qualifié de sorcier pour que ses parents chrétiens ou non-chrétiens le chassent de la maison! Les hommes de Dieu devraient plutôt semer la paix au lieu de distraire les gens en causant la division au sein des familles.

Anonyme a dit…

Que dire de ce thème aussi sensible? Croire à la sorcellerie? Moi, je n'ai pas une foi assez grande, mais je suis convaincue que ce Dieu en qui je crois est l'unique et je ne peux pas mettre ma foi dans des histoires banales. Je reconnais bel et bien l'existence de la sorcellerie qui est un pouvoir que certaines personnes possèdent et qui dépasse notre intelligence. Il me semble qu’il existe de bons et de mauvais sorciers. Généralement, les bons sont des chefs de famille à qui on donne le pouvoir de veiller sur les membres de la famille afin d'éviter tout malheur qui peut arriver. Par contre, les mauvais sorciers, sont ceux-là qui utilisent leur pouvoir pour nuire. Malheureusement ce sont de petits enfants qu'on accuse souvent, peut-être parce qu'ils sont malades, maigres, etc. (ils sont accusés de par leur apparence extérieure). Et à force d'insister (ils subissent la pression), il y a des enfants qui arrivent à accepter qu'ils sont sorciers, sans pourtant qu'ils ne le soient. Cette intimidation des enfants se passe souvent dans toutes ces sectes qui sortent aujourd'hui comme des champignons dans la forêt. Le phénomène "sorcellerie" engendre la dégradation des mœurs dans notre société d'aujourd'hui: plus d'hospitalité, plus d'amour, plus d'amitié, plus de partage, etc. tout le monde a peur d'être ensorcelé(...) Devant tout cela, que fait notre Eglise catholique? Ce phénomène de la sorcellerie entre même à l'intérieur de notre Eglise; les raisons sont multiples, la seule que je peux souligner ici, est que notre pastorale n'est pas très bien soignée.

Anonyme a dit…

Merci Ayaas pour ce thème. C'est vraiment très curieux de voir qu'un peu partout en Afrique la sorcellerie prend de l'ampleur de même que la multiplication des sectes, alors que dit le chrétien en face de tout cela?
Humainement parlant ce sont des actes condamnables car on ne peut tolérer que l’être humain soit exploité pour des fins égoïstes. Personnellement, je crois que le thème de la sorcellerie nous interpelle comme chrétiens, à savoir si nous sommes profondément convaincus et si nous croyons vraiment au Christ que nous professons et suivons. Je pense que beaucoup de chrétiens se laissent facilement entraîner dans la sorcellerie par faute d’avoir réduit leur foi à des pratiques extérieures.
S’il n’y a pas une relation personnelle avec Dieu à travers la prière et les sacrements, la foi ne peut pas mûrir et grandir. Sans cet attachement profond au Christ et une conviction pleine que le Dieu en qui je crois et professe est le Seigneur mort et ressuscité et qu’il est au dessus de toutes les puissances, sans cela les sorciers continueront d’avoir plus d’adeptes dans le milieu chrétien. La foi chrétienne à mon avis conduit à des options et à des choix importants pour celui ou celle qui l’embrasse. Jésus lui-même dira dans l’Evangile qu’on ne peut pas servir à la fois deux maîtres et dans notre contexte c’est dire qu’on ne peut suivre à la fois le Christ et se fier aussi aux sorciers. Pour cela il faut que le thème de la sorcellerie soit de plus en plus abordé aujourd’hui afin de mieux éclairer les chrétiens.
Pour nous Africains le chemin est encore long, car tant que nous ne laisserons pas l’Evangile nous purifier de nos vielles mentalités pour faire de nous «des hommes et des femmes nouveaux en Jésus Christ» pour une conversion intérieure vraie et radicale, ces pratiques continueront de gagner du terrain chez beaucoup et telle est ma conviction.

ayaas a dit…

Ouf! J’aurais voulu que Blaise nous aide à mieux comprendre la différence entre sorcellerie et magie, puisqu’il a un oncle qui est un «grand sorcier». Peut-être est-il un initié. Il me semble que la notion de sorcellerie s’apparente à celle de magie. En effet, selon le Petit Larousse 2004, ‘Sorcellerie’ signifie: «Ensemble des opérations magiques du sorcier. Ensemble des rites destinés à guérir, à nuire ou à faire mourir, propres à une société donnée. (Leur mise en œuvre peut être socialement reconnue ou, au contraire, relever, surtout dans ses aspects maléfiques, de pratiques clandestines ou de l'action supposée d'êtres invisibles.) Manifestation, événement extraordinaire qui semble relever de pratiques magiques, de forces surnaturelles». Un ‘Sorcier’: la «personne à qui sa liaison supposée avec des forces occultes permet d'opérer des maléfices». Et ‘Magie’: «Ensemble des pratiques visant à s'assurer la maîtrise de forces invisibles, immanentes à la nature ou surnaturelles, et à les faire servir aux fins qu'on se propose. Magie noire, magie blanche: magies respectivement mises en œuvre pour le mal ou pour le bien».

ayaas a dit…

Merci de ton commentaire Marielle. Il me semble que tu reconnais l’existence de la sorcellerie sans y croire. J’aimerais concrètement savoir ce que ferait une «pastorale très bien soignée» pour libérer les chrétiens catholiques du phénomène de la sorcellerie. La pauvreté, le chômage, la mendicité, l’attentisme, le manque de soins médicaux appropriés, autant de facteurs qui poussent facilement l’homme et la femme d’aujourd’hui à ne vivre que de l’espoir du miracle incertain. Nos églises sont souvent remplies des désespérés de la vie dont les attentes les plus profondes demeurent sans vraie réponse. Ils sont prêts à s’ouvrir à tout exorciste capable de promettre une libération immédiate et l’achat des grâces divines.
Merci également à Loumita. La conversion vraie et radicale est absolument nécessaire pour une foi plus vivante et dynamique. Il paraît que la vocation religieuse ou sacerdotale suppose cette conversion. Et pourtant certaines communautés religieuses et sacerdotales se déchirent aussi à cause de la sorcellerie. Certains membres sont accusés de sorciers et de sorcières. Une religieuse aurait avoué qu’en tant qu’aînée de sa famille, elle a reçu des fétiches en héritage et qu’elle ne voit aucune contradiction entre la foi en Dieu et la croyance en des pratiques ésotériques, peu compréhensibles par le commun des mortels!

Anonyme a dit…

Merci Ayaas de ta question. Ou on croit en Dieu; ou on croit en d'autres choses (dans notre cas à la sorcellerie)... Malheureusement, il y a de ceux-là qui combinent les deux choses. A mon avis, la croyance en Dieu et la croyance à la sorcellerie sont incompatibles.
Nos chrétiens d'aujourd'hui voient la sorcellerie partout... je ne leur en veux pas; mais où sont nos prêtres, nos religieux, nos religieuses, nos catéchistes pour donner à ces gens une doctrine bien fondée qui aille à l'encontre de ce qu'ils croient avoir une emprise sur leur vie? Aujourd'hui, le constat que je fais est que nombre de nos agents pastoraux ne donnent plus assez de temps pour l'engagement qu'ils ont pris (je parle surtout des prêtres). Au lieu qu'ils soient dans leur paroisse pour être au service de ce peuple qui a tant besoin de leur secours, ils font tout le temps "la course à l'argent": célébration des messes dans des domiciles des ministres et des autres grands des pays. Quel temps consacrent-ils pour le petit peuple? Juste la messe dominicale suffit; pas de temps pour l'écouter,... Dites-moi Ayaas, c'est cela "soigner la pastorale"?

Anonyme a dit…

Généralement je suis les débats de ce blog en silence, c’est-à-dire sans y apporter une contribution. La critique ouverte de Marielle que je viens de lire m’incite à réagir parce que je suis un prêtre et je me sens concerné. Marielle, ton constat est peut-être vrai en fonction de ton expérience et de ton contexte socio-ecclésial. Mais cela ne devrait pas être généralisé, car tous les prêtres n’exercent pas le ministère paroissial et ne vendent pas les sacrements. Tu te réfères probablement à quelques cas de ton milieu de vie. J’en connais qui se dévouent pour l’éveil de conscience du peuple de Dieu, qui se sacrifient pour écouter, accompagner, animer… Mais l’homme reste totalement libre devant ses responsabilités. Le prêtre ne resterait pas devant la porte de chaque chrétien pour contrôler ses mouvements. Il convient donc de faire la part des choses. J’en suis conscient, certains agents pastoraux laissent à désirer mais il y a beaucoup de bonnes choses qui se font et que les chrétiens admirent. Autrement on ne verrait personne à la messe… J’ai hâte de savoir ce que tu aimerais nous proposer afin d’améliorer la pastorale. Je dirais comme Ayaas: que nous proposes-tu concrètement? Cela pourra nous servir d’approfondissement dans nos rencontres sacerdotales surtout en ce début d’une année nouvelle. Merci d’avance.

Anonyme a dit…

Gaby, en toute franchise, je n’ignore pas les efforts de tant des prêtres qui se dévouent pour l’éveil de conscience du peuple de Dieu ; j’en connais aussi bon nombre. Mais je suis contente que tu reconnaisses la faiblesse de beaucoup de nos prêtres en matière de pastorale. Je ne m’attaque pas seulement aux prêtres qui exercent le ministère paroissial, mais à tous, chacun là où il est : prêtres étudiants, formateurs, etc., tous sont concernés.
La réalité dont je parle, je l’ai vécue dans mon propre pays ; sortie pour un autre pays, j’ai trouvé la même réalité. Et en partageant entre amies, je constate que partout ce sont les mêmes plaintes. A la fin, je me rends compte que le constat que je fais dans mon contexte socio-ecclésial se fait aussi ailleurs.
Moi, je suis convaincue que plusieurs problèmes de sorcellerie que vivent nos chrétiens sont parfois psychologiques. Ces personnes ont parfois besoin d’être écoutées simplement pour se libérer de toutes les idées qu’elles se font. Si les chrétiens ne trouvent pas un cœur disponible où pouvoir déposer tout ce qu’ils vivent, les prêtres peuvent beau leur dire la messe, mais tant que les personnes ne se libèrent pas de leurs situations, cela ne change rien dans leur vie.
Et puis Gaby, excuse-moi de te dire qu’il y a aussi quelques-uns de nos prêtres qui, au lieu d’aider les fidèles à sortir de ces croyances qui les enferment, sont les premiers à faire des pratiques qui font croire que tout ce qu’ils vivent est bien vrai. Et ces pratiques se taxent chers, pourquoi? Excuse-moi aussi de te parler par exemple des «ordonnances spirituelles» que donnent certains prêtres aux fidèles qui ont des problèmes de sorcellerie. J’ai eu l’occasion de lire une de ces ordonnances, je vous assure que les choses me dépassaient; je n’aimerai pas tout étaler ici.
Pour moi, un prêtre doit savoir DONNER DU TEMPS pour les fidèles, quels qu’ils soient ; mais plus spécialement ceux dont il a la charge ; puis savoir les nourrir chaque jour de la Parole et des sacrements. Gaby, tu parles aussi de la liberté devant les responsabilités ; j’en suis d’accord; cependant, n’est-ce pas les prêtres qui doivent aussi s’engager à aider les fidèles dans la prise de conscience de leurs responsabilités? Cela suppose le don de leur temps...

Anonyme a dit…

Le problème de la sorcellerie est pour moi une preuve que le problème de l'africain n'est pas encore résolu. Ma contribution se situe à un niveau plus général.
Je pense qu'avant d'entrer dans le débat des définitions, il faut se rappeler comment s'est fait la rencontre entre le christianisme et l'Afrique. Dès le départ, le rapport était biaisé et faussé: c’était ou bien le christianisme (et on est sauvé, on devient riche et on accède à la civilisation) ou bien on reste accroché à sa culture (et on est perdu). La question que cela soulève actuellement est: comment être à la fois vrai africain et vrai chrétien? En d'autres termes, peut-on vivre profondément les valeurs des sociétés africaines et en même temps celles du christianisme sans être un schizophrène?
La sorcellerie n'est qu'un exemple qui montre qu'il faut restituer certaines valeurs des sociétés africaines à leur juste place. Ces valeurs, pour la plupart, ont été longtemps diabolisées et cela est ancré dans le subconscient des africains eux-mêmes. Ajouter à cela les problèmes économiques et sociopolitiques.
La réflexion doit se faire à plusieurs niveaux (politique, religieux, ecclésial, économique...) Au niveau, de l'Eglise, je crois qu'il faut repenser et approfondir certaines positions: qu'est-ce qui explique cette incompatibilité ou exclusion entre le christianisme et certaines valeurs africaines? Merci d'avance!

Anonyme a dit…

Un partage pertinent de la part de Billy. Je ne peux pas prétendre être profondément chrétienne et profondément africaine à cause des renoncements que cela implique de part et d’autre. Mais la sorcellerie étant une réalité universelle, je me demande si elle est vraiment une valeur africaine comme le prétend Billy! Si elle a été diabolisée par le christianisme, peut-on affirmer que les Africains la considéraient comme ce qui est vrai, beau, bien, selon des critères personnels ou sociaux, et qui sert de référence, de principe moral? Je n’oserais pas la prendre pour une valeur malgré son soit disant aspect positif de protection ou de bénédiction de famille. Si c’était un bien, pourquoi continue-t-on à cacher ses procédures et pourquoi est-elle pratiquée surtout la nuit? D’ailleurs, je n’y crois pas. Si elle existait, on ne parlerait plus de guerres ni de dictatures en Afrique, nous serions longtemps libérés de nos misères. Alors, qu’on cesse de nous distraire avec le refrain de valeur africaine…

Anonyme a dit…

J'ai été à vrai dire très surprise par l'information que donne ayaas à la fin de son second message, à savoir qu'une religieuse aurait avoué qu'elle ne voit aucune contradiction entre la foi en Dieu et la croyance en des pratiques ésotériques. Je me demande alors si au fond cette dernière sait pourquoi elle est devenue chrétienne et de surcroit religieuse? En plus que des communautés se déchirent à cause de la sorcellerie c'est une triste réalité qui interpellent aujourd’hui tous les religieux africains, bien que ce ne soit pas un fait général dans toutes les communautés.
Je serai heureuse si les participants de ce blog me donnaient un peu d'explication sur ce que je viens de dire plus haut. Qu'est-ce qui pourrait bien être à l'origine de telles choses? Je crois que dans nos milieux les chrétiens ont un respect notable envers les prêtres et les religieux qu'ils considèrent comme des "hommes de Dieu", c'est-à-dire leurs guides; alors si chez ces derniers mêmes la sorcellerie gagne du terrain que peut-on espérer pour le reste?
J'aimerais aussi poser une question d'éclaircissement à Billy à savoir, quelles sont ces valeurs (africaines et chrétiennes) auxquelles il fait allusion dans sa réflexion dû au fait que la sorcellerie dont il est question ici ne peut à mon avis être considérée comme une valeur en soi.

Anonyme a dit…

Je remercie Nadine et Loumita pour leurs réactions. Je crois qu'affirmer que la sorcellerie était ou est une valeur africaine c'est s'aventurer sur un terrain dangereux. Et pour ça je suis d'accord avec ce que dit Nadine. Je souscris aussi à ce que dit Loumita. Comment peut-on comprendre cette façon de se comporter? Ou pour le dire autrement, comment comprendre que le matin on est à l'Eglise et le soir on est chez le sorcier (marabout...)? Cela reste un défi, une interpellation, un point d'interrogation pour les croyants que nous sommes.
Une des façons de comprendre est ce que j'ai essayé de dire dans mon précédent partage. Il s'agit de faire une lecture historique de la rencontre entre ces deux mondes: l'Afrique et le christianisme. Déjà que la sorcellerie était mal vue en Afrique, elle a été, avec d'autres valeurs plus positives, rejetée en bloc. C’est aussi de cette façon que je comprends tout le travail d'inculturation (une redécouverte de ces valeurs positives et un essai de les intégrer dans la foi chrétienne comme éléments spécifiquement africains). J'espère que Loumita voit un peu mieux les valeurs dont j'ai parlé. En plus de cela, la manière dont nos sociétés étaient organisées, par exemple, autour de la notion de propriété, le sens communautaire... Ces éléments avaient un aspect positif qui maintenait toute la communauté.
Pour revenir à la sorcellerie, un autre élément qui, à mon avis, complique la situation est la dimension économique. Le succès des sectes est entre autres basé sur le désespoir du peuple. En promettant des biens matériels et ravivant cette donnée culturelle, elles offrent un bien-être à moindre frais. Et donc, tout en continuant à prêcher les valeurs de l'Evangile, il nous faut aussi avoir un œil sur cet aspect. Mais la question reste, particulièrement pour les consacré(e)s.

Anonyme a dit…

Bravo ayaas pour le choix de ce thème! Je ne suis pas un Africain mais les problèmes africains m’intéressent au plus haut degré. J’ai des proches qui, travaillant sur le continent, ne comprennent pas encore toutes les réalités africaines moins encore les sensibilités. Ils me racontent souvent leurs expériences de contact direct avec des personnes qui vivent sous l’emprise de la sorcellerie même si on n’y comprend pas grand-chose. Il paraît qu’il existe des phénomènes incroyables. Impossible de les vérifier, car tout est entouré de «mystère». Dommage! Tout demeure donc flou et impénétrable dans ce domaine. C’est l’idée que je me fais de la culture africaine sans avoir visité un seul coin de cet immense continent. Courage dans l’approfondissement de ce sujet et félicitation aux intervenants pour la facilité d’en parler ouvertement malgré tout!

Anonyme a dit…

Pourquoi ne pas raconter des expériences concrètes de sorcellerie, quelques faits ou cas, pour nous aider à comprendre ce phénomène? Ayaas en sais-tu quelque chose? Je serai content de lire des expériences concrètes de la part des internautes qui interviennent dans ce blog. Merci pour vos partages.

ayaas a dit…

Je n’en ai aucune expérience personnelle, mais je sais que l’esprit maléfique existe, comme l’attestent plusieurs récits évangéliques. Jésus ne cesse de chasser les esprits mauvais. Je retiens un seul fait qui date du début de mon ministère sacerdotal vers les années 1987-88. Dans un village, un vieillard reconnu comme sorcier me supplia de l’aider à se débarrasser de son maléfice. Il avait reçu quelque chose de quelqu’un d’autre dans le but de protéger les membres de son clan contre les forces du mal. Malheureusement, au lieu de la vie il n’a semé que la mort. «J’ai été trompé, j’ai offert en sacrifice tous les miens, l’un après l’autre surtout les femmes enceintes. En vain j’ai tenté de jeter le petit paquet dans la forêt et dans la rivière. Il est toujours revenu à la maison», me confia-t-il la larme à l’œil. J’avoue que j’avais prié avant de prendre son paquet, lequel par curiosité, resta une semaine sur le bureau de ma chambre et trois ans dans une malle avant de l’ouvrir et de le brûler. Que contenait-il? Quelques trucs qui n’avaient aucun sens pour moi. Quatre ans plus tard, le même vieillard me dit tout à la joie d’être libre: «Dieu est plus fort que toutes les autres forces! Je ne pensais pas que tu pouvais neutraliser mon paquet». De fait, les gens de son village témoignaient que le vieillard n’avait plus de forces nuisibles. Est-ce cela la SORCELLERIE dont on parle? Je n’en sais rien.

Anonyme a dit…

Ce que je constate en tant que blanc, c est que vous tous Africains êtes persuadés que un homme puisse se changer en lion ou en hippopotame ou tuer une personne à distance! Je ne peux croire à cela et de l’autre côté, vous faites toutes sortes de mensonges et autres et alors il suffit de dire, Dieu pardonne tout et on repart pour un tour! Comme c est pratique de lire la bible et de ne pas appliquer les dix commandements dans la vie de tous les jours, ah oui ma maman est morte et j’ai besoin d’argent, j ai déjà entendu cela et personnellement je ne crois pas que le Dieu que vous demandez pardon vous a guidés dans ce sens, un peu de respect dans ses actions et le respect de soi et moins de prières et un homme se changerait en mouche! Vous ne pensez pas un instant que ce ne sont que des légendes?

Anonyme a dit…

ression que tous les Africains croient aux pouvoir de sorciers ou marabouts qui peuvent se changer en animal! A-t-on eu des vidéos? J’aimerais bien en voir une seule pour ne plus me disputer avec ma femme africaine quand je lui dit ne pas croire à ces pouvoirs comme meurtres à distance ou de personnes que l’on rapetisse pour mettre dans une toute petite bouteille, ou bien un homme se change en hippopotame dans une rivière du Tchad gotto? Je n’y crois pas et la seule chose que je crois ce sont des médecines ou poisons employés par des marabouts qui donnent des illusions comme un trip de lsd, ou des hypnoses et aussi entrer en transe et mâcher du verre comme au Benin, ça j y crois! Eclairez-moi!

ayaas a dit…

L’Afrique est vaste, il n’est pas vrai que TOUS les Africains croient aux pouvoirs de sorciers comme vous l’affirmez. Je n’y crois pas pourtant je suis Africain. Une chose est vraie: beaucoup de gens vivent dans la peur des sorciers car le mal existe dans le monde. Les Africains racontent qu’il y a des phénomènes qu’on ne pourrait pas expliquer, vous ne les trouverez dans aucun livre, c’est la tradition orale et ça relève de la discrétion. Les secrets de l’initiation sont inviolables! Donc ne cherchez pas des preuves. Il faut simplement aller sur le terrain, entrer en contact avec des initiés pour mieux comprendre. Malheureusement, certains anthropologues africains ou non africains qui ont tenté d’en faire un discours systématique ne se s’en sont jamais sortis. Pour connaître les secrets de la sorcellerie il faut en faire l’expérience soi-même, dit-on. Courage! En attendant, vous pouvez aider davantage votre femme à se libérer de la peur du sorcier. Mais n’espérez aucun miracle si elle vient d’une famille des sorciers. Question de mentalité!